Économie. L’industrie a besoin de talents

C’est le message porté par l’UIMM Doubs et Franche-Comté et les entreprises industrielles du territoire à l’occasion de la 14ème édition de la Semaine de l’Industrie qui s’est déroulée du 17 au 23 novembre.

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Damien Tournier, Président de l'UIMM du Doubs et Directeur général de Schrader Pacific à Pontarlier ©YQ

« L’industrie est la clé pour démontrer que la souveraineté économique, la transition écologique, la création de richesses et donc l’emploi sont au cœur des enjeux nationaux », rappelle Damien Tournier, président de l’UIMM du Doubs.

Toyota Besançon

Une centaine d’événements pendant une semaine

L’UIMM Franche-Comté et l’AIPMI Franche-Comté se sont fortement impliquées pour cette nouvelle édition de la semaine de l’industrie. 70 visites d’entreprises ont été organisées pour les collégiens, lycéens, familles et demandeurs d’emploi. Les centres de formation du Pôle formation de l’UIMM Franche-Comté ont permis de faire découvrir des technologies innovantes et des parcours de formation ambitieux menant à des emplois valorisants.

Les Écoles de production, une voie d’excellence méconnue

Damien Tournier souligne : « tout ce qui nous entoure, tout ce que nous utilisons…a été fabriqué. Du tabouret de bar en acier à l’écran du smartphone ou la valve d’un pneumatique, chaque objet du quotidien a nécessité la compétence, d’un usineur, d’un régleur, d’un décolleteur, d’un ingénieur… » Et les métiers de l’industrie sont bien rémunérés. « Métiers techniques nécessitant des compétences particulières, à qualification égale, les salaires y sont 13 à 15% supérieurs aux autres secteurs et ils sont porteurs de sens, une attente forte des jeunes générations ».

L’intéressé est également Président de l’école de production de Besançon, implantée à Palente. Au cours de la semaine de l’industrie, les élèves des collèges de la région ont pu visiter ces Écoles de Production à Besançon et à Belfort pour y découvrir les métiers de l’usinage, de la métallerie et de la chaudronnerie dans un modèle pédagogique adapté. « On ne fait pas venir les jeunes dans l’industrie par défaut » poursuit Damien Tournier « mais par les compétences qu’ils vont y acquérir et la passion de faire et bien faire ». Ainsi, dans les Écoles de Production, les jeunes élèves vont obtenir un CAP puis un BAC pro, quatre années de formation leur donnant une véritable compétence dans leur métier. Dans le monde de l’enseignement, les professeurs sont maintenant plus attentifs à faire connaître le monde industriel. « Nous avons à leur faciliter l’accueil. Souvent les enseignants nous disent – on n’osait pas vous demander de peur de vous déranger – une visite d’usine doit se préparer bien sûr pour des raisons parfois de sécurité ou de confidentialité mais les industriels sont demandeurs de faire connaître la passion de leurs métiers. Pour les opérateurs, c’est une fierté de montrer leur expertise ».

L’industrie, des métiers au féminin

Le renforcement de l’attractivité du secteur industriel passe aussi par sa féminisation. Moins d’un tiers des emplois de l’industrie est assuré par les femmes alors qu’elles y excellent. « Nous avons des progrès à faire pour transformer l’idée selon laquelle l’industrie n’est pas un métier de femme » insiste Damien Tournier. « Quand elles choisissent l’industrie, ça marche, elles y réussissent ».

Réindustrialiser… un vœu pieux ?

« Pour les investisseurs et les industriels, le poids de la fiscalité qui pèse sur le travail et l’outil de production est un frein à la réindustrialisation du pays, et notamment de la Franche-Comté…Pour les entreprises qui existent on veut les punir sans comprendre pourquoi » s’irrite Damien Tournier. Le patron de l’UIMM du Doubs est lui-même chef d’entreprise. Il plaide pour une baisse de la fiscalité et surtout une pause fiscale. « Comment un investisseur peut imaginer construire une usine sans savoir sur quelle fiscalité stable il va pouvoir élaborer son modèle économique, élaborer ses produits…pour les vendre ? »

Damien Tournier ne décolère pas quand on montre du doigt l’excès de tel ou tel entrepreneur. « Les chefs d’entreprise sont des créateurs de richesse au quotidien. Et on voudrait taxer un patrimoine qui n’existe que sur le papier en les privant de nouvelles capacités d’investissement, de recherche et d’innovation ». Ils sont pourtant nombreux en Franche-Comté, ces entrepreneurs qui participent concrètement à la protection du patrimoine historique et architectural, qui contribuent à la diffusion de la culture et qui créent dans leur entreprise un collectif porteur d’avenir.

Pour Damien Tournier, la Semaine de l’industrie est un outil de communication intéressant. Mais la promotion de l’industrie, fleuron de la Franche-Comté (l’industrie compte pour 20% du PIB régional), demande des actions pérennes et une politique pro-entreprise plus affirmée, au-delà du slogan « Avec l’industrie, fabrique ton avenir ».

Les belles histoires de l’industrie

« La semaine de l’industrie est l’occasion de valoriser les femmes et les hommes qui font vivre l’industrie au quotidien », souligne Damien Tournier.

Le triage des œufs chez Coquy nécessite une ligne industrielle. Qui sait qu’Arabelle Solutions (aujourd’hui filiale à 100% d’EDF) produit à Belfort la turbine à gaz « Arabelle-1700 » la plus puissante au monde ? L’industrie franc-comtoise participe à la souveraineté énergétique de la France avec une énergie essentiellement décarbonée. Forvia (ex-Faurecia) est un équipementier automobile fortement implanté dans le Doubs. La plupart des voitures qui circulent dans le monde, ont des composants francs-comtois. Ou encore Cryla, dont environ 50 000 pièces métalliques fabriquées à Besançon équipent le cockpit de chaque Airbus. Et puisque l’on parle de l’essor des voitures électriques, celles-ci existeraient-elles sans les rotors et stators fabriqués chez R.Bourgeois à Besançon ? « Nous avons de belles histoires à raconter dans l’industrie », résume Damien Tournier.

Yves Quemeneur