Pontarlier. Violences faites aux femmes : le service Fil d’Ariane connaît une augmentation du nombre d’accompagnements en 2025

L’Espace Fil d’Ariane fait partie de l’association Travail et Vie sur Pontarlier et accompagne les femmes victimes de violences au sein du foyer. Le service existe depuis 2022, mais est vraiment effectif depuis 2023. En deux ans, le nombre de femmes accompagnées est passé de 43 à plus de 56. Rencontre avec Anne, éducatrice spécialisée à l’Espace Fil d’Ariane.

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L'Espace Fil d'Ariane
L'Espace Fil d'Ariane a organisé la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes à Pontarlier ©CT

Quelles sont les missions de Fil d’Ariane ?

On a deux types d’accompagnement, on a un accueil de jour où on est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 16h et où on accueille dans un lieu confidentiel et sécurisé, les femmes qui sont victimes de violences avec ou sans leurs enfants.

On a une deuxième mission qui est la mise à l’abri dans des appartements d’urgence ou dans des logements temporaires accompagnés. Ce sont des appartements qui sont diffus sur Pontarlier, toujours confidentiels où on peut les accueillir sur un premier contrat de six mois qui peut être renouvelé jusqu’à un an d’accueil.

Là, on fait un accompagnement social global : reprendre pied dans leur vie,  recouvrir leurs droits et se poser avec leurs enfants. On travaille en partenariat avec la Suisse pour accompagner des femmes françaises qui subissent des violences en Suisse.

Sur ces deux années, vous avez senti une évolution dans l’accompagnement ?

Clairement oui. L’année dernière, on a accompagné à peu près 43 femmes, là on est à plus de 56 femmes alors qu’on n’a pas terminé l’année. On a des demandes massives d’accueil d’urgence. Il faut savoir que les femmes nous arrivent par le 115 et le 115 est clairement saturé en cette fin d’année.

Qu’est-ce qui explique cette augmentation ?

Il y a plusieurs éléments. Certainement une meilleure connaissance des dispositifs, on essaie de se rendre plus visible. C’est le but de cette journée (internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, 25 novembre, ndlr).

Se rendre visible et faire de la prévention auprès du jeune public. Je pense que les paroles des femmes se libèrent, elles sont plus entendues.

Il y a encore beaucoup de chemin à faire et de travail au niveau de l’accompagnement et de l’accueil surtout de leurs paroles mais aujourd’hui, elles osent plus dénoncer ce qu’il se passe au sein des foyers et les dispositifs se multiplient.

Je pense qu’on a quand même une meilleure vision de ce qu’il se passe vraiment dans la société. 

Comment faites-vous face à cette augmentation d’accompagnements ?

Les places (pour les appartements, ndlr) sont limitées. On a pas mal de colocations, ce qui nous permet de pouvoir accueillir un maximum de femmes. Bien sûr, hélas, on déplore de ne pas pouvoir accueillir tout le monde.

C’est vraiment un travail de réseau et de partenariat. On appelle nos homologues sur Pontarlier, Besançon, le territoire. S’il y a besoin d’une mise à l’abri et de sécurité renforcée, on peut déplacer la femme sur un autre département. On essaie de trouver des solutions rapidement. C’est un travail d’urgence. 

C’est quelque chose qui vous inquiète ?

Ça nous inquiète, ça nous met en colère. On voit ce qu’il s’est passé depuis une semaine, quatre féminicides (le 20 novembre, ndlr), ça nous met vraiment en colère.

Ce qu’on aimerait aussi, c’est que tout ce qui est accueil au niveau des forces de l’ordre soit encore renforcé. On l’a vu sur le dernier féminicide à Besançon (voir notre article en page région), il y a eu plusieurs dépôts de plainte.

Elle a été prise en compte, mais derrière ne s’est pas déclenché forcément la mise à l’abri dont peut-être elle aurait pu avoir besoin.

Ça, on ne le sait pas, on ne peut pas refaire l’histoire. On aimerait qu’il y ait du partenariat qui se développe encore davantage et qu’il soit encore plus efficient qu’il ne l’est aujourd’hui. Il y a encore beaucoup de choses à faire. 

Contacts : 06 08 04 60 67 ou fildariane@travailetvie.fr. Numéros d’urgence gratuits 24h/24 7j/7 : 115 urgence sociale, 3919 violence femme info