Gwendoline Matos, référente sport handicap dans le Doubs

La jeune femme est aussi membre de l'équipe de France de goalball avec laquelle elle espère bien participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Rencontre avec une véritable sportive de haut niveau, passionnée et engagée.

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Quel a été votre parcours ?

A l’âge de 7 ans on m’a détecté une maladie génétique rare de la rétine qui impact ma vision et m’a rendu déficiente visuelle. J’ai dès lors fait le choix d’intégrer une école spécialisée à Besançon, le Centre régional d’enseignement et d’éducation spécialisés pour déficients visuels (CREESDV) où j’ai pu suivre une scolarité adaptée qui m’a permis d’obtenir par la suite un BEP Carrière sanitaire et social puis un BAC Pro services en milieu rural. J’ai ensuite travaillé au CHU de Besançon puis à la mairie de Besançon et depuis mars 2022 je suis référente sport handicap au conseil départemental du Doubs.

 

Avec quelle mission précisément ?

Ma mission est de développer l’activité sportive chez les personnes en situation de handicap. Avec mon binôme, Adrien Fougères, j’accompagne les personnes qui souhaitent faire du sport en leurs indiquant les parasports existants, en recherchant les clubs à proximité, en informant sur les solutions existantes en termes de déplacement ou d’aide financières. D’autre part, je travaille au développement d’une plateforme numérique dédiée au parasport dans le Doubs qui permettra aux personnes concernées de pouvoir trouver toutes les informations nécessaires , annuaire des clubs, découverte des sports, fil d’actualité… Cette plateforme s’appelle Oz.

 

Parlez-nous de votre propre expérience sportive…

J’ai découvert le monde handisport durant ma scolarité, notamment le goalball en 2016. Tout est alors allé très vite puisque dès l’année suivante, j’intégrais non seulement l’équipe créée à Besançon mais aussi l’équipe de France où j’ai toujours évolué depuis. J’ai déjà joué trois championnats d’Europe sous le maillot tricolore dont l’Euro 2021 qui nous a permis de gagner une médaille de bronze et de remonter en division A. L’an dernier, nous avons également terminé 12ème du championnat du monde au Portugal alors que la France était jusqu’alors au 48ème rang seulement.

 

Une carrière internationale. Avec l’objectif JO 2024 à Paris ?

Avec la sélection nationale, je participe à beaucoup de stages équipe de France au CREPS de Wattignies  et à différents tournois internationaux comme le Japon, en Lituanie, en Allemagne en Suède et bientôt au Monténégro en décembre pour un nouveau Championnat d’Europe. Bien entendu j’espère être sélectionnée pour les Jeux Paralympiques de Paris qui se dérouleront du 29 août au 5 septembre 2024…La liste des filles retenues sera connue en mars prochain.

 

Avez-vous le statut de sportive de haut niveau ?

Oui c’est le cas et J’ai un emploi du temps adapté pour me permettre de m’entrainer et de participer à tous ces déplacements. Je suis aussi entourée d’un préparateur physique depuis deux ans avec qui Quand je m’entraine, je travaille le cardio, la musculation et la proprioception qui permet de repérer son propre corps dans l’espace. Un préparateur mental m’accompagne également pour gérer le stress. A cela s’ajoutent les entrainements individuels deux fois par semaine pour progresser quant au positionnement sur le terrain et à la précision et enfin les rendez-vous bihebdomadaires avec mon club, l’association sportive et culturelle des centres de Bregille.

 

Un rythme qui va s’intensifier dans les mois à venir ?

Si je suis retenue pour les Jeux Paralympiques de Paris avec l’équipe de France, il y aura en effet une préparation avec la sélection. Et j’aimerais beaucoup y ajouter un séjour individuel au Brésil, un pays où le niveau en goalball est bon, pour gagner encore en expérience et continuer à progresser.

 

Cette vie qui demande certainement beaucoup de sacrifices ?

Du temps bien sûr mais aussi des moyens financiers. Pas pour tout ce qui concerne l’équipe de France où tout est pris en charge mais pour tout le reste du travail effectué en solitaire. J’ai donc des sponsors, Pop, Onlineformapro, la Mutuelle Ecouter Voir et Erdil. Ils sont indispensables pour financer mes préparateurs et mes équipements et donc me permettre de poursuivre ma carrière au haut niveau.

 

 

 

ENCADRE

C’est quoi le goalball ?

Un terrain de volley (9 m de large et 18 de long), mais -évidemment- sans les poteaux et le filet au milieu, deux buts (1,30 m de hauteur sur toute la largeur du terrain) à chaque extrémité et trois joueurs/joueuses par équipe qui, à tour de rôle, se lancent à la main et plongent pour tenter d’arrêter un ballon sonore rempli de grelots à la taille et au revêtement d’un ballon de basket ! C’est l’unique sport collectif féminin présent aux Jeux Paralympiques pour les personnes déficientes visuelles. Chaque joueur porte un masque opaque pour être tous au même niveau de cécité.