Avec le récent drame à Châteaudun, le transport de voyageurs en autocar est-il dangereux ?
C’est l’un des plus sûrs au contraire puisque selon l’observatoire national interministériel de la sécurité routière, le taux d’accident corporel impliquant un autocar en France n’est que de 0,2%. L’opinion publique est toujours légitimement marquée en cas d’accident. Toute la profession est bouleversée par le récent drame à Châteaudun, qui a couté la vie à une jeune collégienne.
Sur ce cas précis, le chauffeur est clairement en cause. Était-ce évitable ?
Notre profession est soumise à une réglementation importante, appliquée et contrôlée par le ministère des transports mais aussi par les forces de l’ordre. Concernant l’alcool, des éthylotest anti-démarrage ont été mis en place dans chaque car depuis 2015. C’est un dispositif obligatoire qui bloque le démarrage du véhicule en cas de taux d’alcoolémie égal ou supérieur au taux maximal autorisé par la législation c’est-à-dire 0,1 mg/litre d’air expiré alors qu’il est de 0,25 pour les automobilistes. Mais à ce jour, il n’existe pas d’équipement similaire pour détecter les stupéfiants. Nous effectuons des contrôles fréquents avec la police ou la gendarmerie et aussi dans le cadre de l’entreprise puisque le règlement intérieur peut le prévoir dans des conditions strictes et bien définies sachant qu’une entreprise privée n’a pas de pouvoir coercitif. On suit donc avec beaucoup d’attention les évolutions techniques qui pourraient nous permettre de mettre en place un dispositif fiable et efficace comme c’est le cas avec l’alcool.
La santé des chauffeurs peut également poser des problèmes. Comment pouvez-vous agir ?
Ils sont soumis à un examen médical obligatoire pour valider le permis de conduire à renouveler tous les 5 ans pour les personnes de moins de 60 ans puis tous les ans ensuite. Cet examen est réalisé par un médecin agréé par le Préfet et s’ajoute à la visite médicale d’information et de prévention par la médecine du travail. D’autre part, les chauffeurs sont des professionnels qui connaissent les problématiques de sécurité dont celles liées à la santé. Leur médecin traitant est aussi à même d’assurer une surveillance et un rôle d’alerte sur la capacité à conduire de son patient, en fonction du traitement prescrit.
Qu’en est-il du contrôle du temps de conduite et des pauses ?
Ces questions sont fixées par la règlementation européenne. La durée maximale de conduite journalière est limitée à 9h ou 10h, deux fois par semaine. Elle est constituée de toutes les périodes de conduite à l’exclusion de toute autre activité. Un même conducteur ne peut conduire plus de 4h30 sans observer une pause ininterrompue d’au moins 45 min et 4h entre 21h et 6h. Un repos journalier de 11h consécutives doit être pris entre les périodes effectives de travail.
Les véhicules sont-ils également mieux équipés qu’autrefois ?
Ils sont désormais dotés d’un limiteur de vitesse à 100 km/h dès que le PTAC est supérieur à 10 tonnes, d’un ralentisseur pour les plus de 4 tonnes, appelés à circuler dans des zones à relief difficile ou accidentées. On peut aussi citer l’existence d’un dispositif permettant de signaler les passages à niveau ou encore la signalisation des angles morts, l’obligation d’équipement hivernaux depuis le 1er novembre 2021. Coupe-batterie, extincteur, marteau pic, boîte de premiers secours, lampe autonome, éclairage des accès, des rétroviseurs grand-angle, un pictogramme lumineux spécifique lors d’un transport d’enfants…
Autant d’équipements optimisant la sécurité du transport de voyageurs. Il faut aussi savoir qu’un chronotachygraphe installé à bord des véhicules de transport de personnes de plus de 9 places permet d’enregistrer la vitesse, le kilométrage et les activités du conducteur. C’est la boîte noire des autocars. Par ailleurs, depuis 2015, la ceinture de sécurité est un équipement obligatoire. Sur ce sujet-là, nous faisons beaucoup de prévention, notamment auprès des scolaires en étroite collaboration avec les établissements et les forces de l’ordre. Une visite technique est obligatoire tous les 6 mois dans des ateliers agréés par l’Etat avec vérification du bon fonctionnement du véhicule et de ses équipements. Un carnet ou registre d’entretien numéroté existe également pour chaque autocar.