« À compter du 1er septembre 2025, la Ville de Besançon a décidé de désactiver les commentaires de ses publications institutionnelles sur Facebook…une décision prise uniquement pour des raisons juridiques ». Le début du communiqué de presse publié par la Ville de Besançon en réponse aux accusations de censure de l’opposition n’a semble pas convaincu les premiers visés.
Pour prendre cette décision, la Ville de Besançon s’appuie sur l’article L 52-1 du Code électoral qui « interdit à la ville d’utiliser ses supports de communication institutionnels afin de réaliser toute campagne de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion de la collectivité ». En outre, la municipalité brandit l’article L 52-8 du Code électoral « interdisant à la commune de Besançon de participer au financement de la campagne d’un candidat…sous quelque forme que ce soit… ».
De ces articles du code électoral, l’actuelle majorité en déduit… »que dans la mesure où les commentaires, par des citoyens, des publications de la Ville sur son compte Facebook peuvent tant servir à soutenir la politique de la majorité municipale qu’à la critiquer et donc, le cas échéant, à promouvoir les intérêts de l’opposition municipale, ils sont susceptibles de conduire à une violation des deux articles susvisés ». Avant de conclure : « il a été décidé de prévenir toute possibilité pour les usagers de compromettre, volontairement ou involontairement la régularité des élections municipales… ».
Une manière de réduire la liberté d’expression des citoyens pour Ludovic Fagaut
Pour Ludovic Fagaut « la majorité municipale de la Ville de Besançon utilise la réserve électorale pour réduire la liberté d’expression des citoyens à notre grand étonnement ». Le chef de file de l’opposition de Besançon poursuit « cette mesure arbitraire et disproportionnée restreint considérablement la liberté d’expression des habitants de notre ville, elle vise à masquer les critiques qui sont exprimées à l’encontre de la majorité municipale à l’approche des élections ».
L’affaire Raphaël Enthoven s’invite dans le débat juridique
Ce duel s’est déroulé alors que la Ville de Besançon se trouvait déjà dans un autre tourbillon médiatico-politique, après la décision de la Maire de Besançon de déprogrammer la venue du philosophe et essayiste, prévue pour la 10ème édition de Livres dans la Boucle, en raison de ses propos polémiques (le 15 août Raphaël Enthoven a écrit « qu’il n’y a aucun journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse », NDLR) et de ses positions sur le conflit israélo-palestinien. Selon la maire, tout cela poserait également la question de l’éventuel non-respect de même article L 52-1 du Code électoral. À l’inverse, la Maire de Besançon, candidate à sa propre succession, respecte-t-elle ces dispositions en utilisant un événement culturel de Grand Besançon Métropole (Livres dans la Boucle) pour justifier une position politique et donc à visées électorales, dans le conflit au Proche-Orient ?
Outre Ludovic Fagaut (LR), Éric Delabrousse (Horizons), Nicolas Bodin (PS), la LICRA…De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette seconde « opération de censure ». En face, le Parti communiste, à l’initiative du boycott de Raphaël Enthoven, La France insoumise (LFI) et les Écologistes justifient la déprogrammation de Raphaël Enthoven à Livres dans la Boucle, pour des opinions qu’ils ne partagent pas.

Raphaël Enthoven, par les hasards du calendrier, était l’invité de la CPME25 pour y parler d’Intelligence Artificielle. David Sauvant, le président départemental de l’organisation patronale a reçu quelques heures avant le « Gros Événement » un mail laconique d’Anne Vignot indiquant « ne pas pouvoir être présente compte tenu de celle de Raphaël Enthoven ». De son côté, Raphaël Enthoven a publié une lettre ouverte à Anne Vignot. Après plusieurs jours de pression, ce lundi 8 septembre la présidente du Grand Besançon a fait volte-face et annoncé… le maintien de Raphaël Enthoven au Festival Livres dans La Boucle. Deux polémiques alors que la période pré-électorale a débuté depuis le 1er septembre.