Suisse : fin de la légendaire neutralité ?

Un rapport explosif va tomber dans les jours à venir prônant selon les premières indiscrétions un rapprochement avec l’OTAN et des manœuvres communes.

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La Suisse va-t-elle renoncer à sa neutralité, un pan de l'identité du pays...

Le 29 août prochain, la cheffe du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), Viola Amherd, aura en main la version finale d’un rapport concernant la politique sécuritaire de la Suisse, document établi par des députés de tous bords, des diplomates, des hauts fonctionnaires et même un ancien chef de l’armée suisse. Des fuites font déjà état de la conclusion : l’atlantisme plutôt que l’attentisme. Ce qui signifie que non seulement la Suisse doit renforcer ses forces armées, mais qu’elle doit aussi préparer sérieusement la défense commune, ce qui implique de s’exercer et donc participer à des manœuvres de l’OTAN à l’extérieur des frontières helvétiques. Une révolution. C’est en effet la sacrosainte neutralité de la Suisse, un idéal brandit comme un étendard qui serait remis en question.

Dans la foulée de ce rapport qui apparait comme une grenade dégoupillé, les Chambres fédérales vont devoir se prononcer. Qu’adviendra-t-il de ces recommandations ? La Suisse peut-elle rester une enclave neutre au sein du continent européen malgré les bouleversements provoqués par la situation créée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?

Deux Etats européens autrefois neutres eux aussi, la Finlande et la Suède, ont d’ores et déjà rejoint l’OTAN. La Suisse qui a par exemple interdit à plusieurs reprises que des armements qu’elle avait vendus à l’étranger soient transmis à l’armée ukrainienne, peut-elle encore soutenir une position avec autant d’intransigeance ?  Aux élus d’en décider dans un premier temps. Quant au peuple, si une votation a lieu, renoncera-t-il à un élément qui fait partie de l’identité même du pays ?