Région. Les précisions d’Emmanuel Viellard, président du Medef « Territoires Comtois »

Le Président des patrons de Franche-Comté est très inquiet de la situation économique actuelle du pays. Les entreprises ont besoin de visibilité pour l’avenir : "la situation politique est intenable. Chaque jour porte une réforme qui est abandonnée le lendemain. Notre pays est le champion du monde des prélèvements qui pèsent sur les entreprises." Pour Emmanuel Viellard dans ces conditions impossible de fixer un cap clair pour les entrepreneurs. "Nous souhaitons moins d’impôts et moins de subventions".

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Emmanuel Viellard, PDG de Lisi Groupe dont le siège est à Grandvillars et Président du MEDEF "Territoires Comtois" ©DR
Sur ce sujet de la baisse des impôts, que pensez-vous d’une exonération partielle voire totale de l’Impôt sur les Sociétés (IS) ?

Nous sommes favorables à une baisse de la fiscalité sur les entreprises. Comment raisonner sereinement quand l’Etat nous prend d’une main ce qu’il subventionne de l’autre main. L’idée d’exonérer partiellement de l’IS les entreprises sur l’investissement productif qu’elles réalisent en France, est séduisante. Elle répond au double défi de réindustrialiser notre pays tout en offrant des capacités d’investissement profitables à l’emploi et la croissance.

Que pensez-vous des projets de simplification administrative envisagés par le gouvernement Barnier ?

Nous ne pouvons qu’être satisfaits quand il s’agit de diminuer le mille-feuilles administratif. Tout ce qui touche à une gestion plus simple des obligations légales des entreprises va dans le bon sens. Je doute que cette volonté aille au-delà de la promesse. En matière de fiscalité, les entreprises françaises sont soumises à 24 déclarations différentes quand 4 suffisent à nos voisins européens, voire un seul document déclaratif. C’est une charge administrative trop lourde pour les entreprises, particulièrement dans les PME.

Sur les exonérations de charges sociales, le gouvernement souhaite les rendre progressives, y êtes-vous favorable ?

Ma mission en tant que Président du Medef « Territoires Comtois » est d’apporter des réponses aux chefs d’entreprises de Franche-Comté. Les négociations sociales se passent au plan national. Toutefois, donner du pouvoir d’achat aux salariés par une meilleure progression des salaires est une bonne mesure, si elle ne conduit pas à une augmentation de la masse salariale, nuisible à la compétitivité des entreprises. Je le rappelle, nous sommes en France les champions du monde du poids des impôts et des charges sociales. Ce poids excessif est lié à une suradministration publique et aux dépenses de fonctionnement de la sphère publique, sans véritable gain pour les entreprises, les salariés et la population en général.

En Franche-Comté, la filière automobile a une place particulièrement importante, comment voyez-vous l’avenir des entreprises de la filière ?

D’une part, la transition vers l’énergie électrique est largement engagée par les entrepreneurs comtois. Les sous-traitants travaillant sur les pièces détachées des moteurs thermiques ont adapté leurs outils de production. Il reste que des entreprises devront encore être accompagnées dans cette transition pour éviter les casses sociales et économiques.

Lutter efficacement contre les importations chinoises

Si nous voulons être acteurs de la transition vers les véhicules électriques, nous devons lutter contre l’arrivée massive des véhicules électriques chinois. Mettre en place des droits de douane de 30 ou 35% n’est pas à la hauteur. L’Europe devrait aller bien au-delà pour préserver et développer l’outil industriel et assurer notre souveraineté.

L’entretien avec Emmanuel Viellard a eu lieu le 2 décembre, alors que Michel Barnier engageait la responsabilité de son gouvernement sur le PLFSS 2025. L’avenir économique et politique de la France est suspendu à la motion de censure. Qui prendra la suite de Michel Barnier ?

Yves Quemeneur