La lettre est signée par « des frontaliers ». Sur les réseaux sociaux pourtant, les deux travailleurs transfrontaliers exercent une influence beaucoup plus large. En particulier grâce à la page Facebook Info Trafic Haut-Doubs, créée par Raphaël Borne, co-signataire. « Je suis frontalier depuis plus de 20 ans, je vis la galère des transports depuis trop longtemps », souffle l’intéressé. « La prise d’otages » à l’été dernier, en lien avec les travaux du rond-point à la sortie de Jougne, provoquant des bouchons encore plus importants, a été la goutte de trop. Même si l’intéréssé le concède, depuis deux ans, les bouchons ont atteint « un point de non-retour. Alors quand un frontalier de Doubs me contacte avec cette lettre, je fais immédiatement suivre aux médias et aux élus locaux ». Maire, intercommunalités, sénateurs et députés, tous reçoivent le document intitulé « Lettre ouverte de travailleurs frontaliers ».
« 100 mails en quelques jours »
« Ce n’est ni une plainte, ni une opposition, mais un appel à la réflexion et à l’action commune. », écrivent les deux signataires. « Depuis des années, nous contribuons à l’économie locale, non seulement en tant que force de travail, mais également en tant que consommateurs qui soutiennent les commerçants et entreprises du Haut-Doubs. Cependant, un fardeau pèse sur nos épaules : celui de la route. » Avec un appel direct aux autres frontaliers : « si vous souhaitez contribuer à cette réflexion et action collective, vous pouvez nous contacter à l’adresse hautdoubsfautquecaroule@gmail.com ». Le message fait mouche. « En quelques jours on a reçu 100 mails avec des réponses positives et des personnes qui voulaient rejoindre le collectif. », assure Raphaël Borne. Réunir un maximum de monde pour peser dans le débat public et surtout, organiser une table ronde dans un futur proche, avec les élus locaux et autorités compétentes.
Une amélioration de tous les transports
À l’intérieur du texte, les signataires listent toutes les difficultés « physiques et mentales » provoquées par les heures de bouchons accumulées sur la semaine, en particulier du côté de la frontière Jougne/Vallorbe. « Ce que nous proposons n’est pas une simple amélioration de la circulation, mais une refonte totale de notre vision du transport », peut-on lire. Les intéressés militent pour des transports en commun adaptés comprenant des lignes de trains efficaces et régulières « une alternative viable à la voiture », la création de parkings de covoiturage « bien conçus, des espaces sûrs et facilement accessibles » ou encore « une meilleure planification et communication des aménagements menés » pour limiter l’impact des travaux. Une lettre emprunte de détermination, loin d’être fataliste. Une première réponse politique est rapidement arrivée de la mairie de Jougne. Une réunion avec la direction des Douanes de Vallorbe et la Préfecture du Doubs est prévue pour en discuter. Signe que le sujet porté par une mobilisation populaire fait réagir.
Pour contacter le collectif : hautdoubsfautquecaroule@gmail.com.