Un peu de pédagogie pour commencer
Tout le monde entend parler des « acteurs économiques », qui sont-ils ? Nous sommes bien loin des seules entreprises. Ils sont en fait au nombre de cinq : les entreprises qui produisent des biens et des services ; les entreprises et institutions financières ; les administrations publiques et parapubliques ; les ménages (l’Administration y inclut les travailleurs indépendants et entreprises individuelles comme si le fait d’avoir un bureau à côté de sa cuisine ne constitue pas une activité professionnelle à part entière) ; enfin les institutions à but non lucratif au service des ménages.
Le but du 1er acteur économique est relativement simple. Il s’agit de produire et vendre des biens ou des services à d’autres acteurs économiques qui y trouvent un intérêt et sont prêts à les acheter. Conséquence première, l’entreprise fait du profit utile pour investir, innover, se développer et recruter dans des conditions sociales et environnementales satisfaisantes pour la collectivité.
2ème acteur, les institutions financières. Elles vont permettre aux entreprises de financer leur développement à condition d’en avoir les capacités. En avoir les capacités, c’est pour les entreprises avoir une richesse « à ne pas partager » !
Le 3ème acteur n’a finalement aucune connaissance des mécanismes de base de l’économie. Il ne parle que d’endettement qui ne sera jamais remboursé, de services publics qui ne rendent plus aucun service, de solidarité (la charité avec l’argent des autres). La dépense publique (de fonctionnement) augmente quand les dépenses d’investissements diminuent. Et même si on investit, on construit des hôpitaux sans lits, des tribunaux sans juges et des armées sans munitions !
Finalement, le 4ème acteur est l’enfant adultérin de la sphère financière et des institutions publiques. On y retrouve au niveau local, sous le tapis des CCAS, de multiples associations dont l’activité est souvent opaque et le contrôle mal assuré. Les pouvoirs politiques (quelle que soit la tendance) y achètent la paix sociale en rémunérant « des bénévoles ». S’y côtoient aussi les innombrables mutuelles et les ONG (Organisations Non Gouvernementales).
1er vœu : des capitaux propres pour les entreprises
La France, et la Franche-Comté en particulier, est riche de ses dizaines de milliers de PME qui irriguent les territoires et contribuent à leur richesse. Elles sont trop souvent sous capitalisés (manque de capital de départ, coût fiscal et social trop important…) Pour se développer, innover et recruter, elles doivent assurer leur financement à long terme par des actionnaires (capital-risque, business angels et par les salariés eux-mêmes pourquoi pas). Problème : c’est plus risqué que le livret A et surtout il manque dans notre pays un minimum d’apprentissage des rouages économiques.
2ème vœu : favoriser les investissements productifs
Certains économistes prônent un dispositif d’amortissements accélérés. Pour faire simple, cela consiste à amortir plus rapidement les investissements, diminuer le bénéfice imposable et assurer ainsi les nouveaux investissements. Une entreprise qui n’investit pas est une entreprise qui meurt ! On pourrait même imaginer un dispositif fiscal qui permettrait à une entreprise d’être exonérée en tout ou partie de l’Impôt sur les Sociétés sur la part de bénéfice remontant au capital (dividendes et participations non distribués)
3ème vœu : favoriser l’innovation en mariant recherche privée et publique
Grand Besançon Métropole est, de ce point de vue, en pointe. L’écosystème fonctionne entre l’université, les entreprises privées, les laboratoires de recherche publics et privés. C’est un bon exemple à développer. Sous réserves de ne pas fabriquer des machines administratives « qui cherchent et ne trouvent jamais ». Le laboratoire Chrono-environnement de l’Université de Franche-Comté compte quand même…300 enseignants-chercheurs, doctorants, chercheurs et personnels administratifs !
4ème vœu : des actionnaires plus pérennes
« Pour survivre dans le temps il faut une vision, mais les actionnaires ne font pas de cash sur une vision » (Matthias Kipping, Professeur d’histoire des entreprises). Il cite l’exemple de Kodak. « L’entreprise multinationale américaine a disparu parce que ses investisseurs ont préféré préserver leurs dividendes d’actionnaires plutôt que d’en consacrer une partie à la transition vers la photo numérique ». Cette vision doit correspondre également au territoire dans lequel l’entreprise est implantée. L’entreprise est partie prenante de son environnement. De ce point de vue, le Doubs dispose de solides atouts.
5ème vœu : une mobilité plus grande
Quand on gère une entreprise co-contractante de la filière automobile ou de l’horlogerie à Flangebouche ou à Avoudrey, on doit pouvoir s’approvisionner et livrer ses produits sans délai. Comment le faire efficacement sur un réseau routier et ferroviaire inadaptés. Souhaitons que la Région et son opérateur ferroviaire mettent en place sans délai un cadencement répondant aux besoins de la population et des entreprises. Souhaitons que la Région, la communauté urbaine de Besançon aient l’intelligence de faire inscrire l’aménagement de la RN57 dans le prochain contrat de plan Etat-Région (il manque encore la volonté politique).
6ème vœu : co-construire l’industrie de demain avec nos voisins suisses
Ils ont les outils, nous avons le savoir-faire. Ils ont les marques, nous avons la formation. Et si l’industrie horlogère suisse s’installait en Franche-Comté ?
Un dernier vœu à formuler ? Que l’école enseigne enfin les mécanismes de base de l’économie, vaste programme !
Bonne année 2023 aux 3 500 entrepreneurs du Doubs. Ils le valent bien !