Photo DR

Il y a d’abord l’assemblée générale de la fédération du Transjuralpin (FTJA) organisée le 22 août dernier, puis ce déplacement de représentants de la Région Bourgogne Franche-Comté prévue à Pontarlier le 23 septembre. Deux rendez-vous, un même enjeu : la suite à donner aux lignes ferroviaires transfrontalières et en particulier à celle reliant Neuchâtel – Frasne en passant par le Val-de-Travers et Pontarlier. Un axe qui permet notamment aux usagers de rejoindre la capitale française grâce à l’arrêt du TGV Lyria Lausanne – Paris en gare de Frasne.

À l’heure actuelle, le coût de fonctionnement de cette ligne est estimé à 2 millions de francs suisses (environ 2,1 millions d’€), pris en charge par l’Office fédéral des transports (0,6 million CHF), le Canton de Neuchâtel (1 million CHF) et la Région Bourgogne- Franche-Comté́ (400 000 CHF). Cette dernière a annoncé l’arrêt de cette subvention. L’enjeu pour les acteurs de ce dossier est donc de pérenniser les financements pour la période 2024/2025. « En résumant rapidement, la Région BFC estime que cette ligne profite d’abord à nos voisins qui ont un accès direct à Paris et la fréquentation reste faible. Par conséquent, ce serait à eux de payer davantage. De l’autre, la Suisse ne veut pas payer des infrastructures sur notre territoire. Des premières négociations ont été engagées et elles sont en cours pour tenter de s’accorder. », résume une source proche du dossier.

Une fréquentation faible car biaisée ?

D’abord, l’argument de la fréquentation reste bancal selon les membres de la FTJA : si selon les CFF (équivalent de la SNCF en Suisse), plus de 60 000 passagers empruntent cette ligne chaque année, ce chiffre pourrait être plus important. « Il faut augmenter le quota de voyageurs autorisés en reconnaissant cette liaison comme internationale. Aujourd’hui, des voyageurs du canton de Neuchâtel ou du Haut-Doubs doivent parfois réserver leur billet pour Paris depuis la gare de Lausanne ou Vallorbe car à Frasne, cela affiche complet alors qu’il y a encore de la place. » Une faible fréquentation biaisée par le fonctionnement qui menacerait directement la pérennité de la ligne, voire la gare de Frasne elle-même. Au cœur du dossier, Philippe Alpy, maire de la commune tempère. « Nous tirons la sonnette d’alarme depuis plusieurs années mais aujourd’hui, des négociations ont débuté avec tous les acteurs autour de la table et il faut qu’elles aboutissent dans la sérénité. Donc on ne peut pas s’aventurer dans telle ou telle conjoncture. »

Toutefois, cette liaison entre le canton de Neuchâtel et la ligne Lausanne-Paris (avec des arrêts à Dole et Dijon) par la gare de Frasne reste son principal atout. Au fonctionnement, s’ajoute aujourd’hui le renouvellement de l’infrastructure, notamment entre Les Verrières-Frontière et Pontarlier. On parle de 15 millions d’euros pour assurer une durée de vie de la ligne d’environ 40 ans. L’absence de travaux engendrerait « un allongement du temps de parcours de 4 minutes entre Les Verrières-de-Joux et La Cluse-et-Mijoux (vraisemblablement dès 2026), pouvant avoir un impact sur les correspondances avec le TGV à Frasne. », note la FTJA. En juin dernier, Pascal Vuilleumier le président de cette fédération résumait cette situation sur l’antenne de RTN : « On pourrait dire que tous ont d’autres priorités […] néanmoins cette ligne est à conserver notamment à une époque où l’on parle de décarboner. […] Du côté de la SNCF et Lyria, je pense qu’il n’y a pas la volonté de supprimer cette liaison mais il n’y a pas non plus l’envie de la développer et de chercher des financements. » Reste à savoir si le lobbying local a fait bouger les lignes en trois mois.

M.S