Edito. Le remaniement c’est pour quand ?

1055

Quel est l’avenir d’Elisabeth Borne ? Très tôt pressentie au poste de Premier Ministre, certains diront même autoproclamée, la nouvelle cheffe du gouvernement a présenté son équipe jeudi 19 mai. Un groupe qui pourrait très vite être remanié, avant même les élections législatives.

Côté majorité, avec cette nomination alors que le Président aurait pu conserver Jean Castex à son poste jusqu’en juin, Emmanuel Macron veut montrer son assurance : les législatives seront dans la lignée des présidentielles, une fois la majorité acquise, Elisabeth Borne entamera les grands chantiers du second quinquennat.

Une assurance fragilisée par une multitude de candidats sondés en « off », pendant qu’une armée de soldats étaient envoyés sur le front médiatique pour dézinguer NUPES. Puis parce que la Première Ministre est aussi en campagne pour les élections législatives chez elle dans le Calvados. C’est là-bas qu’elle aurait « découvert » sa première grave erreur. Samedi 21 mai Médiapart annonce que quelques jours avant de nommer le député Damien Abad au poste de ministres de solidarités, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique a alerté LREM et LR sur des faits présumés de viols de ce dernier. Deux femmes l’accusent, en 2010 et 2011. Damien Abad conteste les faits et a bien été nommé ministre.

Elisabeth Borne a assuré que si la justice se saisissait à nouveau du dossier, elle prendrait « les mesures nécessaires ». De son côté le Président de la République met en garde son nouveau gouvernement. En cas de défaite aux élections législatives les ministres candidats devraient démissionner y compris Borne.

Face à eux, les deux grands perdants des élections présidentielles : le Rassemblement National et la France Insoumise. Ils veulent une cohabitation. Pour le premier, l’illusion d’une majorité à l’Assemblée nationale a très vite, en tout cas chez nous, volé en éclat. Les passages TV de deux candidates en Bourgogne Franche-Comté ont démontré des erreurs de castings terribles ou même pire, pas d’autres choix pour représenter le parti au niveau local.

Pour le second, poussé par une alliance NUPES avantageuse et redoutée de ses adversaires, Jean-Luc Mélenchon affiche une assurance parfois gênante : il ne cesse de marteler qu’il sera le futur Premier Ministre assurant qu’Elisabeth Borne n’est qu’en « mission CDD d’intérim ». Une stratégie qui en ferait presque oublier ses défaites répétées. Ce ne sont pas ses électeurs qui décident, mais bien tous les français.

Martin Saussard