Un chasseur très peu partageur

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Réguler le lynx. Voilà l’idée complètement farfelue du président de l’association de chasse
de Fournets-Luisans, dévoilée au grand public mi-février. À l’intérieur d’une lettre adressée
à la fédération départementale (FDC25), l’auteur et les signataires demandent de « faire
bouger les lignes quant au classement du lynx boréal », espèce protégée et pour laquelle
les chasseurs ont en partie accompagné son développement. S’ajoute à ce point toute
une série de mesures à l’encontre de l’animal. L’immense levée de boucliers des défenseurs
du lynx, du public et des acteurs environnementaux ne s’est pas fait attendre. La FDC25 a
répondu publiquement quelques jours plus tard, regrettant « ce positionnement qui ne
reflète pas du monde cynégétique du Doubs ». Pour justifier une telle demande, les chasseurs de l’AICA Founets-Luisans-Fuans se disent être « soucieux de l’équilibre agro-
sylvo-génétique », en particulier pour la pérennité du chevreuil et chamois. Ce n’est pas de la sauvegarde de ces espèces dont il est question avec une telle demande, mais bien
de conserver une chasse aux chiffres confortables. Le nombre de prélèvements de
chevreuils, comprenez d’autorisations à tuer, a baissé de 40% en 20 ans dans le
département, passant d’environ 10 000 autorisations en 2004 à 7852 l’an dernier pour
près de 6000 réalisées. Une baisse en lien avec le retour du lynx boréal mais aussi due
au changement climatique et à l’affaiblissement de la reproduction. Deux derniers
phénomènes qui touchent également le plus grand félin d’Europe dont la diversité
génétique reste très faible sur notre territoire. Et si la solution venait d’une prise en compte d’une « part du lynx », officiellement estimée dans les futurs plans de chasse ? Un système
déjà mis en place pour les cerfs depuis le retour du loup.

M.S.