Fini les 40°C en été sur la place de la Révolution ! Pour lutter contre, un projet de végétalisation est en cours. 41 arbres seront plantés, pour une fin des travaux prévue au printemps. « La végétalisation de la place nécessitait la réalisation de fosses de plantations, qui ne sont pas très profondes (1m40), mais on sait que les vestiges sur la place de la Révolution sont affleurants », note Claudine Munier. Une fouille archéologique préventive a donc été entreprise. Débutée fin septembre, la fouille, qui mobilise en moyenne 6 archéologues, devrait prendre fin en décembre. Au total, 21 fosses seront fouillées (19 sur la place de la Révolution et 2 dans l’entrée de la rue Courbet).
Sur les anciens thermes publics romains…
À l’endroit de la fouille, s’élevaient autrefois des thermes publics romains et des habitations médiévales et modernes. « À la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne, il y avait deux lotissements installés. Un à l’entrée de la rue des Boucheries et un à l’entrée de la rue des Granges ; et puis un îlot plus rural entre les deux. Il y a eu une occupation d’assez longue durée, mais qui n’a pas engendré une accumulation énorme de vestiges. En revanche, on tombe très vite sur des vestiges romains », souligne Claudine Munier.
La mosaïque est « scientifiquement exceptionnelle »
Une mosaïque romaine, probablement du IIIe s., a notamment été découverte. Elle ne sera toutefois pas déposée, mais conservée sur place, sous un lit de sable. Une protection particulière pour la préserver des racines sera aussi installée. Enfin, des buissons seront plantés à cet endroit, et non des arbres. « Elle est scientifiquement exceptionnelle, mais esthétiquement, je pense qu’elle ne serait jamais exposée dans un musée. Il n’y a pas de motifs dessus. On ne peut pas la comparer à la Neptune qui est exposée au musée », explique l’archéologue en charge de l’opération.
Un bloc avec un D et un M
« On a aussi retrouvé une maçonnerie qui est constituée de blocs en réemploi qu’on ne peut pas encore dater. Elle comprend un bloc qui a été retaillé pour servir de moellon et qui porte des inscriptions, dont deux lettres : D et M. Une inscription gallo-romaine qui à l’origine était sans doute en hauteur. » Les adeptes en archéologie n’y verront donc pas une stèle funéraire avec « Dis Manibus ». Ce bloc sera prélevé.
« Beaucoup de monnaies de la fin du IIIème siècle »
Des pièces de monnaie ont aussi été trouvées. « Le plus intéressant : ce sont des monnaies de l’Antiquité tardive, du IVe s. et du début du Ve s. Beaucoup de monnaies de la fin du IIIe s. aussi… ce qui nous incite à penser que peut-être ces thermes étaient encore utilisés plus longuement que ce que l’on pensait. Ils n’ont peut-être pas été abandonnés dans la deuxième moitié du IIIe s., mais peut-être un peu plus tard. Tout cela est à étudier parce qu’on est en cours de fouille. Il y a très peu de mobilier, parce qu’on est sur un contexte (thermes) où on n’a pas beaucoup d’objets sur soi », dévoile Claudine Munier, avant de poursuivre ; « On a également trouvé un petit fragment de flacon à parfum et un petit peu de céramique, mais qui sont plutôt des choses dans les remblais d’abandon. »
Une fouille qui apportera quelques éléments de réponses pour mieux appréhender le passé de la capitale comtoise.
L’humeur d’Anthony Soares
Quel engouement populaire autour de cette fouille archéologique ! Le jour de la réalisation du reportage, de nombreuses personnes étaient collées contre les grilles, prenant des photos.
La veille, je venais de finir la dernière saison de « The Crown » sur Netflix, et j’avais la sensation que nous étions tous des Lady Diana. Clic ! Clic ! Pas toujours facile pour les archéologues… Des photographies postées notamment sur les réseaux sociaux.
Un certain nombre de curieux manifestent un intérêt pour cette fouille, ce qui est quand même un indicateur très positif.