Chez Hebdo25, l’heure des vacances approche. Cet édito de la semaine est le dernier avant la traditionnelle pause estivale. En écrivant ces lignes et toutes les autres pour les différents sujets traités, je mesure ma chance. Celle de pouvoir exercer un métier qui me passionne, là où je suis né, afin d’informer une population que je connais, sur l’actualité qui l’entoure. Je mesure d’autant plus cette chance à l’heure où me parvient le communiqué de la société des journalistes (SDJ) de l’Agence France-Presse (AFP). Un nouveau message d’alerte, pour raconter l’enfer vécu par mes confrères palestiniens. Un long récit pour expliquer comment, faute de nourriture et d’énergie suffisante, les informations n’arrivent plus. Bashar a 30 ans, mon âge, et vit dans les décombres de Gaza. Il se déplace à pied ou sur un âne pour tenter de photographier et enregistrer l’horreur du quotidien en Palestine mais aussi pour trouver de l’eau et des ressources de première nécessité. Ahlam est installée plus au Sud. Pour elle comme l’ensemble des civils, chaque heure qui passe rend la suivante encore plus incertaine. Ils sont une dizaine, au total, à tenter de travailler ainsi. Le message de l’AFP se termine par ces mots glaçants : « Depuis que l’AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim. »
Si le mutisme et l’hypocrisie inondent une majeure partie des médias français dans leur manière de couvrir ce « conflit israélo-palestinien » – peut-on encore l’appeler ainsi au regard de la situation – la publication de l’AFP aurait pu, aurait dû déclencher une incommensurable vague de soutien de l’ensemble de la profession pour ces correspondants palestiniens. Ils racontent leur quotidien, comme nous, rêvant de pouvoir vivre le nôtre. L’ignoble blocus opéré depuis des semaines par l’armée israélienne et son gouvernement d’extrême-droite et les crimes de guerre perpétrés par celui-ci, anéanti toute lueur d’espoir. Les journalistes et correspondants palestiniens n’ont plus d’autre choix que de se tourner vers l’Occident et son insupportable silence. Dans le même temps, des menaces viennent aussi du Hamas. Le mouvement islamique filtre, censure et fait pression sur les journalistes trop critiques à son encontre. Prises en tenaille, les vies des journalistes sur place ne tiennent plus qu’à un fil. Ce modeste soutien est aussi là pour vous rappeler, chers lecteurs, qu’il fut un temps pas si lointain où notre territoire vivait la même horreur.