Que s’est-il passé lors de la réunion du 1er juillet sur le projet du quartier des Vaîtes ? La maire Anne Vignot parle d’une agression d’un agent, une plainte a été déposée…
Nous étions une quinzaine de membres de l’association à nous rendre à cette réunion. Certains étaient invités, d’autres non. À l’entrée, un agent de la Ville a refusé l’accès à tout le groupe, devant M. Laroppe (NDLR : l’adjoint à l’urbanisme, en charge du projet d’aménagement des Vaîtes), qui nous a tous serré la main. Cet agent a tenté seul de nous bloquer, n’hésitant pas à poser ses mains sur la poitrine de certaines femmes qui souhaitaient entrer. Évidemment, il n’a pas pu arrêter le groupe à lui seul, et s’est jeté au sol, mimant une agression qui n’a jamais eu lieu. Sa simulation, digne des plus grands footballeurs, était ridicule. Nous l’avons contourné, mais il s’est empressé d’aller raconter une version totalement fausse de cette situation. Au micro, M. Laroppe a raconté des mensonges, et le message publié sur les réseaux sociaux par la maire est tout aussi faux. Finalement, la réunion s’est tenue, et nous n’avons pas été particulièrement désagréables.
Pourquoi avoir forcé le passage si vous n’étiez pas invités ?
Lors d’une réunion houleuse, le 10 juin, Aurélien Laroppe nous avait assuré que tous les jardiniers seraient invités à celle du 1er juillet. Il faut savoir que l’association des Jardins des Vaîtes a toujours été l’interlocutrice privilégiée de nombreux jardiniers pour dialoguer avec la Ville. C’est un moyen pour eux de centraliser les questions et les échanges. Nous étions donc tous censés être conviés, mais finalement, seuls ceux ayant rempli un formulaire de régularisation ont reçu une invitation. On a tenté de nous exclure du débat. La Ville estime que nous sommes des « empêcheurs de projet » et affirme ne pas vouloir « tourner en rond ». Si c’est ça leur idée de la démocratie participative, c’est très inquiétant.
Quand avez-vous senti que le dialogue avec la municipalité s’était rompu ?
Le dialogue réel n’a eu lieu qu’une seule fois, lors des réunions entre jardiniers. Et encore, nous n’avons obtenu que des broutilles. Leur discours consiste à dire que nous sommes des opposants et de mauvais citoyens qui ne pensent qu’à eux.
Quels sont les points problématiques du nouveau projet, selon vous ?
Pour nous, il n’est pas impératif de construire aux Vaîtes. D’autres endroits devraient être rénovés en priorité. L’urbanisme à Besançon pourrait parfaitement se fonder sur une politique qui préserve les sols naturels jusqu’ici non artificialisés. L’urgence climatique actuelle devrait imposer cette vision, en ville comme en périphérie. Ce n’est pas parce que, depuis des années, le PLUi permet aux communes voisines de consommer des hectares de terrain pour s’étendre, que les Vaîtes doivent subir la même logique.
Cette réduction du périmètre urbanisé, par rapport au projet sous Jean-Louis Fousseret, ne vous convainc pas, même face à l’urgence du logement à Besançon ?
Montrez-moi cette urgence ! Dans les médias, la municipalité se vante d’être l’une des meilleures villes étudiantes, notamment parce qu’il n’y aurait pas de tension sur le logement. Et dans le même temps, elle affirme qu’il y a un besoin urgent. C’est contradictoire. On dit que 80 % des emplois du Grand Besançon se trouvent en ville, et que proposer des logements intra-muros réduirait les déplacements et préserverait les sols périphériques. Mais pourquoi faudrait-il habiter aux Vaîtes plutôt qu’à Frasnois quand on travaille au CHU Jean-Minjoz, par exemple ? Et le relogement de certains habitants de Planoise est présenté comme un argument. Mais leur a-t-on seulement demandé s’ils souhaitent déménager ? Planoise, ce n’est pas uniquement de la délinquance. Beaucoup de gens y sont attachés.
Vous êtes même opposée à la construction d’une nouvelle école, pourtant jugée nécessaire par une majorité, étant donné la vétusté de l’école Tristan Bernard ?
Pourquoi ne pas rénover l’école actuelle, comme les autres ? Le bâtiment est en état. Certes, il fallait un nouveau site pour l’école maternelle, mais il y avait de la place sur le site existant. Comment peut-on se dire écologiste et vouloir construire aujourd’hui sur une zone naturelle ?
N’est-il pas trop tard pour espérer stopper le projet ? Les derniers recours ont échoué…
C’était déjà trop tard la dernière fois, et pourtant, nous avons réussi. Le public se mobilise quand les choses deviennent concrètes, mais nous gardons espoir que rien n’aboutira. Notre dernier recours a été rejeté parce que nous demandions que l’ensemble des zones des Vaîtes soit classé en terre agricole. D’autres arriveront et nous serons prêts.