Besançon. Le collège Victor Hugo rend hommage aux résistants

Le 7 mai, Jean-Jacques Fito, Principal du collège Victor Hugo entouré de nombreux élus dont Anne Vignot et Ludovic Fagaut, et d’associations d’anciens combattants, ont procédé au dévoilement de 5 plaques mémorielles honorant élèves et professeurs, résistants de la première heure lors du dernier conflit mondial.

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Plaques mémorielles collège Victor Hugo
Jean-Jacques Fito, le principal du collège Victor Hugo, a fait une émouvante leçon de mémoire le 7 mai 2025, devant les enfants des classes de 6ème du collège ©YQ

Jean-Jacques Fito avait convié les élèves de toutes les classes de 6ème du collège à un moment de mémoire et de recueillement en souvenir de Fernand Belot et Raymonde son épouse. Ancien élève du lycée Victor Hugo, le tout jeune médecin prendra le maquis dans la région lyonnaise avant d’être fusillé 3 jours après le débarquement. Son épouse sortira vivante des camps de la mort.

Un devoir de mémoire émouvant

« Jamais une guerre n’avait tué et meurtri autant d’êtres humains, quels que soient leur âge, leur origine, leur condition sociale…on ne fut pas capable de dénombrer précisément le nombre de victimes : entre 60 et 85 millions de morts, des civils pour la grande majorité » commente Jean-Jacques Fito devant une assemblée d’enfants attentifs. « Une guerre avec autant de destructions de villes bombardées, de villages détruits, de campagnes brûlées au moyen d’armes effroyables : les premiers bombardiers lourds, les premiers avions à réaction, la première bombe atomique » poursuit le principal du collège en insistant sur « un tel excès de haine contre certaines populations comme l’extermination méthodique et scientifique de plus de 6 millions d’européens parce qu’ils étaient de confession juive… »

Son propos s’adresse aux jeunes générations « il est important de parler de cette guerre, de bien la connaître, donc de vous l’enseigner et de comprendre comment une telle guerre a pu advenir, quels moyens de propagande ont été utilisés pour manipuler les esprits, les foules, les peuples ».

Un hommage à tous ceux qui ont su refuser

« Résister malgré la peur…pour prendre les armes et combattre ensemble…Pour certains, par des mots, des messages de soutien, des journaux clandestins. Pour d’autres, l’abri que l’on accorde au fuyard…un enfant juif que l’on héberge, une grange pour offrir un peu de repos à un résistant…Pour certains, c’est l’espionnage, le renseignement que l’on récolte et que l’on transmet…des personnes simples comme vous et moi, des héros anonymes que l’on croisait dans les remarquer ».

5 élèves et professeurs font partie de cette armée des ombres

Le collège Victor Hugo salue le courage de ces héros qui ont fréquenté ce qui s’appelait à l’époque le lycée Victor Hugo.

Anne Vignot Maire de Besançon et les trois fils de Pierre Tourneux devant la salle de classe d'anglais qui porte désormais son nom
Anne Vignot Maire de Besançon et les trois fils de Pierre Tourneux devant la salle de classe d’anglais qui porte désormais son nom ©YQ

Pierre Tourneux a été élève du lycée Victor Hugo. Jeune étudiant, il entre en résistance. Il est arrêté, déporté et emprisonné pendant 3 ans. Il a survécu grâce à la poésie, des textes composés et appris par cœur pendant sa détention. A la libération, il enseignera l’anglais durant toute sa carrière au lycée Victor Hugo.

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Une salle de classe de Sciences porte désormais le nom de Camille Charvet-Kahn, professeure de sciences au lycée Victor Hugo, morte en déportation à Auschwitz-Birkenau ©YQ

Camille Charvet-Kahn enseignait les sciences physiques à Victor Hugo en 1939-1940. C’était la dernière étape de sa carrière. Elle décide pourtant d’entrer en résistance. De confession juive, elle est déportée et meurt gazée à son arrivée au camp d’Auschwitz-Birkenau.

Alexandre Kreisler fut élève et professeur au lycée Victor Hugo. Il a combattu pour le pays alors qu’il avait l’interdiction d’enseigner le latin, étant de confession juive.

Eleves et professeurs devant l'affiche de nom de Raymond Tourrain
le CDI du collège porte le nom de Raymond Tourrain, élève du lycée Victor Hugo, résistant et soldat de la 1ère armée française jusqu’au 8 mai 1945 ©YQ

Raymond Tourrain avait 14 ans quand les allemands envahissent Besançon. Refusant l’inacceptable, il résiste du 16 juin 1940 au 8 mai 1945, créant deux groupes de résistants. Il rejoint ensuite la 1ère armée française libre et se bat jusqu’au 8 mai 1945.

Henri Fertet est certainement le plus connu, à cause de la lettre qu’il adresse à ses parents, la veille de son exécution le 26 septembre 1943 à la Citadelle de Besançon. Il se sera battu jusqu’au bout avec un courage et des convictions si fortes, alors qu’il avait à peine 17 ans.

« Pierre, Camille, Raymond, Alexandre, Henri, ils ont pris tous les risques pour défendre notre liberté, celle dont nous profitons chaque jour. Ne les oublions pas et n’oublions pas ce contre quoi ils se sont dressés…la haine de l’autre ».

C’est pour veiller à garder cette mémoire intacte pour les générations d’aujourd’hui et de demain que ces plaques apposées sur des salles de classe ou du CDI, garantissent le maintien de la foi dans l’humanité et la fraternité. Le collège Victor Hugo a participé de belle manière au souvenir pour ce 80ème anniversaire de la fin de la 2nde guerre mondiale.

Yves Quemeneur