Si les infrastructures ne sont pas les seules causes de la réussite d’un club de football amateur, elles jouent un rôle important voire primordial dans son développement et sa pérennité. Autour de Besançon, trois associations ont fait un choix différent : il y a 15 ans le FCMMGV (Montfaucon – Morre – Gennes – La Vèze) prenait un grand virage sportif. L’an prochain, le FC Grand Besançon (regroupant École-Valentin, Pirey, Franois, Serre-les-Sapins et Chemaudin-et-Vaux) l’un des cinq plus gros clubs du Doubs en terme de licenciés, va bénéficier d’un complexe sportif flambant neuf sur École-Valentin. De son côté FC Chatillon-Devecey, longtemps en Régional 2, passé tout près d’avoir de nouvelles infrastructures il y a dix ans, survit aujourd’hui en district.
Les grands travaux du FCMMGV
A Gennes, la catastrophe d’AZF en 2001 à Toulouse est liée à l’histoire du synthétique. Le terrible accident industriel ayant provoqué la mort de 21 personnes entraîne un changement de réglementation pour les sites classés Seveso. Le gouvernement élargit les zones de protections, le terrain en sable de Gennes devient inutilisable. Réunies autour d’un syndicat (SIVU – SAGES: syndicat intercommunal à vocation unique – syndicat d’aménagement et de gestion des équipements sportifs) gérant ses infrastructures sportives depuis 1994, les quatre communes du club décident alors de partir sur de nouvelles bases, avec la création d’un terrain synthétique et de nouveaux vestiaires. « Au total, avec l’éclairage et les vestiaires, le projet a coûté 1,4 million d’euros. On sait maintenant que ce changement nous a fait franchir un seuil sur l’attractivité et sur la compétitivité. », explique Alexandre Contoz, vice-président du club. A l’été 2006, le FCMMGV inaugure en grande pompe son nouveau synthétique.
Quinze ans plus tard, le club compte 300 licenciés dont 168 joueurs issus de Besançon et un salarié à temps plein, chose rare pour une association à ce niveau. Surtout, l’équipe fanion profite de sa première génération de joueurs formés sur le terrain synthétique. Près de la moitié de l’effectif de Régional 2 a évolué avec le maillot de Monts et Vallées sur les épaules plus jeune. C’est l’autre particularité du club ; jusqu’en U18, les jeunes du FCMMGV évoluent aux côtés de ceux du Premier Plateau, club réunissant les communes de Nancray, Osse, Bouclans et Gonsans. Longtemps dans les tuyaux, la fusion totale des deux associations n’est pour l’instant plus d’actualité.
600 000 € pour refaire le terrain
Le prochain projet d’ampleur concerne la refonte complète du terrain synthétique dont l’usure se fait aujourd’hui ressentir. « Les acteurs se sont réunis pour acter les travaux à l’été 2022. Le montant devrait tourner autour des 600 000 €. Derrière ce stade, c’est aussi le symbole d’un fonctionnement sain entre quatre communes, un syndicat et un club qui depuis plus de vingt ans maintenant, qui oeuvrent tous ensemble dans le même sens pour un projet commun », poursuit Nasiol Goskova, président. Du liège au sol, une utilisation prévue pour la rentrée 2022 et un objectif primordial : s’installer durablement en Régional 1, former les plus jeunes et rêver un jour de voir la bouille d’un gamin du club, porter les couleurs de l’Équipe de France. « Ce serait le graal, mais ça arrivera ! », sourient les intéressés.
École-Valentin et Pirey mènent la mue du FC Grand Besançon
Au nord de Besançon, un autre club de football amateur s’apprête à prendre le même virage. Pour la saison 2022 – 2023, le FC Grand Besançon évoluera sur un terrain synthétique neuf, installé sur les anciennes infrastructures d’École-Valentin. Impulsé par le maire Yves Guyen, le conseil municipal a validé l’ensemble du projet en janvier 2022.
A l’intérieur : un terrain de football synthétique, une aire de basket en 3×3, un nouveau city stade, un pump track et des agrès de fitness/musculation. « Au total le projet tourne autour d’1,2 million d’euros. Nous gardons une partie du stabilisé pour d’autres activités. Nous voulions nous associer aux communes faisant partie du club. La restructuration devait d’abord se faire sur Franois. Pour plusieurs raisons, financières surtout, ça ne s’est pas fait. Nous avons décidé de revenir sur École-Valentin, de réaliser le synthétique pour permettre au club de jouer dans de bonnes conditions toute l’année. Il sera aussi utilisé par l’école et d’autres associations, car nous sommes propriétaires. Le risque avec un syndicat (comme au FCMMGV), c’est de perdre la compétence de gestion. », analyse Yves Guyen.
Dans le même temps, la commune de Pirey planche sur un nouveau complexe sportif. Si un second terrain synthétique est évoqué, la priorité est d’abord donné à un gymnase et/ou Dojo pour subvenir aux besoins d’autres associations sportives. « On ne peut pas investir plus d’un million pour le foot et oublier les autres », glisse Yves Guyen. A la différence du synthétique, un syndicat devrait être créé pour le second projet.
Un projet enfin concrétisé
Réjouissant pour Nicolas Donard, président du FC Grand Besançon depuis deux ans. « Nous avons des infrastructures vraiment très vieillissantes. On plafonnait au niveau qualitatif alors que nous sommes parmi les cinq plus gros clubs du Doubs en terme de licenciés avec 500 adhérents. Notre « meilleur » terrain est celui de Chemaudin, c’est dire… » sourit, le président. « On doit beaucoup au maire d’École-Valentin qui a eu une écoute bien plus attentive de nos besoins. Maintenir autant de joueurs et de bénévoles en un même club sans vraies infrastructures, c’est mission impossible. »
Nicolas Donard l’admet, tout n’est pas basé sur les seniors, la priorité est surtout axée sur les jeunes et les féminines. « Notre école de foot se développe super bien, on forme un grand nombre de jeunes, chaque joueurs inscrit à sa place et doit jouer. La moitié de nos équipes sont au niveau régional. »
La dégringolade du FC Chatillon-Devecey
Avec ce projet d’envergure, le FCGB devrait attirer à nouveau plus de joueurs amateurs des communes voisines. Loin bien loin de l’époque où le club phare au Nord de Besançon restait le FC Chatillon-Devecey. En 2009 les dirigeants réussissent leur pari de faire venir Pape Diouf à Devecey, pour soutenir Teranga, une association sénégalaise créée dans le Doubs, dont le FCCD était partenaire. Sur le terrain l’équipe A évolue en Régional 2, chaque catégorie jeune compte deux à trois équipes et une idée de terrain synthétique est en projet. « Ce qui a tué ce projet, c’est qu’à l’époque Devecey appartenait à la communauté de communes du Val de la Dame Blanche et nous au Grand Besançon », assure Catherine Botteron, maire de Chatillon-le-Duc. Les dissensions au sein du club et le manque d’infrastructures provoquent de nombreux départs chez les différents voisins comme l’USREC (Rioz-Etuz-Cussey) et l’AS Perrouse. Deux clubs aux installations bien plus solides.
Pire, cet hiver le village de Devecey a du refaire des travaux pour sécuriser son terrain stabilisé où les poteaux électriques menaçaient de s’écrouler. La commune en a profité pour refaire les vestiaires et le terrain en sable. Interdiction de s’entrainer pour les seniors qui ont souhaité se rabattre en urgence sur la pelouse de Châtillon, où les poteaux électriques n’étaient également pas aux normes. Les joueurs ont donc repris les chemins de l’entrainement début 2022 à la Malcombe de Besançon. Beaucoup de jeunes, l’avenir d’un club, ont migré à l’Espérance des Auxons Miserey, où les terrains sont similaires.
De l’espoir il y en a encore (voir édito). Depuis 2017, Devecey est entré au Grand Besançon et son maire Michel Jassey, est vice-président en charge des équipements sportif à GBM. Moins de contraintes administratives entre les deux communes donc, pour peut-être un jour enclencher un nouveau projet d’infrastructures sportives neuves et conserver une attractivité communale grandissante, grâce à un autre projet : la finalisation de la RN57.
Martin SAUSSARD