Entre une dette colossale et des promesses utopiques…l’économie au coeur des législatives

Les problèmes économiques étaient totalement exclus du débat électoral. Toutes tendances politiques confondues, la classe politique entretient des illusions et promet aux Français des lendemains qui chantent…sans effort, ni travail.

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Compte tenu du niveau de la dette, heureusement que le ministère des finances est construit sur pilotis !

En septembre 2007, François Fillon alors Premier Ministre annonçait « Je suis à la tête d’un Etat en situation de faillite sur le plan financier ». À l’époque, l’endettement de la France était de 1 150 milliards d’euros, soit 64% du PIB.

A la fin de l’année 2023, la dette de la France dépasse 3 100 milliards d’euros et 110,6% de la richesse produite. Pourtant Emmanuel Macron ne parle que « des vertus de la croissance » en » renvoyant la baisse des dépenses publiques aux calendes grecques ». Et Bruno Lemaire de rester convaincu que la France maintient son objectif de revenir sous les 3% de déficit en 2027…Le déficit serait donc la norme alors que 93% de l’encours total de la dette est détenue par des non-résidents (contrairement à l’Italie qui a joué une dette importante mais détenue par des Italiens).

Le déficit du régime des retraites doublera d’ici 2030

Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a rendu son projet de rapport annuel. Malgré les innombrables recettes homéopathiques censées réduire le déficit, celui-ci devrait représenter 0,4% du PIB en 2030 contre 0,2% en 2023.

La retraite par répartition est-elle encore la solution ?

Le « Nouveau Front Populaire » (alliance de gauche pour les législatives) promet « la retraite à 60 ans à taux plein ». Le Rassemblement national, initialement sur la même position, annonce aujourd’hui ne pas remettre en question la réforme des retraites. La solution pourrait consister à introduire une part de retraite par capitalisation pour assurer la retraite des générations futures (cela existe déjà dans la fonction publique). Le budget consacré aux pensions de retraite atteint 337 milliards d’euros et celui des dépenses de santé dépasse 235 milliards d’euros.

Comment maintenir un tel niveau de protection sociale alors que l’endettement augmente, que la charge de la dette est devenu le premier poste de dépenses de l’Etat et que les dépenses augmentent (allongement de l’espérance de vie et coûts médicaux) ?

Un rappel des trois programmes en présence aux législatives

Côté majorité présidentielle…tout va bien ! « Nous avons tout réussi mais nous n’avons pas su le faire savoir » semblait dire Emmanuel Macron dans sa conférence de presse du 12 juin. Toutefois, la réforme des retraites n’est qu’une réforme paramétrique de plus. La réforme de l’assurance-chômage semble cibler les plus précaires et les seniors sans trouver les bonnes solutions pour baisser durablement le nombre de demandeurs d’emploi. En outre, Emmanuel Macron a privilégié les réformes sociétales…ce n’est pas ce qui remplit le frigo au quotidien !

Côté gauche « Nouveau Front Populaire », on rase gratis : au hasard, le SMIC à 1600€, c’est environ 2400€ payé par l’entreprise ! Combien de PME et de TPE sont capables d’absorber une telle masse salariale ? L’Allocation Autonomie Jeunesse à 1063€ (sur quel budget ? financé comment ?) Le blocage des prix sur les produits de première nécessité (au-delà du fait que cela ne soit pas possible juridiquement), quels produits sur quel blocage ? La cantine scolaire bio & gratuite (gratuite pour tous ou en fonction des revenus…ce qui pourrait supposer une forte augmentation pour les revenus moyens ?) Solution de ce « Nouveau Front Populaire » : prendre aux riches pour donner aux pauvres.

Enfin, côté Rassemblement National, le volet économique est le maillon faible d’un parti qui prône l’augmentation du pouvoir d’achat, sans en financer le premier euro. Première mesure : baisser la TVA sur les factures d’énergie de 20 à 5,5% (cela ne concerne pas les carburants). Une mesure qui pèserait plusieurs milliards d’euros pour les caisses de l’Etat. Supprimer les charges sociales sur les augmentations de salaires jusqu’à 10% pour les rémunérations inférieures à 5 000€/mois. Cela rappelle fichtrement l’exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires !

Troisième mesure : supprimer l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans ? Quel que soit le dit-revenu ? Une telle disposition se heurterait de toute façon à la Constitution qui impose l’égalité de tous devant l’impôt. Il paraît utopique, dans une situation de quasi-faillite des finances publiques, que les solutions préconisées par les uns et les autres, aient quelque chance de redonner du pouvoir d’achat aux Français. Pour l’instant, les créanciers (en majorité non-résidents en France) font encore confiance à la France. Mais pour combien de temps ?

Yves Quemeneur