Améliorer la qualité de l’eau dans le Doubs, les agriculteurs s’engagent

Initié en 2019 par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, l’appel à projet des "Paiements pour Services Environnementaux"(PSE) porté par GBM dans le cadre de son projet de territoire, avait été sélectionné parmi les 21 expérimentations retenues par l’Agence de l’Eau. Un point d’étape a été établi le 29 avril après deux années d’expérimentations.

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Thierry Decosterd Président du SIEVO, Stéphane Sauce Agriculteur à Nancray et chargé des PSE à la Chambre d'Agriculture 25-90, Christophe Lime Vice-Président de GBM en charge de l'eau et l'assainissement, Denis Jacquin Maire de Torpes et vice-président de GBM en charge des infrastructures et François Rollin Directeur territorial de l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, lors du point d'étape du 29 avril sur l'avancée des PSE ©YQ
27 exploitations agricoles de la vallée du Doubs, de la Loue et de l’Ognon

Ce projet expérimental est soutenu par la Communauté Urbaine de Grand Besançon,  le Syndicat Intercommunal des Eaux du Val de l’Ognon (SIEVO), la Chambre Interdépartementale d’Agriculture Doubs-Territoire de Belfort et la Fédération départementale des chasseurs du Doubs.

L’Agence de l’Eau rémunère pendant cinq ans les 27 exploitations agricoles volontaires dans le but d’améliorer la qualité de l’eau et la biodiversité dans les trois vallées.

Un lien important entre l’agriculture et l’environnement

Les deux premières années de ce dispositif ont démontré « l’intelligence de travailler ensemble » selon les mots de Christophe Lime, Vice-président de GBM en charge de l’eau et de l’assainissement. « Plus on  respecte la nature, moins on a besoin d’intrants » vante-t-il. Pour tous les acteurs des PSE, c’est donc une opération gagnant-gagnant. Les agriculteurs consomment moins d’herbicides et les usines de traitement de l’eau ont moins besoin d’investissements de traitement lourds et coûteux !

4 000 hectares sur un vaste territoire

Ils couvrent un territoire qui va de Fourg à Clerval en passant par Nancray et Valdahon. 1 748 hectares sont situés sur les zones de ressources stratégiques du Grand Besançon (captage de Saint Vit, Geneuille/Vallée de l’Ognon, source d’Arcier). Le périmètre du PSE  intègre également la qualité des eaux superficielles.

L’objectif est d’accompagner les agriculteurs dans la transition agroécologique, d’améliorer la qualité de l’eau potable, celle des cours d’eau et reconquérir la biodiversité.

Objectif 20 km de haies et 220 arbres plantés

Les exploitations agricoles volontaires s’engagent sur des indicateurs précis évaluant les performances environnementales.

A titre d’exemples, près de 8 km de haies ont été plantées en deux ans sur un objectif de 20 km d’ici 5 ans. L’azote dans les sols et les herbicides ont été diminués de 25% durant la même période et la performance agroécologique a été bonifiée de 1 point.

Les indicateurs sont différents selon les exploitations. Stéphane Sauce, agriculteur à Nancray et chargé des PSE au sein de la Chambre d’Agriculture précise « sur mon exploitation, certaines parcelles sont identifiées et plusieurs fois par an, je compte sur chaque parcelle le nombre de vers de terre et leur évolution ou l’augmentation du nombre de papillons. Dans d’autres cas, on peut planter de la luzerne qui ne nécessite pas d’engrais et pousse à des températures élevées, compter les invertébrés ou les oiseaux. »

Un budget de 3,4 millions d’euros

François Rollin, le Directeur territorial de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse indique que ce budget dédié à l’expérimentation doit avoir valeur d’exemple pour les autres agriculteurs. « Ils sont des contributeurs importants de l’environnement. Ils sont aussi des chefs d’entreprises qui doivent rentabiliser leur activité économique ». Au terme de ces cinq années d’expérimentation, tous les acteurs auront pris conscience que « l’eau est l’affaire de tous ».

L’écologie a un prix

Les consommateurs sont-ils prêts à payer plus chers les produits agricoles vertueux ? Les mêmes consommateurs sont-ils prêts à payer plus cher l’eau, cette denrée rare ? Rien n’est moins sûr ! S’agissant de l’approvisionnement en eau potable de Grand Besançon, il est également indispensable que l’Etat (via la DREAL et la DIR-EST) se préoccupe de protéger le marais de Saône au niveau de la RN57. Un camion d’hydrocarbures ou de produits chimiques qui se renverse et c’est toute l’eau potable de Besançon qui disparaît.

Yves Quemeneur