
Un travail collectif pour « faire du pays du Haut-Doubs, une destination nature, durable, vivante et reconnue ». Par ces mots, Béatrix Loizon, vice-présidente au Département en charge de la Gestion et de la Préservation du patrimoine naturel, de la Transition climatique et du Tourisme, décrit la volonté à long terme du masterplan, officiellement adopté le 14 octobre à la salle des fêtes de la Cluse-et-Mijoux. Ce schéma directeur de la transition du tourisme et des loisirs du Haut-Doubs 2024-2040 est élaboré sur les cinq communautés de communes du territoire du syndicat mixte du Pays du Haut-Doubs (Grand Pontarlier, Entre Doubs et Loue, Lacs et Montagnes du Haut-Doubs, Frasne-Drugeon et Altitude 800), représentant 77 communes et près de 65 000 habitants. Ce masterplan est porté par ces 5 EPCI, le Pays du Haut-Doubs, le SMMO et les acteurs des secteurs publics et privés impliqués. L’État, la Région et le Département soutiennent également la démarche.
Une démarche systémique
« Cela dépasse le simple accord institutionnel. En signant ensemble, on affirme notre volonté de ne plus subir l’avenir mais de construire collectivement », poursuit Béatrix Loizon, car derrière cette signature se cache une ambition claire et affirmée : accompagner la transformation de la filière tourisme et loisirs afin de faire face aux enjeux climatiques, environnementaux, économiques, sociétaux et sociaux. Un masterplan initié par le SMMO qui en 2022 a répondu à un appel à candidature du programme d’État “Avenir Montagnes Ingénierie” destiné à accompagner les stations majoritairement de ski alpin vers un tourisme quatre saisons. Dans le Haut-Doubs, cet accompagnement visait principalement Métabief, mais les acteurs locaux ont vu plus loin et se sont associés. En devenant lauréat, cela a permis l’embauche de 2022 à fin 2025 de Claire Leboisselier, cheffe de projet pour accompagner cette transition. « Un diagnostic avec les acteurs du territoire a été lancé dès 2022 avec une soixantaine d’entretiens », explique l’intéressée.

Quant à la construction de cette stratégie. « On a voulu faire de façon systémique, en incluant des élus mais pas que : techniciens, partenaires, offices du tourisme, socio-professionnels, associations, acteurs privés ou encore hébergeurs », continue Claire Leboisselier. Des ateliers ont été menés pour « s’approprier le diagnostic dans un premier temps, puis ensuite ils ont été plus spécifiques sur des thèmes divers : culture, patrimoine naturel, historique, activités de pleines natures, transition sur le nordique etc ».
32 fiches actions sur quinze ans
Au total, douze axes prioritaires ont été identifiés : gouvernance, animation et coopération, hébergement touristique, mobilité loisirs et tourisme, compétences, marketing et commercialisation, loisirs et activités de pleine nature, activités nordiques, activités et lieux indoor, patrimoine naturel, valeurs et culture vivante, patrimoine matériel et immatériel. Tout cela permettant d’élaborer 32 fiches actions transversales sur quinze ans comprenant des projets sur des lieux précis tels que le Château de Joux, le Mont d’Or, la station de Métabief, l’Abbaye de Montbenoît, la source de la Loue, le site du Gounefay ou encore le camping de la forêt à Levier par exemple (voir notre article dans notre édition Haut-Doubs du 3 novembre, ndlr) ou sur des thématiques plus larges : hébergement touristique, activités nordiques, de pleine nature, métiers etc. « Cinq ans, ça nous paraissait trop court donc on a imaginé ce document sur quinze ans, sinon ça nous obligeait à faire des choix parmi les actions », indique Claire Leboisselier. Ce nouveau masterplan n’a pas été chiffré dans sa globalité mais le coût de chaque action est estimé individuellement avec « un porteur de projet sur chaque aménagement ». Avec cette nouvelle stratégie définie, le Haut-Doubs pourrait prétendre à des financements plus conséquents.
Le tourisme représente 3% du PIB sur le Haut-Doubs
Le diagnostic établi dans le cadre du masterplan a mis en lumière plusieurs enjeux auxquels doit faire face la filière du tourisme et des loisirs. « Outre le changement climatique qui entraîne des conditions d’enneigement défavorables, des sécheresses et canicules impactant la faune et la flore du territoire et les Hommes qui y vivent, les changements sociétaux impactent l’économie du tourisme et des loisirs du Haut-Doubs. La pression foncière et la hausse du niveau de vie dues, en grande partie à l’économie transfrontalière avec l’arrivée d’une nouvelle population en nombre conséquent (15 000 habitants en plus à l’horizon 2040 selon l’Insee, ndlr), impliquent de nouvelles consommations de l’espace et des activités ». Aujourd’hui, la filière est confrontée à diverses problématiques : une perte des lits touristiques marchands (20 000 en 1985, 15 000 en 2000, 10 000 en 2020 et 9 886 en 2023), des difficultés de recrutement, une offre de mobilité alternative à la voiture inadaptée dans la majorité du territoire, une baisse de la qualité de l’offre comparativement à d’autres territoires, des modèles économiques structurellement fragiles, des pertes de motivation des acteurs, des activités loisirs et touristiques qui tiennent principalement sur des associations et bénévoles.
La filière représente 3% du PIB « une part qui peut sembler modeste mais qui est principalement le résultat de l’attractivité des emplois suisses ». Elle attire trois types de clients : des touristes qui génèrent des nuitées, des excursionnistes de la région qui arrivent le matin et repartent le soir, et des habitants. C’est aussi plus de 1 000 emplois salariés, 600 structures touristiques et 1 400 commerces.






























