C’est une deuxième année consécutive marquée par la crise sanitaire. En tant que maire et président de la CCGP, comment avez-vécu 2021 ?
Nous avons été rythmés par cette crise en s’adaptant au contexte, aux règles pour ne jamais rompre la continuité du service public. La vie associative, économique et sociale est réapparue jusqu’en décembre, c’était très positif mais l’épée de Damoclès qu’est la Covid-19 nous pousse à redémarrer 2022 comme début 2021. En parallèle, les collectivités ont lancé des projets structurants, comme les schémas de l’eau et l’assainissement, les modes doux, la troisième tranche de parcelles sur la zone des Gravilliers ou encore le lancement du centre Aquatique. Entre la Ville et la CCGP, 2021 c’est 15 millions d’euros d’investissements qui vont se poursuivre en 2022 avec un niveau légèrement moindre. C’était l’un des aspects du soutien économique que l’on souhaitait par rapport à la crise.
Concernant la crise sanitaire, alors que l’on parlait d’un retour à l’Espace Pourny pour augmenter la capacité de vaccination et de dépistage, c’est finalement un deuxième centre de vaccination qui va être créé à Doubs. Pourquoi ce choix ?
A partir du moment où l’on souhaite maintenir « la vie » et notamment la vie associative tout en priorisant la gestion sanitaire, on ne peut pas tout annuler à nouveau. Beaucoup d’associations se sont inscrites à l’Espace Pourny pour 2022 afin d’organiser des événements dont la fréquentation respectera les jauges. A partir du moment où le message du gouvernement est « nous devons continuer à vivre » et qu’il y a des activités à l’Espace Pourny, je ne peux pas re-bloquer l’espace. En parlant avec le préfet et l’ARS, j’ai proposé que l’on travail sur un deuxième centre. En plus du théâtre Blier, la salle des fêtes de Doubs sera réquisitionnée à partir du 12 janvier jusqu’au 31 mars. La commune met à disposition sa salle et la CGGP va prendre en charge tout l’aspect logistique.
Le centre Aquatique est l’un des projets phares, légèrement décalé…
C’est le projet du mandat. Il n’y a pas de retard lié à la crise contrairement à d’autres dossiers. Nous présenterons et déciderons du projet avant la fin du premier trimestre de cette année, le premier coup de pioche devrait arriver mi-2023 avant une livraison en 2025, si tout se déroule normalement.
La création de mode doux de déplacement est-elle réellement concrète sur un territoire où la voiture reste indispensable et pour laquelle le projet de la RN57 est en préparation ?
On va doubler le kilométrage de pistes cyclables au niveau de la Ville ça répond à une demande du public, c’est du concret. Pour autant ça ne va pas aider les milliers de frontaliers à aller travailler chaque jour. Ici, les modes doux ne remplaceront jamais la voiture car notre territoire est atomisé au niveau de la répartition de l’habitat et des lieux de travail. Il faut développer les modes doux, nous y travaillons chaque année, ça ne doit pas se faire au détriment de la voiture mais en corrélation avec celle-ci. Donc on ne peut pas opposer les modes doux au projet d’aménagement de la RN57.
Qu’est-ce qui a permis d’enclencher les premières études sur un projet d’aménagement voulu depuis des années ?
Il n’y avait pas d’argent avant ! C’est l’intervention de la député Annie Genevard au niveau du gouvernement qui a permis d’inscrire au budget les 20 premiers millions d’euros pour enclencher les premiers travaux. A cause de la crise sanitaire nous avons pris 6 à 8 mois de retard, l’enquête publique devrait être ouverte à la mi-2022, si tout va bien.
La population du Haut-Doubs continue d’augmenter et pose une nouvelle question, celle du foncier et de sa rareté, en particulier à Pontarlier. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Les lois obligent une ville à se reconstruire sur elle-même dorénavant. Le Plan local d’urbanisme intercommunal, le PLUI, devrait être acté en 2022. Avec ce schéma on redéfinit les règles applicables pour prendre en compte la tension qu’il y a sur le foncier. Les rénovations urbaines intra-muros sont une obligation. Ça joue aussi sur les prix et c’est en imposant aux promoteurs un quota de logements avec un prix d’accessibilité à la propriété inférieur de 20 à 25% au prix du marché. Sur la ville cette règle appliquée sur l’îlot Saint-Pierre le sera aussi sur le lotissement Montaigne. Nous pouvons le faire sur les terrains qui nous appartiennent. Le problème c’est que l’on ne peut pas contraindre les marchés de gré à gré.
Quand Emmanuelle Wargon, ministre du logement parle des pavillons comme « un non-sens écologique, économique et social ». Êtes-vous d’accord avec ce terme ?
Certainement pas, c’est une vision très doctrinale et stigmatisante. On ne peut pas appliquer ce qui est valable en Ile-de-France, à d’autres. Pour beaucoup de familles et de jeunes couples, c’est l’aboutissement d’une vie. On doit tenir compte des nouvelles exigences écologiques et économiques oui, comme faire moins de lotissements expansifs qui grignotent du terrain agricole par exemple. Il faut aussi réinvestir les centre-bourgs, donc la réaménagement urbain permet de libérer des logements en centre. Ce ne sera peut-être plus la même accession qu’avant, mais on doit permettre ce rêve de beaucoup de gens.
Le dernier rapport de l’INSEE sur l’évolution de la population par territoire, montre que la zone frontalière « sauve » la région. Est-ce que ce dynamisme démographique et économique donne un poids supplémentaire auprès des institutions ?
C’est parfois même l’inverse ! Les élus pensent que nous n’avons pas besoin d’eux pour investir dans de gros projets car nous avons un secteur dynamique. Si l’on prend uniquement la ville de Pontarlier, le revenu médian est supérieur mais la différence n’est pas énorme, comparé à des petites communes où les frontaliers vivent. Nous avons une richesse grâce au dynamisme économique, nous apportons beaucoup à la région et au département par les impôts et nous avons besoin aussi en retour de financement pour aménager de grands projets. Nous sommes moins bien dotés en voies routières et ferroviaires par exemple que d’autres sur la Région. Le secteur est attractif grâce à la Suisse mais pas que, les entreprises locales croient en notre territoire et ont des projets d’avenir.
La signature du dernier CRTE (contrat de relance et de transition écologique) est un exemple d’accompagnement de l’État ?
Oui mais l’État n’a rien accordé de plus, il permet aux territoires de réfléchir sur les projets structurants des communes pour qu’elles se développent. Ces projets étaient déjà sur la table, le CRTE est une sorte de guichet unique pour faire remonter ces idées. L’État s’engage à aller chercher des modes de financement auxquels nous n’aurions peut-être pas pensé avant. Nous n’aurons pas de moyens en plus, c’est une manière d’accompagner le circuit économique et relancer comme son nom l’indique, la machine après 2020. Il y a la partie transition écologique qui permet d’avoir une réflexion sur les projets. Le bémol sur ce contrat, c’est le risque que certains projets « non structurants » ne puissent pas bénéficier des crédits du CRTE. Nous serons vigilants sur ce point.
Quels sont les autres grands projets pour 2022 ?
Cette année va être la concrétisation de nombreux projets, qui s’étaleront ensuite sur 5, 10, 15 ans… Tous les schémas vont avoir un début de lancement cette année et pour certains il y aura même des travaux dès 2022. Les voies douces se termineront au-délà du mandat par-exemple. Je souhaite que l’on puisse définir l’avenir de l’Ilot Lallemand et de la Maison Chevalier, la forme concrète du centre aquatique, l’officialisation du chantier de la RN57 qui pour l’instant reste à l’état de projet. L’aboutissement du PLUI me semble important aussi. Nous voulons aussi faire évoluer l’offre d’animations en ville avec les associations, tout en restant tributaire de la crise sanitaire.
Propos recueillis par Martin SAUSSARD