Grand Besançon. Plusieurs élus locaux se dressent contre le projet d’éoliennes à Nancray

Le 12 novembre 2025, des maires du premier plateau et une association de défense de l’environnement organisaient un point-presse pour marquer encore et toujours leur opposition au projet d’installation de trois éoliennes sur la commune de Nancray.

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Benoît Vuillemin Maire de Saône, Jean-Luc Barbier Maire de La Chevillotte et Thérèse Robert Présidente de l'association AVSGPEN lors du point presse du 12 novembre 2025 ©YQ

« Un projet imposé par Vincent Fiétier, le maire de Nancray ». Jean-Luc Barbier, maire de La Chevillotte élu en 2022 suite à la démission pour raison de santé de Claude Savonnet s’était déclaré dès son élection fortement opposé au projet d’éoliennes « considérant que le projet n’était pas adapté au territoire et refusé par la grande majorité des habitants des communes impactées ».

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De son côté, Benoît Vuillemin Maire de Saône est désormais plus enclin à une parole libre, l’édile de Saône ne briguant pas un nouveau mandat. Celui qui est encore vice-président de Grand Besançon en charge de l’attractivité et du tourisme s’inquiète des conséquences d’un tel projet sur l’attractivité touristique du 1er plateau avec notamment la présence du musée des maisons comtoises. Thérèse Robert, ancienne maire de Gennes, est présidente de l’AVSGPEN. L’association environnementale très active sur le site Seveso de Gennes, a pris les armes contre les éoliennes de Nancray. Daniel Huot, le maire de Mamirolle et Charles Piquard maire de Osse et président de l’association des maires ruraux du Doubs, absents, soutiennent la démarche.

Sensibiliser la population à quelques mois des élections municipales

Dans les 11 communes impactées par le projet éolien, les conseils municipaux ont largement rejeté le projet : 2 ont voté pour et 9 s’y sont opposés. Ensemble, ils représentent 90% des habitants de la zone. « Dans l’hypothèse d’une réforme nécessaire de réduction du nombre de communes, qu’en sera-t-il d’un projet rejeté par tous les habitants ? « , s’inquiète Benoît Vuillemin. Pour Jean-Luc Barbier et Benoît Vuillemin, le sujet sera au cœur des échanges lors des municipales de mars 2026.

Une situation en attente

Après l’enquête publique menée en septembre et octobre 2024, qui a reçu 850 contributions des habitants, le préfet du Doubs a donné son aval au projet sur le rapport des commissaires-enquêteurs (rémunérés par Opale, le porteur du projet…). Thérèse Robert a fait un premier recours gracieux devant le préfet, resté infructueux. L’association, soutenue par les communes, a porté l’affaire devant la Cour d’Appel administrative de Nancy qui n’a pas rendue son arrêt. Qu’en sera-t-il en avril 2026 si, comme les opposants en sont persuadés, les habitants de Nancray sanctionnent l’actuel maire ?

Trois éoliennes de 200 mètres au milieu d’une forêt

Une seule éolienne, c’est 700 m³ de béton sur 25 mètres de profondeur dans un sous-sol karstique dans le périmètre élargie du Marais de Saône, soit un bétonnage de plus de 2000 m³. « Pour notre commune, c’est une dévalorisation des habitations et du foncier dans une zone forestière où nichent de nombreux animaux » s’insurge Jean-Luc Barbier. « L’installation de ces éoliennes pourraient également avoir un impact dangereux sur les plans de vol des avions de l’aéroport de La Vèze, en approche ou au décollage » a souligné Benoît Vuillemin. « Nous ne comprenons pas le côté obsessionnel financier de Vincent Fiétier, obsession qui n’a rien d’écologique » s’inquiète le maire de Saône.

Quel impact écologique ?

Thérèse Robert insiste « les nuisances sonores (infrasons) ont des conséquences sur la faune. Et les pales d’éoliennes sont dangereuses pour les chauves-souris, le Milan royal ou les cigognes noires ».

De son côté, la députée écologiste de la 2ème circonscription est favorable au projet. Dans le cadre de l’enquête publique, Dominique Voynet précisait le 1er octobre 2024 :  » je prends fermement position en faveur de ce projet… L’implantation d’éoliennes à Nancray s’inscrit parfaitement dans les objectifs de la France qui vise à produire 33% de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030″.

Thérèse Robert, quant à elle, souligne « cette énergie intermittente dans une zone parmi les moins ventées de France, nécessitera 15 kms de raccordement au réseau principal, un raccordement financé par une taxe additionnelle sur les factures d’électricité ». Benoît Vuillemin rejette « une technologie désormais inadaptée, polluante en amont (fabrication, transport des toupies à béton…) et dont les éléments ne sont pas recyclables. Dans une région agricole comme la nôtre, le développement de la méthanisation est une meilleure réponse ».

Il y a encore du vent à passer sur le 1er plateau avant que les éoliennes de Nancray n’éclairent et chauffent les habitants.

Yves Quemeneur