Économie. Le marché de l’emploi des cadres ralentit

Le baromètre annuel de l’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres) fait ressortir de la morosité au 1er trimestre 2025 pour les cadres, dans un climat de confiance dégradé.

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Recrutement emploi cadre diminution

En 2024, la part des entreprises ayant recruté des cadres a encore diminué (20% des entreprises, soit une baisse de 1 point/2023). Dans le même temps, logiquement les difficultés à recruter des cadres a diminué.

Les embauches de cadres poursuivent une lente dégradation

Selon l’APEC, cette tendance confirme la baisse progressive de l’emploi des cadres après un pic post-covid. Cette baisse est plus notable dans les grandes structures (-9 points en 2023 et -13 points en 2022). Autre diminution, celle de la confiance des entreprises entre fin 2024 et le premier trimestre 2025. Les employeurs tempèrent leurs projets d’embauche.

Sans visibilité à court terme, le recrutement des cadres est nettement inférieur. L’APEC le constate dans les grandes structures avec un recul de 6 points (48% contre 54%) et dans les PME où le recul est de 4 points (14% contre 18%).

Les cadres sont inquiets

Les intentions de mobilité externe à court terme restent intactes mais faibles (13%). Les cadres ont moins confiance dans l’économie française avec une chute de 6 points par rapport à septembre 2024. Ils sont 55% à anticiper plus de difficultés à retrouver un emploi équivalent, une augmentation de 5 points en un an.

« En 2024, les moteurs de la croissance se sont grippés » souligne l’APEC. L’investissement des entreprises a fortement reculé (-1,9% contre +3,1% en 2023) alors qu’il est le levier essentiel pour l’emploi et notamment des emplois d’encadrement. Le recrutement des cadres s’essouffle après une forte dynamique des recrutements observée en 2021 et 2022. L’APEC en attribue les raisons au phénomène de rattrapage des recrutements de cadres n’ayant pu être réalisés au plus fort de la pandémie de 2020. Le climat économique et politique particulièrement anxiogène a pu conduire les entreprises à plus d’attentisme concernant leurs projets de recrutement de cadres. L’APEC note l’exception du secteur des services à haute valeur ajoutée où la dynamique de l’emploi se maintient, confirmant un rôle moteur de ce secteur pour l’emploi des cadres.

Modification du rapport de force entre candidats et recruteurs

L’APEC conclut à une évolution du rapport de force préjudiciable aux cadres. Alors que les entreprises peinaient à recruter des cadres dans les années post-covid, au point d’adapter leur stratégie et leurs critères de recrutement, la détente des tensions de recrutement amorcée en 2023 pourraient inciter les recruteurs à modifier leurs propositions en défaveur des cadres. Enfin, le diplôme n’est plus le sésame indispensable pour intégrer un poste de cadre, quelle que soit la taille de l’entreprise. Si les compétences restent une porte d’entrée, le savoir-être et l’adhésion à l’entreprise sont devenues des qualités incontournables pour beaucoup d’employeurs.

Yves Quemeneur