Besançon. L’État multiplie ses contrôles sur les colis et contrefaçons chinoises

Les douaniers, policiers nationaux et les agents de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont entrepris un contrôle d’ampleur le 13 novembre au centre de tri postal de Besançon. Une nouvelle opération quelques semaines après celle effectuée à Lons-le-Saunier, dans le Jura.

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le 13 novembre au centre de tri de Besançon, les agents des Douanes sous la direction d'Estelle Rocklin, Directrice régionale des douanes de Franche-Comté, des officiers de police judiciaire et des agents de la DCCRF, en présence de Rémi Bastille Préfet du Doubs, contrôlaient les colis, notamment ceux en provenance de Chine ©YQ

Les récentes affaires en lien avec les géants chinois de la vente en ligne, accusés tour à tour de vendre des produits contrefaits, des produits interdits à la vente, ont incité les services de l’État de procéder à une opération de grande ampleur autour des tapis roulants du centre de tri.

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12 000 colis par jour sur la plateforme bisontine

« 4,5 milliards de colis entrent en Europe chaque année en provenance de pays hors Union Européenne » précise Estelle Rocklin Directrice régionale des Douanes de Franche-Comté. « Initialement dédouanés dans les grandes plateformes portuaires et aéroportuaires, ces milliers de colis quotidiens circulent ensuite librement au sein de l’UE. Nous avons la possibilité de les contrôler une seconde fois, une manière de les passer dans un tamis toujours plus fin » ajoute Estelle Rocklin.

L’expertise de l’œil des douaniers

Les agents des Douanes sont avant tout des experts compétents pour repérer contrefaçons et produits prohibés. Ils sont aussi à l’affût du moindre indice sur un colis (code-barres étrange, origine douteuse, étiquetage exotique,…).

L’augmentation exponentielle des ventes en ligne impose des contrôles rigoureux. Les grandes plateformes de vente en ligne comme Shein, Temu ou Aliexpress sont aussi des Marketplace offrant à des producteurs peu scrupuleux des canaux énormes de distribution.

Lors du contrôle du 13 novembre, un agent des Douanes a repéré un pull de marque à l’intérieur d’un colis estampillé Shein. « De toute évidence, cette marque non référencée chez Shein provient d’ailleurs. Noyés au milieu du flux de colis, l’article peut passer sans être détecté » explique un agent des Douanes bisontin. Quelques minutes plus tard, un autre colis retient son attention « un tee-shirt d’une marque de sport très connue présente des flocages bizarres », c’est l’œil exercé du douanier qui fait la différence.

Tromperie du consommateur, produits défectueux…c’est la DGCCRF qui intervient

Plusieurs agents de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) étaient également présents pour vérifier la véracité des composants de compléments alimentaires et de produits de beauté ou de jouets ne répondant pas aux normes européennes. Un tri minutieux pour empêcher des accidents domestiques ou des problèmes de santé.

Douanes et DGCCRF travaillent également main dans la main avec les marques de luxe pour lesquelles les contrefaçons et les produits défectueux peuvent altérer leur image.

La double peine

Rémi Bastille, Préfet du Doubs, assistait à l’opération au centre de tri de Besançon. Les fonctionnaires ont retiré des flux, 815g de tabac à rouler (il est interdit d’expédier par la poste un simple paquet de cigarettes) et une trentaine d’articles contrefaits. « L’État doit être vigilant sur ces flux de marchandises pour préserver la souveraineté économique, c’est aussi le sens de ces contrôles effectués régulièrement » affirme Rémi Bastille. Pour le consommateur final, c’est la double peine. Il a payé l’objet qu’il ne verra jamais. Éventuellement, si la fraude de l’utilisateur final est avérée, il doit payer en outre une amende.

Consommateur et/ou citoyen

Le consommateur voit son porte-monnaie, le citoyen voit son emploi. Les ventes en ligne de produits chinois, c’est la fermeture d’entreprises ou de commerces en France et la perte d’emploi : c’est la 3ème peine ! Pour autant, souligne le préfet du Doubs, la mise en place au niveau européen d’une taxe d’entrée sur les petits colis devrait inciter les consommateurs à redevenir citoyens.

Yves Quemeneur