Les besoins sociaux à Besançon en 2022

La loi oblige les collectivités locales à produire tous les cinq ans un état des lieux des besoins sociaux de leur population. Depuis plusieurs années, Besançon fait exception en éditant chaque année ce document, "pour avoir une approche au plus près des temporalités de la vie" (Anne Vignot).

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Pour Sylvie Wanlin, adjointe à la solidarité et vice-présidente du CCAS, « cet outil au service du CCAS et de la Ville de Besançon traite de cinq thématiques : contexte socio-économique, évolution de la démographie et de la population, revenus et niveaux de vie, habitat et logement, santé et accès aux soins. L’édition 2021 porte un regard plus spécifiquement orienté sur les jeunes ».

Contexte socio-économique
Sylvie Wanlin, Adjointe à la mairie de Besançon en charge des solidarités et vice-présidente du CCAS

Avec la sortie de crise fin 2021, l’emploi local se redresse même si la progression de l’emploi a été plus faible en Bourgogne Franche-Comté qu’au niveau national (+0,5% contre 1,1%). Sur le bassin d’emploi, le taux de chômage est de 6,5%, inférieur à celui de la région.  Présenté lors du conseil municipal du 2 mars, la crise majeure en Ukraine pourrait rebattre les cartes durablement : hausse de l’énergie, ralentissement de l’industrie. C’est tout le problème des analyses publiées en décalage avec la réalité.

Démographie et population

Au 1er janvier 2021, la France compte 67,4 millions d’habitants. La population a augmenté de 0.2% en 2020, augmentation due pour moitié au solde naturel (+ 67 000 personnes). Mais la pandémie est responsable d’une forte augmentation des décès et du recul de l’espérance de vie. A Besançon 951 personnes sont décédées en 2020, soit une augmentation de 10%/2019 et la baisse des naissances s’est poursuivie, en recul de 3% à Besançon.

Depuis près de 40 ans, la population de Besançon stagne autour de 116 000 habitants pendant que la population de Grand Besançon Métropole est passée de 119 000 habitants à près de 200 000. Si l’attrait des communes périphériques est liée au prix du foncier et la disponibilité des terrains à construire, la régression de la population bisontine ne semble pas inquiéter les élus…d’hier et d’aujourd’hui. Le dispositif « Cœur de Ville » qui bénéficie à Besançon devrait pourtant contribuer à la rénovation des logements du centre-ville et la construction de logements neufs…pas forcément dans le parc des logements sociaux. Encore faut-il plus d’attractivité économique, de nouvelles entreprises à haut potentiel technologique et vecteurs d’emplois qualifiés. La richesse culturelle, patrimoniale et naturelle devrait attirer ces salariés, sensibles également à la sauvegarde de l’environnement.

S’agissant de l’immigration « légale », la Ville de Besançon recense 967 signatures de CIR (Contrats d’Intégration Républicain) entre 2018 et 2020 dont 525 ayant le statut de réfugiés. Mais le contrat d’intégration républicain ne préjuge pas de l’acceptation définitive du statut de réfugié.

24% de la population bisontine a moins de 20 ans,  58% de 20 à 64 ans et 18% de plus de 65 ans.

« La capitale comtoise attire les jeunes de 18 à 25 ans mais ne les retient pas » souligne le document.

Revenus et niveaux de vie

L’analyse des besoins sociaux 2021 prend en référence les chiffres de…2018 ! « A l’époque » pourrait-on dire (avant la crise sanitaire et la guerre en Ukraine) le revenu médian mensuel disponible était de 1 631€. 24,5% des salariés vivaient de contrats précaires et 10,2% étaient des actifs non-salariés. Ils sont titulaires de la fonction publique ou en CDI pour 71% des femmes et 65% des hommes.

Le taux de pauvreté, à 22% des ménages, est dans la moyenne des villes de même strate (faut-il s’en réjouir ?) et 47% des ménages sont imposables (là encore, est-ce un bon critère d’attractivité du territoire ?). Le taux de pauvreté des moins de 30 ans progresse jusqu’à atteindre 36%, soit presque 4 jeunes sur dix. Le nombre de bénéficiaires du RSA a progressé de 6% en 2020, en partie en raison du maintien des droits pendant la pandémie et par l’arrivée de nouveaux entrants privés de ressources.

Logements et quartiers

La Ville de Besançon compte 16 504 logements sociaux dont la majorité (54%) est située dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV). Le parc de résidences principales est vieillissant, 75% ont été construites avant 1990 (et 60% entre 1948 et 1990). Dans les enjeux notés par l’analyse des besoins sociaux, la municipalité de Besançon « se dit préoccupée d’un marché immobilier où l’offre de logement social est inférieure à la demande… » L’objectif d’une Ville n’est-il pas au contraire de permettre à plus d’habitants de sortir des « logements sociaux » en améliorant l’attractivité du territoire, l’arrivée de nouvelles entreprises et un meilleur niveau d’employabilité ?

« Les politiques liées au logement et à l’habitat s’attachent à la performance énergétique des bâtiments, à la qualité environnementale, à la mixité d’usage et la lutte contre l’étalement urbain » commente le document. Le NPRU de Planoise répond en partie à ces objectifs, en particulier en matière de mixité. Le centre-ville de Besançon ne doit pas être oublié dans l’accompagnement des bailleurs privés à améliorer la performance énergétique des logements. Enfin, le parc de logements à Besançon est constitué pour 62% à des locataires et 35% à des propriétaires.

Santé

Besançon et son agglomération n’ont pas échappé aux différentes vagues du coronavirus. Depuis le 1er mars 2020, on a enregistré 527 décès dans le Doubs, la région faisant partie de celles les plus touchées. Grâce à une politique vaccinale très bien relayée par la Ville de Besançon et les communes périphériques, on recensait au mois d’octobre 2021 87,6% des plus de 65 ans ayant un schéma vaccinal complet.

Si le territoire urbain de Grand Besançon Métropole est considéré comme une « aire urbaine contrastée » selon l’observatoire régional de santé, le département du Doubs est plutôt favorisé en matière d’accès aux soins. Indicateur de précarité, 14,3% des affiliés bisontins à la CPAM n’ont pas de complémentaire santé et 20% bénéficient de la complémentaire santé solidaire (ex-CMU). Le chiffre inclut les bénéficiaires de l’AME (Aide Médicale d’Etat pour les étrangers sans titre de séjour).

Sur une période de 24 mois, les habitants de Besançon, toutes tranches d’âges confondues, ont recours à un médecin généraliste à 81% et seulement à 49% chez les dentistes. Le recours au généraliste est plus faible à Besançon que dans l’agglomération.

Un dernier chiffre considéré « comme un risque au long cours » pour les jeunes. Le dépistage de santé scolaire réalisé en 6ème sur l’année 2020-21 fait apparaître 19,1% des enfants en surpoids ou obésité sur le territoire de Besançon.

L’analyse des besoins sociaux comporte des indicateurs nécessaires dans les prises de décision politiques à condition toutefois que le délai entre la collecte des données et les actions ne soit pas trop long. D’une année à l’autre, ce dossier, exhaustif, fait aussi le constat que les remèdes ne suivent pas le diagnostic ou ne sont plus adaptés à la maladie.

Yves Quemeneur