Haut-Doubs. Futur crématorium : qui de Levier ou du Grand Pontarlier aura le dernier mot ?

Les deux collectivités ont un projet de crématorium, dont l’absence sur le Haut-Doubs manque cruellement depuis plusieurs années. Du côté de Levier, c’est l’incompréhension après avoir été la première à monter un dossier. Au Grand Pontarlier, il s’agit d’une suite logique pour les élus, cinq ans après l’inauguration des pompes funèbres intercommunales. L’État devrait trancher en faveur d’un seul projet.

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La question d’un crématorium dans le Haut-Doubs est un enjeu qui dure, traîne même depuis plus de deux décennies. S’il était déjà l’un des arguments (certains diront une promesse, ndlr) lors des élections municipales en 2014 à Pontarlier mais également dans d’autres communes, le dossier porté par la communauté de communes du Grand Pontarlier aboutit finalement à l’inauguration, en 2019, des pompes funèbres intercommunales (PFI). « À l’époque l’ancienne équipe n’avait pas obtenu les financements nécessaires pour ajouter un crématorium à son projet », souligne Didier Chauvin, aujourd’hui vice-président à la CCGP et président de ces PFI.

À Levier, s’il a un temps été question d’un surplus de funérariums (deux entreprises privées pour une commune de 2300 habitants, ndlr), la demande d’un crématorium elle, fut étudiée dès le début du mandat municipal débuté en 2020. Le maire Marc Saulnier et son équipe ont travaillé sur une implantation pour faire face à une demande croissante, le nombre d’incinérations passant de 28 à plus de 42 % dans le Haut-Doubs en dix ans. Évolutions des pratiques, coutumes et mœurs, la construction d’un tel établissement est aussi devenue urgente sur le plan légal : faute de places disponibles à Besançon ou dans le Jura, certaines familles doivent attendre plus de six jours, délais légal imposé en France, pour incinérer le corps du défunt.

À Levier donc, la commune porte seule le projet et a déjà bénéficié d’une aide de l’État pour l’étude sur l’insertion paysagère de la future structure de 400 m². Celle-ci succédant à une première étude de faisabilité financée par le Département. « Nous avons opté pour un terrain entre le cimetière et le funérarium, en bord de champs, un lieu apaisant et parfaitement adapté », souligne Marc Saulnier. La municipalité ayant opté pour une délégation de service public, l’appel d’offres a été lancé et les propositions ont été désormais reçues. Le choix de l’entreprise est imminent. « Nous avons d’ailleurs dû modifier le document pour informer honnêtement les candidats du possible projet pontissalien dès que nous en avons eu connaissance », ajoute le premier édile, légèrement agacé. « C’est incompréhensible et dommage de voir émerger cet autre projet. Nos voisins étaient parfaitement au courant de ce que nous faisions. Nous avons l’antériorité, et déjà investi beaucoup de travail, de dépenses, les démarches sont très avancées. Le crématorium de Levier verra donc le jour ». Son ouverture est déjà annoncée pour 2026.

Pas de quoi stopper l’ambition de la CCGP qui lors de ses conseils en décembre 2023 et février 2024, a voté plusieurs délibérations pour confier ce projet à la société publique locale (SPL) dont elle est propriétaire majoritaire et qui fut créée pour gérer les PFI. « Pour l’instant, on est chacun dans notre couloir, il faudra un jour que l’un cède la place à l’autre. Le conseil d’administration des PFI et la CCGP veulent y aller ! Je comprends la position de Levier, ils ont été un peu en avance sur la question mais nous avons l’argument de la centralité. Pontarlier et sa com’com, c’est 30 000 habitants et le nombre de décès est plus important qu’à Levier. », analyse Didier Chauvin. Estimés entre 2 et 3 millions d’€ chacun, l’hypothèse de conserver les deux projets est impossible économiquement : il faut entre 400 et 500 crémations par an pour un équilibre économique. À l’État de trancher.

Pourquoi avoir attendu si longtemps à Pontarlier ?

Après l’inauguration des pompes funèbres intercommunales en 2019, le Grand Pontarlier a reçu les résultats d’une étude de faisabilité en 2023, quatre ans après, pour la construction d’un crématorium quand l’association des crématistes du Haut-Doubs demandait officiellement un tel aménagement dès 2013. Si le dossier passe, la mise en fonctionnement pourrait être prévue pour fin 2026, début 2027 au mieux. « Pour être totalement honnête, la question du crématorium a ressurgi en 2021 – 2022 avec la crise sanitaire. Il y a eu une hausse du nombre de décès et de crémation donc. Les délais d’attente ont déclenché la réflexion. », confie Didier Chauvin.