Besançon. Nouvelle tentative et nouveau retrait du drapeau palestinien à Besançon

La Ville de Besançon a de nouveau hissé le drapeau palestinien sur l’esplanade des Droits de l’Homme lundi 22 septembre. Un choix pour « accompagner » la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par le Président de la République Emmanuel Macron. Dès le lendemain matin, la municipalité a dû l’enlever, après une nouvelle demande de la Préfecture. L’opposition bisontine dénonce une instrumentalisation à des fins électoralistes.

451
Photo MS

Cette seconde tentative de hisser le drapeau palestinien aux côtés des drapeaux français, européen et ukrainien, devait être la bonne pour Anne Vignot et son équipe municipale. Regroupés autour des quatre mâts de l’Esplanade des Droits de l’Homme, une cinquantaine de personnes est venue soutenir cette décision lundi soir. « Nous sommes réunis pour accompagner la déclaration du Président de la République à l’ONU quant à la reconnaissance de l’état palestinien par la France », débute au micro la maire de Besançon.

En parallèle, il est près de 21h30 quand Emmanuel Macron prononce ces mots historiques dont la portée réelle reste encore incertaine : « la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine ». « C’est bon, il l’a fait ! », lâchent quelques bisontins. « Je veux être fière de notre République qui lève le drapeau ukrainien pour appeler à la paix et qui aujourd’hui doit lever le drapeau palestinien pour saluer la position du Président. […] Je suis reconnaissante du peuple israélien qui s’élève aujourd’hui contre les massacres perpétrés contre le peuple palestinien, je suis aux côtés des familles qui veulent voir leurs otages revenir », poursuit Anne Vignot, adressant au passage un petit tacle à Bruno Retailleau (LR), ministre de l’Intérieur démissionnaire menaçant de sanctionner les mairies transgressant « le principe de neutralité du service public ».  C’est pourtant bien pour la raison invoquée par le ministre que la maire bisontine avait dû en juin dernier retirer le drapeau palestinien.

« Besançon doit demeurer un lieu d’apaisement »

Les opposants à la maire écologiste ont immédiatement dénoncé cette décision, considérée comme « une énième provocation à but politique et électoraliste » pour Ludovic Fagaut (LR, Besançon Maintenant) interrogé par l’Est Républicain. « Nous condamnons la dérive permanente de la municipalité qui confond militantisme politique et responsabilité publique. Besançon doit demeurer un lieu d’apaisement et de concorde et non un terrain d’affrontements idéologiques », ont commenté de leurs côtés le député Laurent Croizier et Nathalie Bouvet, conseillère municipale. Plus nuancées, les élues Karima Rochdi (Horizons) et Agnès Martin (Ensemble) ont expliqué que leur groupe S’unir pour Besançon « se serait joint au déploiement d’un drapeau palestinien, le jour même de la reconnaissance par la France d’un État de Palestine, si ce geste symbolique avait été accompagné par le déploiement des drapeaux de la France, de l’Union européenne, de l’ONU, d’Israël et de la Paix, comme cela va être fait par le maire socialiste de Saint-Ouen ».

Douze heures en l’air

Moins de douze heures après cette décision, la Préfecture demande de retirer le drapeau palestinien. « Parce que nous sommes des élus de la République, et pour ne pas ouvrir une procédure supplémentaire au Tribunal Administratif de Besançon, nous allons enlever le drapeau de la Palestine ce matin. Bien que cette demande du ministère de l’intérieur soit pour nous illégitime », se justifie la Ville de Besançon. Il n’en faut pas plus pour relancer la colère des oppositions. « Cette municipalité est une mascarade », commente Laurent Croizier (MoDem). À l’inverse, la maire a trouvé un soutien officiel de son nouvel allié La France insoumise. L’antenne locale du mouvement a immédiatement appelé à ce que « tous les moyens légaux doivent être utilisés pour soutenir la résistance du peuple palestinien jusqu’à la libération de Gaza et des territoires palestiniens ainsi que l’avènement d’un véritable Etat souverain. Tous les moyens légaux doivent être utilisés pour exiger un cessez le feu immédiat, la libération des otages israéliens et des prisonniers politiques palestiniens ».

M.S