Besançon a rendu hommage aux victimes de l’esclavage le 23 mai

C’est devant la statue de Victor Hugo sur la Promenade Granvelle que Besançon a rendu hommage, pour la 7ème année, aux victimes de la traite négrière et également à Victor Schœlcher, initiateur du décret du 27 avril 1848 qui abolit l’esclavage

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Devant la statue de Victor Hugo, les lycéens du lycée Pasteur ont rendu un vibrant hommage aux victimes de l'esclavage, en présence des personnalités ©YQ
Journée nationale depuis le 28 février 2017

La date du 23 mai fait référence à une manifestation populaire à Paris, composée essentiellement de personnes ultramarines le 23 mai 1998. Il aura fallu attendre 20 ans pour que les descendants d’esclaves soient reconnus comme victimes « d’un crime contre l’humanité » (La France reste à ce jour le seul pays où l’esclavage a été reconnu crime contre l’humanité).

Autour de Saadia Tamelikecht, directrice de cabinet du préfet du Doubs, d’Abdel Ghezali 1er adjoint de la Ville de Besançon, Ludovic Fagaut 1er vice-président du département et l’inspecteur d’académie Patrice Durand, les élèves de seconde du lycée Louis Pasteur de Besançon ont lu avec beaucoup d’émotion un texte de Victor Schœlcher.

Une commémoration au cours de laquelle, les élèves ont également reçu leur diplôme du concours national « La Flamme de l’Egalité » sur le thème de la mémoire et de l’histoire de l’esclavage.

13 siècles d’esclavage et ça continue encore !

L’auto flagellation des pays européens et notamment de la France, ne doit pas faire oublier une histoire complexe autour de la traite des êtres humains. Si la traite dite « atlantique » dont la France, entre autres pays, s’est rendue coupable, a connu son apogée  au XVIIIe siècle faisant 12 millions de déportés africains en Amérique, la traite « orientale » et les marchands arabes en ont déporté 17 millions. Et la traite « intra-africaine » où les marchands vendaient leurs compatriotes en a fait 14 millions. La traite orientale et intra-africaine a connu son apogée au XIXe siècle.

Le commerce des êtres humains, et particulièrement des populations africaines n’a donc pas été de la seule responsabilité des pays européens.

45 millions d’esclaves dans le monde au XXIe siècle

C’est la Fondation Walk Free qui estime ce chiffre en précisant que 60% des victimes sont en Asie (Inde, Chine, Pakistan, Bangladesch…). Certains pays africains comme la Mauritanie pratiquent encore l’esclavage ou le travail forcé bien qu’il y soit interdit.

Le Bureau International du Travail (BIT) parle de 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans travaillant dans le monde, en particulier dans les réseaux de prostitution. En Thaïlande, on estime à 2 millions d’esclaves prostitués alimentant le tourisme sexuel…des touristes américains et européens.

En France, l’esclavage perdure sous des formes diverses (travail domestique non rémunéré, délinquance forcée et exploitation sexuelle). Les « propriétaires » peuvent être des ménages aisés mais également des résidents étrangers en France, souvent originaires des pays du Moyen-Orient.

C’est bien de pleurer sur les conséquences de la traite négrière dans la Louisiane du XVIIIe siècle. Il convient de pleurer aussi sur les baskets, les téléphones produits dans des conditions humaines indignes, et sur les extractions minières dans lesquelles les enfants souffrent et meurent pour alimenter les batteries de nos voitures électriques.

Yves Quemeneur