La Loue mérite autant que la Seine

La polémique née des travaux d’assainissement de la Seine en amont de Paris à l’occasion des JO de Paris 2024, a eu l’avantage de mettre en avant l’importance de l’eau potable et du traitement des eaux usées sur l’ensemble du territoire

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Crédit photo : Sos Loue et Rivières Comtoises
Un caprice présidentiel ?

Pour Jean-Philippe Allenbach le Président du Mouvement Franche-Comté, l’occasion était trop belle de comparer « le nettoyage de la Seine réalisé en un temps record pour un montant astronomique de 1,4 milliard d’euros d’argent public sans urgence particulière, si ce n’est un caprice présidentiel » !

La Loue se meurt en silence depuis plus de 20 ans

Pour Jean-Philippe Allenbach « la Franche-Comté cherche vainement à résoudre le problème de la pollution de ses rivières, notamment celle de la Loue…sans résultats ». Il insiste sur le nombre d’entités (Etat, Agence de l’Eau, Département, Associations écologiques, industrie fromagère…) qui « cogitent sur le problème aux frais du contribuable ».

Des investissements coûteux

Le « trublion régionaliste franc-comtois » admet que la solution passe par des investissements très coûteux et s’étonne que « les francs-comtois aient participé au financement de l’assainissement de la Seine à l’occasion des JO alors que seuls les habitants de la région parisienne en profiteront ». Dans le même temps « la Franche-Comté a grandement besoin d’argent pour pouvoir lutter contre la pollution de ses propres rivières ».

« On avance mais on aura jamais fini » selon Beatrix Loizon

Pour la vice-présidente du département du Doubs en charge de la gestion et de la préservation du patrimoine naturel, de la transition climatique et du tourisme, « le département du Doubs a souhaité conserver la compétence sur l’eau (eau potable et assainissement) en collaboration avec les communes et les communautés de communes ». Cette compétence « volontaire » souligne l’élue du canton d’Ornans « nous a permis d’intervenir sur l’ensemble des rivières du département. En cinq ans, le département a accompagné 180 projets pour un montant de 57 millions de travaux et a construit ou réhabilité 25 stations d’épuration pour un budget de 30 millions d’euros ».

Grâce au Plan Rivières Karstiques (PRK) 2022-2027, l’ensemble des acteurs est mobilisé pour agir. L’Etat au travers du préfet de département poursuit maintenant systématiquement les pollueurs (industriels ou collectivités) et les met en demeure de se mettre en conformité.

Dorénavant, la DTT bloque les projets d’urbanisme des communes sans amélioration de l’assainissement « On ne peut pas accepter qu’une station d’épuration dimensionnée pour 6000 habitants soit identique avec 10 000 habitants » souligne Beatrix Loizon.

« Le travail des communes se fait ». L’élue cite l’exemple de la commune de Brères (88 habitants) qui a su financer sa station d’épuration malgré un budget plus que restreint. C’est là aussi que le département intervient dans l’accompagnement des petites communes.

Des industriels responsables

Dans le cadre du Plan Rivières Karstiques, le département et l’Etat ont avancé avec la fédération des coopératives laitières pour inciter et si nécessaire contraindre les fromageries à mettre leurs stations d’épuration en conformité.

Communiquer c’est bien, agir c’est mieux

Les associations de défense de l’environnement considèrent que le travail ne va pas assez vite et ne manquent jamais une occasion de mettre en cause le monde économique. Pourtant, SOS Loue et Rivières Comtoises, une association particulièrement active et compétente, participe aux travaux des comités locaux de rivières. « Je préfère qu’ils soient dans les instances locales » souligne Beatrix Loizon.

Il reste que la pollution des rivières et des cours d’eau est aussi l’affaire de chacun d’entre nous. Mégots de cigarettes, lingettes, déchets ménagers, etc…sont autant de polluants altérant la qualité des eaux de nos rivières.

Dans le Doubs, tous les acteurs s’investissent massivement pour des rivières propres…Sans parler de milliards d’euros mais « sans rien relâcher, les choses avancent » assure Beatrix Loizon.

Yves Quemeneur