Des sourires, une odeur de plats typiquement africains et la préparation des groupes musicaux rythment le début d’une soirée très attendue à la salle des fêtes de Montfaucon. Si elle devait être celle du départ d’une dizaine de jeunes mineurs étrangers non accompagnés pour un autre hébergement temporaire, les réfugiés sont toujours là. La fête n’est pour autant pas annulée et les bénévoles de Solmiré, association organisatrice de l’événement et qui aide ces adolescents, espèrent aussi faire évoluer les mentalités. Ils sont 145 convives ce vendredi soir, habitants de Montfaucon mais aussi des communes voisines comme Anne Vignot. « Il y a pas mal de préjugés, d’idéologie. Pierre Contoz et la commune de Montfaucon ont été les seuls dans le Grand Besançon à répondre à l’appel de la maire pour accueillir ces jeunes, sans logement ni prise en charge. », souligne Catherine Pardonnet, bénévole. Pendant deux semaines, la Falcomontaise et son mari ont même hébergé tout le monde à la maison. Une quarantaine d’habitants donnent aujourd’hui leur temps pour cette action.
« Dans 88% des cas, ils sont reconnus mineurs »
Logés dans l’ancienne école à la Malate, le lieu permet aujourd’hui à ces adolescents d’avoir un endroit chaud et les bases d’une prise en charge correcte. Avant cela, ils ont d’abord (sur)vécu dans le campement de fortune au parking rue d’Arènes. Ils étaient 35 mineurs isolés au moment de l’évacuation début octobre 2023. L’accueil provisoire dans le Sas de Planoise, initialement prévu pour les migrants parisiens en vue des Jeux Olympiques, est toujours d’actualité pour une partie d’entre eux. D’autres dorment désormais à la maison éclusière de Tarragnoz, transformée par la Préfecture en abri de nuit. Les mineurs isolés de Montfaucon eux, ont aussi connu Lombard et By, deux communes trop éloignées de Besançon pour permettre à Solmiré de continuer un accompagnement efficace. À Montfaucon, l’accueil initial était prévu jusqu’au 31 janvier. « On ne sait pas où ils seront dans les semaines à venir, alors s’il n’y a pas de solution nous serons toujours là »,confie le maire.
Comme ces jeunes, l’association Solmiré, reconnue d’intérêt général par la cour d’appel du tribunal de Lyon, assure qu’une centaine d’autres dossiers sont actuellement étudiés par la justice française. Une étape cruciale pour leur avenir, où l’attente qui peut durer jusqu’à six mois reste une source d’angoisse. « Dans 88% des cas, ils sont reconnus mineurs et le Département qui a dans un premier temps refusé de les prendre en charge, doit assumer ses responsabilités. Dans le cas contraire, ça devient très compliqué pour eux », poursuit Gilles Tissot, bénévole. Ils s’appellent Fabio ou Durell, apprennent le français et reprennent des études souvent arrêtées à un stade précoce. Originaires du Cameroun, de Guinée ou encore Côte d’Ivoire, ils espèrent pouvoir obtenir gain de cause et décrocher une formation, principalement dans les métiers du bâtiment. L’un veut être électricien, l’autre plutôt maçon. Des secteurs d’activité où la de main d’œuvre manque dans le Doubs, comme partout en France.
M.S