Invité de la semaine. Maxime Ambard, l’IA au service des déficients visuels

Maxime Ambard, Maître de conférences en informatique à l’Université de Bourgogne-Europe, a piloté la manifestation Technologie, Intelligence Artificielle et Déficience Visuelle (TDIAV), soutenue par la Région Bourgogne Franche-Comté et déclinée en six rencontres dont trois à Besançon en collaboration avec l’Université Marie & Louis Pasteur. Un moyen de faire connaître aux personnes déficientes visuelles et plus généralement au grand public, les technologies de remédiation du handicap visuel.

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IA déficience visuelle
Yassir Bouiry, ingénieur en Intelligence Artificielle et déficient visuel et Maxime Ambard, Maître de conférences à l'Université de Bourgogne-Europe, initiateur des événements TIADV (Technologie, Intelligence Artificielle et Déficience Visuelle) ©YQ

Pourquoi un universitaire s’intéresse aux déficients visuels ?

Je suis Maître de conférences en informatique. Mais après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur, j’ai souhaité compléter ma formation avec un master dans les sciences cognitives, puis retour à l’informatique avec un doctorat en informatique au sein de l’équipe Cortex à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique. J’ai toujours eu le goût pour développer des nouveaux systèmes technologiques et étudier leurs interactions avec les circuits neuronaux, et les capacités cognitives des utilisateurs. Bien sûr, dans le contexte de la basse vision, ça permet de tenter d’offrir aux personnes des outils technologiques aptes à faciliter leur quotidien.

Votre travail consiste donc à diffuser des savoir-faire techniques et industriels pour des publics spécifiques ?

Oui, disons que je considère que ça en fait partie. C’est dans ce cadre que j’ai initié la manifestation TIADV (Technologie, Intelligence Artificielle et Déficience Visuelle), soutenue par la Région Bourgogne Franche-Comté et organisée par le laboratoire dijonnais LEAD auquel je suis rattaché. Cette manifestation TIADV a pour objectif de faire connaître aux personnes déficientes visuelles et plus généralement au grand public, les technologies de remédiation du handicap visuel.

Comment s’est déroulée cette manifestation ?

Elle s’est déclinée en 6 événements, 3 à Dijon en octobre et 3 à Besançon les samedis 22, 29 novembre et 6 décembre 2025. La première rencontre s’est déroulée le 22 novembre à la Maison des Étudiants au campus de la Bouloie. Ouverte aux déficients visuels, à leurs accompagnants et plus généralement au grand public, elle a eu une belle affluence, démontrant l’intérêt du public et des personnes en situation de handicap visuel, d’obtenir des informations sur les solutions technologiques et l’utilisation de l’IA dans l’amélioration de leur vie quotidienne.

Encadrée par les associations « Valentin Ahuy », « Voir Ensemble » et le « CRDV des Salins de Bregille », la soirée a alterné entre 2 conférences sur les algorithmes d’Intelligence Artificielle et la Psychoacoustique et des ateliers sur la découverte de la substitution sensorielle et le système acoustique Playtronica, tout cela sous la forme d’une déambulation les yeux bandés.

Les deux autres événements (29 novembre et 6 décembre) étaient des séances de tests de matériels technologiques pour l’aide à la locomotion comme les cannes électroniques connectées ou les bracelets vibrants mais également des matériels servant à l’analyse optique automatique (description d’images ou lectures de textes…).

J’ajoute que ces 2 événements ont affiché complet. J’invite les personnes n’ayant pas eu de place à nous contacter via notre site web (www.tiadv.fr) pour envisager de nouvelles dates afin de poursuivre ce travail d’information sur les outils technologiques à la disposition de personnes déficientes visuelles.

Quelle valeur ajoutée apporte l’Intelligence Artificielle ?

Mon travail ne se cantonne pas à une simple recherche universitaire coupée du monde réel. C’est pourquoi, sur le sujet de l’Intelligence Artificielle, je collabore avec Yassir Bouiry. Ce jeune ingénieur en Intelligence Artificielle est également non-voyant depuis l’enfance (pathologie héréditaire). Non seulement sa formation lui permet d’imaginer des outils technologiques utilisant l’IA et il démontre par ailleurs qu’une personne ayant une déficience visuelle importante peut étudier, travailler, vivre…presque comme tout le monde.

Propos recueillis par Yves Quemeneur