Le capital des entreprises, l’autre richesse

La CCI Saône-Doubs et "Bourgogne Franche-Comté Angels" ont réaffirmé le 13 octobre leur engagement mutuel pour accompagner les repreneurs de PME dans l’accès à des capitaux permanents suffisants pour assurer le développement, l’innovation et l’emploi dans les entreprises de plus de 10 salariés.

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Pierre Vieillard Président de "Bourgogne Franche-Comté Angels", Jean-Luc Quivogne Président de la CCI Saône-Doubs et Philippe Gerder Trésorier de la CCI et référent "Visa Reprise" ©YQ

On oppose régulièrement le capital travail au capital financier ! Pourtant, une entreprise est une affaire humaine (le capital travail) qui ne peut se développer qu’au prix d’investissements importants (le capital financier).

Qu’il s’agisse de la création d’une entreprise ou de la reprise/transmission, la principale difficulté rencontrée par les entrepreneurs demeure en effet l’accès aux fonds propres. Les fonds propres de l’entreprise sont la « garantie » ou tout du moins l’assurance de passer « sans casse » les aléas de la vie quotidienne d’une entreprise.

Le dispositif « Visa Reprise » de la CCI Saône-Doubs

Le baby-boom touche aussi le monde des entrepreneurs. Pour éviter la disparition d’entreprises et la casse sociale et économique qui en résultent, la CCI Saône-Doubs a créé le dispositif « Visa Reprise » en 2004. Il répond à trois objectifs essentiels : Détecter localement et nationalement des repreneurs ciblés vers les PME/PMI du Doubs et de Haute-Saône, labelliser les candidats repreneurs par une qualification devant un comité d’experts (chefs d’entreprises, financiers, experts-comptables ou avocats…) puis assurer la promotion des candidats qualifiés en facilitant l’accès aux réseaux professionnels, aux organisations professionnelles patronales et les services économiques des organismes publics et institutionnels.

Depuis sa création, « Visa reprise » a audité 650 porteurs de projets, en a sélectionné 120 et le comité n’a retenu que 75 repreneurs à accompagner : c’est un travail d’orfèvre pour éviter les échecs.

« Bourgogne Franche-Comté Angels »

Un « Business angel » est une personne physique qui investit son propre argent dans des projets de création ou de reprises d’entreprises. Il ne s’agit pas simplement d’une personne qui va « chercher à faire du profit ». Il met à la disposition de l’entrepreneur, outre une part minoritaire des capitaux propres de l’entreprise, le réseau relationnel d’une soixantaine de femmes et hommes chefs d’entreprises ou cadres dirigeants en activité ou en retraite. Ce sont aussi les compétences, les expériences et l’accompagnement qui caractérisent le « business angel ».

L’investisseur ne s’immisce pas dans la gestion quotidienne de l’entreprise qu’il accompagne et la part qu’il consacre au capital social excède rarement 25%. L’investisseur a vocation à se retirer au bout de 5 à 7 ans. Le but principal de « BFC Angels » est de servir d’effet de levier pour permettre à l’entreprise de conforter ses capitaux permanents (capitaux propres et emprunts à moyen et long terme). Selon Pierre Vieillard, Président de BFC Angels, l’effet levier est de 1 à 3 (100 000€ investis = 300 000€ de capitaux permanents).

En Bourgogne Franche-Comté, les 60 membres du réseau ont investi depuis une quinzaine d’années environ 8 millions d’euros dans 74 entreprises. L’investissement est en moyenne de 100 000€ portés par une dizaine d’investisseurs particuliers (l’investissement individuel est compris généralement entre 5 000 et 15 000€).

L’entrepreneur doit aussi mettre la main à la poche

Qu’il s’agisse du dispositif « Visa reprise » ou de l’investissement de membres de « Bourgogne Franche-Comté Angels », ils ne se substituent pas à l’entrepreneur (créateur ou repreneur). Celui-ci reste le principal investisseur et acteur de son projet : investisseur en temps, en compétences, en énergie, en passion….et en argent !

Un projet ambitieux pour 2023

« Bourgogne Franche-Comté Angels », en partenariat avec « Visa reprise » de la CCI, souhaite aller plus loin en créant un fonds destiné à la reprise/transmission d’entreprise. Ce fonds devrait être doté d’une enveloppe de 1,5 million d’euros dès 2023.

Jean-Luc Quivogne Président de la CCI Saône-Doubs et Pierre Vieillard Président de BFC Angels savent qu’une des faiblesses structurelles des PME tient au niveau insuffisant des fonds propres des entreprises, contrairement à nos voisins italiens ou allemands. La part des entreprises de taille intermédiaire y assure la croissance économique, les exportations et l’innovation.

Le capitalisme est aussi social

Le capital financier est indispensable à la création et au développement des entreprises, quel que soit leur statut. Dans les SCOP (Sociétés Coopératives de Production), présentées souvent comme l’exemple de l’économie solidaire et sociale, les salariés-associés perçoivent environ 10 à 15% de dividendes auxquels il convient d’ajouter 40 à 45% d’intéressement ou de participation (puisqu’ils sont salariés)…Ils sont donc aussi capitalistes !

On notera une différence de taille. Le salarié-associé d’une SCOP dispose des mêmes droits que tous les salariés, en particulier la protection de l’assurance-chômage. Le mandataire social d’une entreprise ne peut y prétendre quand bien même il a un statut de salarié dans son entreprise…

La collaboration entre la CCI Saône-Doubs et « BFC Angels » poursuit un double but : rendre plus attractif le territoire comtois pour les entrepreneurs qui souhaitent s’y investir et donner la véritable image de l’économie réelle : des femmes et des hommes animés par la passion d’entreprendre, la volonté d’entraîner des équipes et le goût du risque.

Yves Quemeneur