Au sortir de la guerre, L’Etat va donc inciter chaque village à ériger un monument en hommage à ses morts pour la France. L’heure est en effet aux commémorations, au souvenir, au devoir de mémoire et ce dans un esprit apaisé. Il y a bien quelques signes ici ou là qui trahissent les convictions des élus et décideurs puisqu’on retrouve malgré les recommandations de la loi, des signes religieux. Ils sont plus ou moins visibles aux côtés d’une statue de poilu couché ou triomphant au combat, d’une veuve ou d’un orphelin éploré. Les discussions sont parfois houleuses mais dans la majorité des cas, le monument finit par sortir de terre.
A Goumois, faute de trouver un compromis avec les autorités républicaines, le projet sera purement et simplement abandonné. Il faudra attendre 2001 pour voir enfin le village doté d’un monument aux mort, une stèle réalisée par un ressortissant allemand. Pourtant, sept de ses citoyens sont tombés au champ d’honneur lors de la première guerre mondiale. Mais au moment de leur rendre hommage, le curé de la paroisse, lui-même ancien poilu, ne souhaitait pas voir le nom d’un des soldats figurer parmi les autres. Sa faute ? Être un rouge, non-croyant proche de la franc-maçonnerie ! Une des veuves fera de son côté apposer une plaque à l’église avec seulement quatre noms, ceux des bons catholiques, croyants et pratiquants.
Il aura fallu beaucoup moins de temps pour ériger un autre monument que tous les travailleurs frontaliers connaissent bien. Situé au Col des Roches, l’imposant édifice est dédié à la mémoire « des soldats français et des volontaires du district du Locle morts pour la France ». 43 noms y figurent à l’initiative à l’époque de la Société Française du Locle.