Besançon. Les Orientations Budgétaires 2025 électrisent le conseil municipal

Anthony Poulin, adjoint aux Finances, a évoqué "L’île mystérieuse" de Jules Verne, écrivain prolifique et visionnaire, pour illustrer le brouillard qui a enveloppé le projet de budget de Besançon, entre législatives et censures à répétition au plan national. Pas de quoi apaiser un conseil municipal où les échanges entre majorité et oppositions ont une nouvelle fois été électriques.

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Conseil municipal Besançon
Anne Vignot, Maire de Besançon et Anthony Poulin, Adjoint aux finances. ©YQ

« 223 millions d’euros pour protéger et accompagner les bisontins »Pour Anne Vignot, il s’agit « d’un budget résilient pour une ville résiliente. Nous sommes le dernier échelon de confiance… Dans ces temps turbulents, nous avons une belle ambition et nous en sommes fiers » !

La liste à la Prévert d’Anthony Poulin

L’Adjoint aux finances a égrené en introduction toutes les réalisations de l’exécutif élu en 2020, mélangeant allègrement les réalisations à venir avec celles commandées dans l’ancien mandat. Anthony Poulin veut renforcer la défense des services publics. Avec 160 millions d’euros de budget de fonctionnement, l’adjoint aux finances et suppléant de la députée Dominique Voynet évoque l’augmentation significative des rémunérations des agents de la collectivité. « Un fonctionnement qui représente un quart du budget total ».

Un niveau record d’investissements

Anthony Poulin prévoit un niveau record à 50 millions en 2025, en augmentation de 5 millions par rapport à 2024. Une ambition légitime, à la méthode Coué. Ludovic Fagaut rappelle toutefois le faible taux de réalisation des investissements, comme l’a souligné un rapport de la Cour des Comptes régionale. « Entre 2018 et 2023, 60% des investissements inscrits n’ont pas été réalisés ».

Le leurre d’une fiscalité maîtrisée

Comme chaque année depuis 14 ans, les majorités successives de Besançon s’enorgueillissent de la stabilité de la fiscalité. C’est un leurre qui ne trompe aucun contribuable bisontin. Mécaniquement, les bases d’imposition augmentent chaque année et donc, le montant des impôts locaux à payer augmente aussi. A titre d’exemple, la taxe foncière d’un particulier a augmenté de plus de 11 points en deux ans pour le même bien immobilier.

11 millions d’euros dans le budget du CCAS

Anthony Poulin l’affirme « chaque euro inscrit au budget est utile et nécessaire », ajoutant qu’aucune subvention aux associations ne sera rabotée malgré l’incertitude nationale.

Besançon, une ville peu endettée

Seul point positif partagée par l’opposition, le niveau faible d’endettement de la collectivité. Besançon va à nouveau se désendetter de 3 millions d’euros en 2025. En creux, Karima Rochdi (Horizons), Ludovic Fagaut (LR) et Laurent Croizier (Modem) pointent le peu d’ambition pour la création de richesses et l’attractivité de la ville. Ironique comme à son habitude, Ludovic Fagaut s’adresse à Anne Vignot « ce sont les dernières Orientations Budgétaires de votre mandat et…probablement vos dernières OB tout court ! » 

Moins de dettes et plus de dépenses de fonctionnement, c’est aussi au final l’augmentation de la fiscalité. Nicolas Bodin (PS), que l’on connaît moins dogmatique, préparerait-il une solution alternative à gauche pour 2026 ? En tout cas, il donne des gages es-socialisme en affirmant « la droite fait des cadeaux fiscaux, ce sont toujours des cadeaux aux plus riches » !

Des Orientations Budgétaires qui ne satisfont pas l’opposition

Ludovic Fagaut dénonce « des politiques qui divisent alors que la sécurité des habitants est l’objectif absolu ». De son côté, Karima Rochdi évoque « le ton péremptoire et dogmatique de la Maire ».

200 000€ pour le quartier Battant

La Ville entend agir dans le quartier Battant, désormais l’un des 6 QPV de Besançon, en mettant en place des médiateurs. L’enveloppe est prévue mais nul ne sait comment elle sera utilisée pour lutter contre les incivilités, trafics en tous genres, alcoolisme, drogues et rixes et agressions qui collent aujourd’hui à la peau du quartier. Le débat sur les orientations budgétaires 2025 a été l’occasion pour chaque camp de « montrer ses muscles ». Pas sûr que les excès de langage et les invectives des uns et des autres servent bien l’avenir de Besançon, qui mérite mieux.

Yves Quemeneur