Fondée en 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par le Conseil national de la Résistance, la Sécurité sociale est surtout l’héritière du système de protection sociale inventé par le Chancelier Otto Von Bismarck en Allemagne à la fin du XIXe siècle. Basé sur la cogestion de l’assurance sociale par les employeurs et les salariés, les prestations étaient destinées à ceux qui avaient cotisé. À la même époque, les britanniques bénéficiaient de prestations sociales uniformes, financées par l’impôt.
En France, c’est le haut fonctionnaire Pierre Laroque, s’appuyant sur le modèle allemand, qui a élaboré le système français dès 1931. Il est alors un spécialiste des assurances sociales au cabinet du ministre du Travail. En 1941, collaborateur du ministre du travail du premier gouvernement de Vichy, il participe activement à la loi instaurant l’allocation aux vieux travailleurs salariés. C’est le principe du régime de retraite par répartition, repris en 1945 à la création de la Sécurité sociale. Pierre Laroque entre rapidement dans la résistance dans le groupe « Combat » à Lyon et rejoint le Général de Gaulle à Londres en 1943.
Les ordonnances portant sur la création de la Sécurité sociale ont été signées les 4 et 19 octobre 1945, soit deux mois avant l’entrée au gouvernement d’Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail, souvent présenté comme le père de la Sécurité sociale. Ce dernier, Croizat, fidèle à la ligne du Parti communiste pendant le pacte germano-soviétique, signé entre l’URSS de Joseph Staline et le régime nazi d’Adolf Hitler, fut déchu de son mandat et emprisonné jusqu’en 1943 en Algérie, avant d’être libéré grâce à l’avancée des Alliés, avant de prendre part à la lutte clandestine contre le Gouvernement de Vichy.
De 1945 à 1947, le déploiement de la Sécurité sociale est facilité dans les régions très industrielles et fortement syndiquée comme en Franche-Comté : la culture mutualiste et solidaire née de nombreuses sociétés de secours mutuels déjà existantes aident à la mise en place de la Sécurité sociale dans la région. À cela s’ajoutent l’investissement des communes et élus locaux.
Cotisation et/ou impôt ?
La Sécurité sociale française, héritière de Bismarck, a progressivement évolué vers un système dual. Son financement est maintenant assuré par les cotisations des employeurs et des salariés pour environ 80% et par l’État pour 20%.
Un budget de 666 milliards d’euros en 2025
En 2025, le budget de la Sécurité sociale, toutes branches confondues (assurance-maladie, accidents du travail, allocations familiales, retraite et autonomie), grimpe à 666 milliards d’euros soit plus de 22% de la richesse nationale. Son déficit est estimé à 22 milliards d’euros (Mds €) pour 2025. La dette, elle, atteignait 138 Mds € au 31 décembre 2024.
Dans le même temps, les salariés payent en moyenne 16% de leur salaire brut chaque mois et les entreprises près de 30% des salaires bruts pour financer la protection sociale. L’État abonde au budget de la Sécurité sociale au travers d’impôts spécifiques dont la CSG et la CRDS mais également des prélèvements obligatoires affectés à la protection sociale, notamment des taxes sur l’alcool ou le tabac.
« La Sécurité sociale. Citoyenne et solidaire depuis 80 ans «
» La Sécurité sociale est le fruit d’une ambition commune : garantir à toutes et tous l’accès aux soins, l’accompagnement aux différents moments de la vie et la possibilité de vieillir dignement […] La Sécurité sociale est un modèle solidaire au cœur de notre pacte républicain, qui protège sans exclure, qui accompagne sans distinction, qui unit sans diviser… » Dans le manifeste collectif publié par les branches de la Sécurité sociale, les partenaires sociaux justifient un système désormais déficitaire, dont le modèle économique est à repenser. Les crises économiques successives engendrant un chômage de masse et les progrès scientifiques améliorant la durée de vie, ont fortement diminué le montant des cotisations tout en augmentant le montant des prestations.
La Sécurité sociale est un bien commun qui doit être préservé. La vieille dame a bien des rides sur son visage. Au fil des décennies, en diminuant les prestations, les assurés ont dû se tourner de plus en plus vers des assurances complémentaires dont le poids pèse encore plus lourd dans le budget des ménages, notamment des plus précaires.
« Parlons cash » Place du Huit Septembre à Besançon
Pour célébrer cet anniversaire, l’URSSAF Franche-Comté allait à la rencontre des habitants le 7 octobre. Le stand éphémère installé Place du Huit Septembre à l’initiative d’Isabelle Spagnol, la directrice de l’Urssaf Franche-Comté, a fait découvrir ou redécouvrir l’histoire de la Sécurité sociale et rendre visible son rôle essentiel dans la vie quotidienne des Français. Pour l’Urssaf, il s’agissait également d’expliquer concrètement l’action des organismes de protection sociale, faire connaître leurs missions et lutter contre les idées reçues.
« La Sécurité sociale fait partie du patrimoine collectif des Français. En célébrant ses 80 ans dans l’espace public, nous voulons rappeler combien elle reste essentielle à notre vie en société. C’est aussi l’occasion de mieux faire connaître les missions de l’Urssaf et lutter contre les idées reçues à travers un dialogue direct avec nos publics », a souligné Isabelle Spagnol.
En parallèle, l’organisme soutenu par ses six branches a lancé une grande campagne de communication pour rappeler aux citoyens l’utilité et le fonctionnement aux apparences complexes d’un système toutefois essentiel. Disponible sur Youtube, le film « La Sécu et vous en Bourgogne Franche-Comté » a permis de mesurer les connaissances, l’avis mais aussi les attentes des habitants de la région vis à vis de la Sécurité sociale. Un mot revient systématiquement pour définir ce modèle française spécifique : solidarité. Et tous souhaitent voir la Sécurité sociale perdurer.
