Originaire de Montlebon, Laurie Henriet, 21 ans, est d’ores et déjà entrée dans la vie active en tant que journaliste, métier qu’elle a appris à France 3 Franche-Comté avant de rejoindre la presse écrite du côté de Nancy. « C’est dans le cadre de mon travail que j’ai découvert l’an dernier l’association Moteur ! et son concours visant à mettre en avant dans une courte vidéo un modèle inspirant ». Après avoir interviewé l’un des lauréats, elle garde l’idée dans un coin de la tête de proposer elle aussi un projet : « j’ai donc suivi pendant plusieurs mois l’actualité de l’association et quand il a été possible de s’inscrire pour l’édition 2024, je l’ai fait », poursuit la jeune fille qui va finalement déposer son film au tout dernier moment.
Un hommage à sa mère
« Il a fallu décider de qui parler et réaliser puis monter les images, ce que j’ai fait dans mon salon avec mon téléphone portable moins de 48h avant la clôture J’ai même envoyé le fichier dans la toute dernière heure », confie-t-elle, déjà heureuse de participer, sans rien attendre. « J’ai voulu remercier ma maman pour tout le soutien qu’elle m’a apporté après une agression sexuelle dont j’ai été victime à l’âge de 14 ans. Si je vais bien aujourd’hui, c’est grâce à elle, elle a su trouver les mots avec moi et elle va même plus loin aujourd’hui ». Audry Henriet a en effet créé une association dans le Val de Morteau pour libérer la parole des victimes, organisant conférences et intervention dans les écoles ou associations pour aborder un sujet trop longtemps rester tabou. (voir encadré).
Ce que Laurie ignorait au moment de son tournage, c’était la suite qu’allait prendre cette belle aventure. Le jury l’a en effet retenue parmi les 25 lauréats invités à se rendre au Festival de Cannes, tous auteurs de films sincères, bouleversants, drôles, artistiques, engagés et passionnants. « Je crois que je n’ai pas encore bien pris conscience du caractère incroyable de cette expérience », confie-t-elle.
Un Clap d’Or remis par Thierry Frémaux
Il y a quelques jours, elle a donc rejoint les autres jeunes sélectionnés et les membres de l’association, direction la Croisette pour deux journées exceptionnelles au cœur de cet événement mondial. Il y a d’abord eu l’inauguration d’une exposition en gare de Cannes où figurent en grand format les portraits des lauréats, puis la projection des vidéos retenues sur la terrasse de la Fnac. « Un moment très émouvant de voir ou revoir ces films où chacun de nous exprime sa reconnaissance, donc parle d’une autre personne tout en se dévoilant évidemment un peu… ». Puis, après avoir reçu leurs Claps d’Or des mains de Thierry Frémaux, délégué général du Festival et de Samuel Le Bihan, acteur et réalisateur, vint le grand moment, celui de la montée des célèbres marches sur le tapis rouge. Inoubliable.
Si cette parenthèse enchantée est désormais tournée, Laurie n’en oublie pas pour autant l’origine même du message de son petit film, « un sujet qui ne doit pas résumer ma personnalité mais en fait indéniablement partie et une cause que je continuerai à défendre, comme le fait ma maman » confie-t-elle. Quant à l’aventure humaine née à l’occasion de ce concours, elle ne s’arrête pas là puisqu’elle a déjà prévu de retrouver bientôt les autres lauréats avec qui des liens très forts se sont noués.
Cré’acteurs de liens libère la parole
L’objectif de cette association cocréée par Audry Henriet, maman de Laurie, Pascale Jeannerot et Aurore Nicolier-Bôle, c’est d’informer et de sensibiliser sur des questions intimes comme les agressions sexuelles. Elle intervient en milieu scolaire ou auprès d’association, propose également des conférences. Il est également important d’aborder la question essentielle du consentement sexuel. « Tant qu’on ne dit pas oui… c’est non ! ».
Renseignements : creacteursdeliens@aol.com