Pouilley-Français. Dermatose nodulaire contagieuse : un cheptel du Doubs abattu après un cas confirmé malgré la vaccination

Au cours d'un point presse le 2 décembre, Nathalie Valleix, secrétaire générale de la préfecture du Doubs, Benoît Fabbri, directeur départemental des Territoires (DDT) et Bruno Vincent, directeur départemental de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) ont rappelé tous les éléments factuels ayant conduit le Préfet à prendre un arrêté de déclaration d’infection concernant l’exploitation de la famille Lhomme à Pouilley-Français.

337
Lors du point presse le 2 décembre 2025 en préfecture, Nathalie Valleix, secrétaire générale de la préfecture du Doubs était entourée de Benoît Fabbri, directeur départemental des Territoires et Bruno Vincent, directeur départemental de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations ©YQ

Le cas de contamination à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) d’un bovin dans un élevage sur la commune de Pouilley-Français a été constaté le 27 novembre, puis après analyse, confirmé le 28 novembre. Cet animal était vacciné depuis 38 jours, comme l’ensemble du troupeau.

« Une situation peu probable »

Pour Bruno Vincent, DDETSPP, l’animal en question aurait dû être immunisé au bout de 21 jours. Le temps d’incubation est de l’ordre de 7 à 10 jours. Pour autant, le bovin a été à nouveau contaminé pendant cette période. Il avait une charge virale très forte selon le laboratoire vétérinaire.

D’autres animaux de ce cheptel de 83 bovins peuvent être en période d’incubation ou porteurs sains du virus. La DNC affecte les bovins et se transmet essentiellement par des taons ou des mouches, capables de parcourir des centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres et ainsi disséminer le virus d’un bovin infecté à une bête saine.

Abattage du cheptel

Devant cette situation exceptionnelle, le Préfet du Doubs a pris un arrêté de déclaration d’infection dont les conséquences sont l’abattage total du cheptel concerné et la réduction de tous les mouvements autour de l’exploitation.

L’éleveur a engagé une procédure de référé-liberté auprès du Tribunal Administratif, procédure qui a été rejeté par le juge administratif. Dès lors, les services vétérinaires ont engagé l’euthanasie de tout le troupeau le 2 décembre malgré les quelque 300 manifestants présents sur les lieux, encadrés par 200 gendarmes.

Deux interpellations lors de la manifestation

Jets de pierres d’un côté, grenades lacrymogènes de l’autre. Nathalie Valleix a confirmé 2 interpellations suivies de garde à vue. « Une enquête est diligentée. Ce sera à l’autorité judiciaire de décider des suites éventuelles à ces altercations ».

Selon Bruno Vincent, certains manifestants présents ce mardi 2 décembre en soutien à l’éleveur, ont fait preuve d’une totale irresponsabilité en s’introduisant dans la stabulation, au risque de propager le virus (par les vêtements ou les chaussures). Nathalie Valleix a confirmé les propos du directeur départemental de la protection des populations « que le risque sanitaire est particulièrement important et nécessitait l’abattage ».

90% des troupeaux vaccinés dans le Doubs

Dans les périmètres de la zone réglementée, la quasi-totalité des éleveurs a fait vacciner ses troupeaux. La préfecture n’a adressé que 2 mises en demeure sur 1 000 exploitations. Les agriculteurs sont conscients du risque sanitaire et ont donc suivi les consignes de la préfecture.

Le seul objectif poursuivi est l’éradication de la maladie par le maintien des zones réglementées tout le temps de l’incubation et en veillant sur la situation de chaque animal (fièvre, perte d’appétit, fatigue…)

Des conditions d’indemnisation rapides

Nathalie Valleix a souligné « l’empathie réelle des services de l’État à l’égard de l’éleveur et de sa famille. Nous partageons sincèrement leur douleur. Nous sommes et nous serons quotidiennement à leurs côtés. Mais nous avons aussi un devoir de police sanitaire ».

Les indemnisations seront établies à dire d’experts et de façon contradictoire. Une procédure qui demandera un peu de temps. Dès à présent, l’État versera à l’éleveur sous 15 jours une avance forfaitaire de 2 100€ par vache et 1 100€ par animal de moins de 2 ans.

Une seconde indemnisation concernera la période d’improductivité : le temps pendant lequel l’exploitation devra être totalement décontaminée à laquelle s’ajoutera une période de trois mois. L’indemnisation se fera sur les éléments de chiffre d’affaires de l’exploitation.

Yves Quemeneur

Petit rappel : Cette maladie n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec les animaux infectés, ni par la consommation de produits issus de ces animaux.