La Blanchisserie du Refuge

L’association d’insertion bisontine emploie aujourd’hui un effectif de 75 personnes dans le cadre de contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI). Focus sur un Chantier d'Insertion plus que centenaire en compagnie de Mary Patton, directrice de la structure depuis 2001.

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A l'accueil de la Blanchisserie, un lavoir en pierre rappelle l'origine de la Blanchisserie du Refuge en 1886, une "oeuvre de charité" créée par les Sœurs de la charité rue de la Vieille Monnaie ©YQ
Tous les bisontins (ou presque) connaissent « la Blanchisserie du Refuge »

« L’œuvre de charité » a été fondée en 1886 par les Sœurs de la Charité du Refuge pour venir en aide aux jeunes filles perdues, abandonnées par leur famille. En échange du « gîte et du couvert », les pensionnaires devaient participer au travail de la blanchisserie. Cent ans après sa fondation, elle devient l’association « Jean Eudes ». La structure va demeurer dans les murs historiques de l’ancienne congrégation rue de la vieille monnaie jusqu’en 2008. Mary Patton et son conseil d’administration font le pari d’une installation dans les anciens locaux de Superior au 101 rue de Vesoul. Pari réussi 14 ans après. La blanchisserie du Refuge travaille quotidiennement pour une clientèle de particuliers et des professionnels dont certains grands noms de la restauration et de l’hôtellerie.

Depuis 2012, le conseil d’administration de l’association d’insertion est présidé par Daniel Boucon. Il a pris la succession de Marie-Claude Bastien, l’emblématique présidente restée à sa tête pendant 26 ans. L’ancien directeur du Théâtre de l’Espace est fortement impliqué dans les politiques d’insertion. Comme les 11 membres du conseil d’administration qui viennent d’horizons très divers, ils ont tous en commun la vocation du « bien commun ».

« Des personnes cabossées par la vie qui ont envie de s’en sortir »
Qualité et motivation des salariés de la Blanchisserie du Refuge pour des clients exigeants et fidèles ©YQ

Mary Patton résume ainsi les femmes et les hommes accueillis entre 6 et 24 mois par le chantier d’insertion. La blanchisserie du refuge a reçu une centaine de personnes en 2021 : 87 femmes et 13 hommes. Issus de 30 nationalités différentes, ils rencontrent pour une grande majorité des problèmes linguistiques importants et ont souvent été déscolarisés voire pas scolarisés du tout en France ou dans leur pays d’origine.

Ils cumulent souvent tous les handicaps pour réussir leur insertion sociale et professionnelle : pas ou peu de maîtrise de la langue, absence de moyens de mobilité, parcours de vie semés d’embûches pour lesquels il est souvent difficile de se relever seul.

D’une moyenne d’âge de 45 ans, ils sont tous très loin de l’employabilité. La mission sociale de la blanchisserie du Refuge est à la fois de leur redonner confiance en eux et avant tout de recréer un cadre de vie cohérent. L’encadrement est assuré par une équipe de 8 permanents qui croient en leur mission et donnent du sens à leur métier : 2 accompagnantes socio-professionnelles, 4 encadrants dans les secteurs « blanchisserie », « couture » et « administratif » et 2 personnes chargées de tutorat en couture et dans le suivi des personnels d’accueil.

Par ailleurs, la Blanchisserie du Refuge n’hésite pas à expérimenter des projets dans le cadre d’un soutien en faveur des salariés en parcours. Avec l’appui de deux organismes financeurs, une convention a été signée avec le CH de Novillars et quatre autres structures d’insertion permettant ainsi la mutualisation d’un poste de psychologue clinicien. Il intervient une fois par mois auprès des salariés souhaitant être soutenus psychologiquement. L’expérimentation a démarré en 2021 et Mary Patton entend bien la poursuivre.

Samira, l’exemple de la réussite
Samira, salariée de la Blanchisserie du Refuge depuis 2002. Elle est passée par l’insertion avant de devenir Encadrante technique ©YQ

Elle est entrée dans le parcours d’insertion en 2002. A l’issue de son contrat, Mary Patton a souhaité
la faire évoluer dans la structure. A force de volonté, de travail acharné, de motivation, de
formation, Samira est, 20 ans après, en charge de l’encadrement technique dans le secteur
« blanchisserie ». Un travail difficile pour assurer la qualité d’un travail bien fait avec des salariés à temps partiel dont il faut savoir gérer les problèmes personnels tout en assurant les délais de livraison pour les clients.

Une association qui allie insertion et activité économique
Ayad, réfugié syrien a retrouvé un sens à sa vie professionnelle à l’atelier couture de la Blanchisserie du refuge ©YQ

L’atelier de couture prend également une place très importante au sein de la blanchisserie, tant auprès des clients « Professionnels » , des magasins de vêtements qu’auprès des particuliers pour les retouches.
Attentive aux nouveaux besoins, la blanchisserie du Refuge s’est également positionnée sur le segment des couches lavables, une attente forte des crèches bisontines. Le produit, mis au point dans l’atelier de couture, répond à un cahier des charges très strict en matière d’hygiène. L’association fournira à terme toutes les crèches de la capitale comtoise…, mais s’exporte également
vers les crèches du Haut Doubs et du Jura ; un pas de plus dans la réduction des déchets.

La Blanchisserie du Refuge gère un budget équilibré dont les recettes proviennent à 50% de subventions et à 50% de l’activité commerciale. 170 tonnes environ de linge sont traités par an (lavage, repassage).

Une association qui fait donc rimer «  Insertion avec Activité Economique », un savant équilibre !

Les « Sœurs de la Charité du Refuge » seraient fières de ce que leur association est devenue. Elle a su garder les valeurs de solidarité et d’entraide de l’origine tout en s’adaptant aux contraintes économiques.

Yves Quemeneur

+ d’infos

Blanchisserie du Refuge, 101 rue de Vesoul 25000 Besançon, Tel 03 81 83 15 33

www.blanchisseriedurefuge.fr

blanchisseriedurefuge@orange.fr