La maire écologiste avait annoncé lundi 9 juin que le drapeau palestinien flotterait à Besançon en signe de soutien aux habitants et victimes « du génocide commis par le gouvernement de Netanyahu ». Chose promise, chose due trois semaines plus tard. Devant plusieurs centaines de personnes amassées sur l’Esplanade des Droits de l’Homme ce lundi 23 juin, Anne Vignot, accompagnée de tous les chefs de groupes politiques de la majorité, hisse le drapeau palestinien aux côtés de celui de l’Ukraine, de la France et de l’Europe. La paix, partout, pour tous. Si le message est unanime, le choix d’afficher le drapeau palestinien suscite de vives critiques, à commencer par l’opposition bisontine. Si Ludovic Fagaut (LR), vice-président au conseil départemental dénonce « des positions personnelles de la maire » tout en assurant qu’il n’écrirait pas au préfet Rémi Bastille, le député Laurent Croizier (Modem), lui, saisit le représentant de l’État dans la foulée. Invoquant le principe de neutralité d’une collectivité, la Préfecture du Doubs demande à Anne Vignot de retirer ce drapeau palestinien. Dans une réponse détaillant une importante liste d’arguments, la maire enjoint Rémi Bastille à revoir sa position. Une opposition qui ira donc jusqu’au tribunal administratif.
Comme ailleurs en France dans ce type d’affaires, sauf incroyable retournement de situation, l’administration devrait donner raison à la Préfecture. Anticipant cette décision, les soutiens à la cause palestinienne dénoncent un « deux poids deux mesures » en observant cet indéfectible soutien à l’Ukraine. La France, l’Union européenne et l’ONU ont officiellement reconnu l’invasion de la Russie comme une agression illégale, ce qui change tout dans la position de l’État et des collectivités vis à vis de la Palestine, comme Israël. Pour l’État palestinien en revanche, si le Président de la République Emmanuel Macron a marqué les esprits en annonçant que sa reconnaissance « n’est pas simplement un devoir moral mais une exigence politique », les mots n’ont pas été suivis des faits. Une reconnaissance officielle repoussée par une nouvelle escalade entre Israël et l’Iran, sans nouvelle date de report. La maire de Besançon a peut-être plus de courage que le Président de la République. Sans les mêmes responsabilités, cela ne vaut pas grand-chose. Pendant ce temps, les massacres, eux, continuent et cette polémique bisontine, n’y change rien.