Né à Montbéliard et ancien étudiant de Besançon, le philosophe Lionel Rebout vient de diriger la publication d’un nouveau livre baptisé : « Comment construire une subjectivité carcérale. Un chercheur en prison » aux éditions Phanères. Dix-sept personnes ont contribué à cette publication. Anciens détenus, doctorants, spécialistes divers et variés, ils nous éclairent par leurs expériences et leurs réflexions.


L’avocate Saskia Haymann traite par exemple du téléphone en prison. Kakuko Matsumoto, professeure dans une université au Japon, évoque la musique en prison au Japon et en France. L’article de Michael Sanchez, chef de la maison d’arrêt de Montbéliard depuis 2021 et docteur depuis 2024 avec pour titre « Comment suis-je devenu un chercheur en prison ? La subjectivité carcérale au prisme de la policiarisation de l’institution pénitentiaire » est aussi un travail de qualité. Le témoignage de la détenue politique égyptienne Solafa Magdy mérite également d’être lu. « Comment rendre intelligible l’expérience carcérale, une matière si sensible qu’elle ne peut laisser indifférent, universitaire compris ? », s’interrogent les auteurs sur la quatrième de couverture du livre.

« Désarmer l’autre par l’amour », est-ce si naïf ?

« La prison cherche à ce que la personne soit la même et en même temps, elle pousse l’individu à être autre, à se changer », considère Lionel Rebout, avant d’expliquer ; « On est obligé d’arrêter la personne, de suspendre sa trajectoire. L’arrestation policière est importante, le jugement aussi ! »

Lionel Rebout se propose de « désarmer l’autre par l’amour ». Une solution que certains qualifieront, au premier abord, de naïve. Or, en y réfléchissant bien, elle pourrait bien être efficace. Pour lui, « beaucoup de gens en prison sont à la recherche d’amour (sans forcément le savoir). Avec l’amour, vous pourriez les basculer dans le bon sens du terme. Cela pourrait marcher dans 70% des cas », estime le philosophe. Travailler « dans la confiance » pour « repasser un contrat moral avec la personne » serait une voie à suivre pour Lionel Rebout, reconnaissant aussi que « c’est un sujet complexe ». Il conclut qu’il faut « faire confiance à l’humain, tout en étant vigilant aussi ».