Trois têtes d’affiche dans la 1ère circonscription
Elle recense 75 268 inscrits répartis sur 6 cantons. Trois cantons ruraux (Audeux, Boussières, Quingey) et trois cantons urbains de Besançon dont ceux de Planoise et Montrapon et celui des abords de la Boucle (Battant, La Grette, Saint Ferjeux, Canot, Velotte…). En 2017, Fanette Charvier (LREM) avait été élue avec plus de 53% des suffrages exprimés alors que l’abstention atteignait le record de près de 58% au second tour.
En 2022, la recomposition politique à gauche autour de la France Insoumise fait grincer des dents chez les caciques du parti socialiste qui n’obtient aucun candidat d’union en Franche-Comté.
Séverine Vezies, cheffe de file régionale des Insoumis ira à la bataille derrière le slogan mélenchoniste « faire un troisième tour des présidentielles en élisant une majorité de rupture autour des candidats de la NUPES ». L’enseignante de 48 ans est une militante très engagée sur les sujets écologiques, le féminisme et les droits des migrants.
Michel Vienet, conseiller départemental du canton de Besançon 2, représente les couleurs des Républicains. Après l’échec cuisant de Valérie Pécresse aux présidentielles, le « militant gaulliste de toujours » a mis « le cœur à l’ouvrage » dans les valeurs de travail et de respect. « Originaire d’Audeux, je suis le seul candidat à connaître chacune des 91 communes de la circonscription et bon nombre de leurs habitants ». Il se désigne comme « un fantassin militant » au service de tous les habitants.
Laurent Croizier (Modem), pour la majorité présidentielle, devra faire oublier son score de 2017 (5,38%). Le Président du Modem du Doubs est également conseiller municipal d’opposition à Besançon où il ne manque jamais une occasion de tacler la Maire de la capitale comtoise. Nommé dans la 1ère circonscription du Doubs par Renaissance, il entend porter les valeurs humanistes du centre.
Aux côtés de ces têtes d’affiche qui briguent la victoire, les électeurs auront le choix entre Nicole Freiss (LO), Thomas Lutz (RN) et Fabrice Galpin (Reconquête). Salima Inezarene (Parti Radical de Gauche) veut mobiliser les électeurs opposés à l’accord national. Candice Mallol (parti animaliste) et Pauline Tournier (Parti Pirate) complètent le tableau. Sans prétendre à la victoire, ils pourraient créer des surprises surtout dans le duel du second tour. On parle dans cette circonscription de « duel » compte tenu d’un probable fort taux d’abstention qui place la barre trop haute pour des triangulaires (12,5% des inscrits pour se maintenir).
Dans la 2e circonscription, « le médecin contre le boulanger »
Avec 78 394 électeurs inscrits (2017), elle regroupe 6 cantons dont l’essentiel de la commune de Besançon. Elle couvre également la grande majorité des communes du Plateau.
En 2017, Eric Alauzet, transfuge des Verts, se présentait à nouveau avec l’étiquette « majorité présidentielle ». Il l’emportait largement face à Ludovic Fagaut (LR) avec 62,19% des suffrages exprimés. Toutefois, comme dans la première circonscription, la victoire était relative, le taux d’abstention et de bulletins blancs dépassant 60%. Cette année, Eric Alauzet se présente pour un troisième mandat sous l’étiquette « Territoires de progrès », la composante socialiste de la majorité présidentielle.
Eric Alauzet se garde bien d’opposer sa candidature à celle de Stéphane Ravacley sur le terrain des métiers. Il parle surtout « du besoin d’expérience face à des jours difficiles dans les années à venir ». S’il salue un bilan positif du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il souhaite qu’en « 2022, nous prenions la main sur notre destin en dehors des dogmes et des excès ». Des maires des communes du Plateau lui demandent « plus de simplicité et de cohérence »... Face à Stéphane Ravacley (NUPES-EELV) « un candidat simple, il faut plus d’humanisme devant la perte de confiance des habitants » souligne Benoît Vuillemin, le Maire de Saône.
Stéphane Ravacley, le boulanger de Rivotte, avait fait la Une des journaux télévisés en 2021, obtenant la régularisation d’un jeune apprenti guinéen après sa grève de la faim. Plus récemment, il avait à nouveau fait la une en s’engageant dans la croisade des « convois solidaires » au profit de l’Ukraine. Soutenu par la maire de Besançon et EELV, il a finalement obtenu l’investiture de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) pour la seconde circonscription, damant le pion à Marc Paulin, l’infirmier du CHU de Besançon et Hasni Alem du Parti communiste pressentis par l’Union de la gauche !
Chez Les Républicains, la surprise a été totale. C’est Chafia Kaoula, une infirmière de bloc de 51 ans qui représentera la droite républicaine dans la seconde circonscription. Novice en politique, elle était colistière en 2020 sur la liste municipale de Ludovic Fagaut à Besançon. Native de la rive sud de la Méditerranée, elle a grandi à Morteau et à Besançon dans une famille très modeste. « Je suis épanouie grâce à mes parents et à la France, l’exemple de l’intégration réussie. Libre et indépendante, aux convictions fortes je suis une enfant de la méritocratie et de l’assimilation ». Elle pourrait créer la surprise dans un contexte totalement inédit par rapport à 2017 où le poids de la ruralité pourrait faire la différence.
Cinq autres candidats vont s’affronter dans la circonscription. Brigitte Vuitton portera les couleurs de Lutte Ouvrière, Eric Fusis celles du Rassemblement National et Barbara Marfoutine, le drapeau de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour qui pourrait s’opposer à Julie Giraud (DLF). Enfin Geoffroy Thomassin portera l’étendard du Parti Pirate.
Tout est possible dans la 3e
Du Pays de Montbéliard en passant par la vallée du Doubs jusqu’à Baume-les-Dames et au Pays Maichois, la 3ème circonscription du Doubs a une configuration territoriale particulière.
Après le maire de Maîche Joseph Parrenin, député de 1997 à 2002, elle a été représentée à l’Assemblée Nationale par le membre de l’UMP devenu Les Républicains, Marcel Bonnot jusqu’en 2017 puis par Denis Sommer de la majorité présidentielle. Ce dernier ne se représentant pas, son parti a investi le maire d’Étouvans et chef du groupe d’opposition à Montbéliard Agglomération, Nicolas Pacquot. Face à lui, la droite républicaine aura son candidat officiel, Christophe Froppier, adjoint au maire à Montbéliard mais aussi un candidat dissident en la personne de Valère Nedey, patron du groupe automobile du même nom. Un morcellement de l’électorat qui pèsera peut-être lourd à l’issue du premier tour, sachant que pour se qualifier au second, il faut recueillir 12,5% non pas des votants mais des inscrits !
La situation pourrait profiter à l’extrême-droite qui aura une jeune candidate du parti d’Eric Zemmour Reconquête, Romane Taponnot, mais plus sûrement à Nathalie Fritsch du Rassemblement National qui a réalisé de très bons scores à l’élection Présidentielle dans les zones rurales notamment. Enfin, la gauche rassemblée au sein de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale initiée par Jean-Luc Mélenchon pourrait elle aussi créé la surprise avec sa candidate communiste Virginie Dayet. Duel, triangulaire ou quadrangulaire au second tour ? Les jeux sont très ouverts.
5e circonscription, la carte « proximité »
Les candidatures sont arrivées au compte-gouttes dans la 5e circonscription du Doubs. Ils étaient dix en 2017, ils ne sont plus que six en 2022. Depuis dix ans, Annie Genevard (LR) est à la tête de la circonscription, réélue en 2017 face à la candidate de la majorité présidentielle Sylvie Le Hir, maire de Valdahon. A l’époque, seulement 2000 voix séparaient les deux candidates au 1er tour. L’hégémonie LR avait ensuite permis à la candidate sortante de l’emporter assez nettement au second tour avec 59,78% des suffrages.
Annie Genevard s’était appuyée sur une base solide d’élus locaux fidèles. Parmi eux, Philippe Alpy (Agir), maire de Frasne. Il est désormais son adversaire et sera le candidat de Renaissance, nouveau mouvement d’Emmanuel Macron. Un duel où la députée sortante compte sur sa proximité pour effacer la claque reçue par Les Républicains lors des élections présidentielles. De son côté, Philippe Alpy, conseiller départemental et agriculteur de 62 ans, tentera de bousculer la hiérarchie à l’aide de son impact local.
Derrière, chacun croit en sa chance à commencer par Martine Ludi, candidate NUPES, le rassemblement de la gauche. En 2017, sous l’étiquette LFI, elle avait récolté 3632 voix (8,75%). Si elle souhaite mettre l’écologie en avant, la candidate prône aussi le SMIC à 1400€, sur un territoire où le pouvoir d’achat des non-frontaliers est un élément essentiel de la campagne. Les électeurs écologistes auront une autre option avec José Da Cruz, habitant des Fins et ancien militaire. À 44 ans, il représente l’Écologie du Centre, cinq ans après avoir été candidat dans la 2e circonscription pour le parti de Jean Lassalle.
S’il voulait aussi une écologie « de droite », Jean-Pierre Pietoukhoff ne pourra finalement plus en parler. Le Trèfle, micro-parti dont il portait l’investiture, a retiré sa candidature après avoir découvert qu’il était encarté au Rassemblement National. Le parti de Marine le Pen a décidé de présenter une novice en politique, Mathilde Jury, 72 ans et coiffeuse à la retraite. Enfin de son côté Michel Gros, l’un des premiers à s’être présenté sur la circonscription pour le parti Debout la France !, a finalement rejoint les rangs de Florian Philippot.
Yves Quemeneur, David Aubry et Martin Saussard