Comment peut-on aujourd’hui être jeune et chasseur ?
Pour beaucoup comme pour moi, c’est une tradition familiale. Mon grand-père, mon père, un oncle étaient chasseurs et j’ai dès le plus jeune âge suivi mon papa avant de pouvoir passer mon permis à l’âge de 16 ans. Aujourd’hui, à 25 ans et étudiant en 7ème année de médecine j’ai gardé cet attachement à la ruralité et je continue à chasser en étant par ailleurs président des jeunes chasseurs du Doubs et désormais aussi de l’association nationale des jeunes chasseurs. Pour intéresser des personnes de ma génération qui n’ont pas cette tradition familiale, il faut juste discuter avec eux et les convaincre que la chasse est autre chose que les caricatures que certains en font… il suffit qu’ils acceptent au moins de venir nous accompagner pour leur prouver.
Vous admettez néanmoins que ce sport est sujet à polémiques ?
Je le comprends même parfois. Mais comme pour tous les sujets de société, arrêtons de mettre tout le monde dans le même panier. Oui, qui dit chasse dit in fine mort d’un animal, ça c’est une évidence. Oui, certaines pratiques et attitudes peuvent choquer et nous luttons contre cela. Mais il faut aussi admettre que la chasse a une utilité, même si cela dérange nos détracteurs, au travers de la régulation du grand gibier. L’agriculture notamment a besoin de la chasse pour protéger ses cultures et d’ailleurs, les chasseurs financent les dégâts dont ils sont victimes et aident à protéger certaines parcelles en installant des clôtures (et en pratiquant des tirs notamment sur le sanglier, et ce, parfois presque toute l’année dans certaines régions). Nous sommes aussi à leurs côtés pour favoriser la replantation de haies ou localiser les faons en période de fauche.
Seriez-vous indispensables sur les territoires ruraux et péri-urbains ?
Nous en sommes en tout cas des acteurs impliqués et incontournables. Au-delà de l’acte de chasse lui-même, nous travaillons donc avec les agriculteurs mais aussi avec les professionnels de la forêt pour trouver un équilibre sylvico-cynégétique, donc que la présence du grand gibier reste en adéquation avec le nécessaire développement des forêts. Nous enregistrons également des données biométriques sur différentes espèces comme le chevreuil afin d’avoir une vision globale sur cette population. J’ajoute enfin que les chasseurs sont sensibles au bien-être animal : nombreux sont ceux qui cet été ont créé des points d’eau pour donner à boire à la faune sauvage en cette période de sécheresse.
La pratique de la chasse n’est-elle pas pourtant vieillissante ?
D’un côté en effet le nombre de chasseurs à tendance à baisser et de l’autre le grand gibier est de plus en plus nombreux. Il faudra bien trouver des solutions à l’avenir. Je suis particulièrement intéressé par ce que fait la Fondation François Sommer au domaine de Belval dans les Ardennes où a été créée une école de chasse. C’est un véritable centre d’étude où on apprend à mieux connaitre les différentes espèces de gibier et où est prônée une utilisation respectueuse des ressources dans la nature. Bref, on y plaide pour une chasse raisonnée.
Un doux rêve non ?
Pas du tout. C’est plutôt un objectif notamment pour le président des jeunes chasseurs que je suis. Chacun de nous doit devenir un ambassadeur et être fier des actions qui sont les nôtres en faveur de la nature et de la biodiversité. Nous devons aussi adapter nos pratiques. Je défends notamment la traque affût qui est plus sécurisante que les traditionnelles battues et engendre moins de tirs. J’espère aussi que la chasse de demain gardera son côté populaire et accessible à tous. Et que nous trouverons de justes équilibres entre tous les acteurs et que nous travaillerons ensemble de manière constructive, responsable et durable.