Fichtre !

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À quoi bon vous le cacher ?
« Fichtre » est un mélange de fiche et de foutre ! Rien d’appétissant, mais l’interjection, un peu désuète, mérite qu’on s’y intéresse. Juste un peu…

Sur le foutre, je ne m’étalerai pas. Mais le fiche mérite notre attention.

J’entends les devins : « je vous en fiche mon billet ! ». L’expression nous vient du XIVe siècle et traduit une affirmation péremptoire destinée à écraser l’auditeur de façon irréversible sous le poids de nos certitudes.

Ce verbe ficher dont la définition dans nos dictionnaires est bien hésitante et polyphonique a trouvé son public. C’est un des grands standards de la langue populaire.

On voudrait qu’on nous fiche la paix. Sinon nous pourrions ficher le camp. Après avoir fiché une bonne taugnée, y compris à tous ceux qui, pourtant, n’en ont rien à fiche.

On voit déjà la difficulté de miser sur ce fichu verbe ambigu et instable.

Et si l’on « fiche son billet » la complexité ne fait que s’accroître. Car il est des billets doux, des billets de banques, des billets d’humeur et des billets de train…

« En ficher son billet » c’est affirmer. C’est en mettre sa main à couper mais en version prudente. Ne le faites pas à la russe, peuple dont la violence sait s’exprimer, car chez eux on en met sa tête à couper, organe capital dont la greffe reste à ce jour impossible malgré les progrès de la chirurgie esthétique.

Pire que la tête : les brésiliens en mettent leurs coucougnettes à couper : corto meu saco. Voilà qui est bien imprudent pour un organe impair et dont la perte est sans appel ! L’anglais est plus prévoyant : I bet my boots : j’en parie mes bottes.

Fichtre ! Comme nos anciens ont eu raison d’en rester au billet et seulement dans les cas graves à la main à couper !