Nos députés auraient-ils la mémoire courte ou leur manque de dignité serait-il sans fin ? Il y a 11 ans, en pleine campagne présidentielle, le terroriste islamiste Mohammed Merah assassinait des enfants et adultes à Toulouse et Montauban. À l’époque, le monde politique avait respecté une trêve de 48h.
À Annecy, les victimes n’ont le droit qu’à une minute de silence et de respect. Ce 8 juin 2023 à 11h, moins de deux heures après l’attaque au couteau sur des enfants dans un parc de jeux, l’Assemblée nationale apprend le drame. Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’AN, fonce sur les caméras et utilise les victimes d’Annecy alors en urgence absolue pour évoquer la réforme des retraites. « […] On a envie de vous dire qu’être en ce moment dans l’hémicycle avec une espèce de bataille de chiffonnier sur la recevabilité ou non d’amendement nous paraît en total décalage par rapport à l’effroi qui submerge notre pays […] ». Viendront après seulement les pensées et le soutien aux victimes…
L’escalade de cette récupération politique abjecte s’enchaîne : à quelques pas, Eric Ciotti le chef des Républicains se précipite : « […] ce profil naturellement, l’enquête le confirmera ou non, ne laisse pas indifférent […] ». Le député qui a certainement vu la vidéo circulée sur les réseaux sociaux, appelle ensuite à « sauver notre civilisation ». Une heure plus tard on apprend que l’assaillant est un réfugié syrien chrétien venu de Suède, qui a crié deux fois « au nom de Jésus Christ ! » avant de passer à l’acte, loin des clichés et suppositions informelles liées à son apparence physique. Alors l’indécent Éric Ciotti annule finalement sa conférence de presse, le discours prévu ne matche plus. D’autres élus de son parti le suivront comme Olivier Marleix. Pire, depuis le 8 juin l’extrême-droite française va au-delà et tente de capitaliser sur l’attaque d’Annecy pour bousculer le gouvernement sur sa politique migratoire. Les masques de l’effroi n’auront pas tenu très longtemps.
Dans cette série de réactions infâmes, on en vient à saluer les messages de nos députés locaux, Annie Genevard (5e cir), Éric Alauzet (2e cir), Laurent Croizier (1e). Tous ont rendu un hommage sobre et solennel aux victimes. En somme, ce qu’il fallait simplement faire.