À quoi joue le Président de la République ? Mercredi 22 mars, Emmanuel Macron réagissait à l’adoption de la réforme des retraites et à ses conséquences directes dans la rue. Une nouvelle fois, le Président est apparu déconnecté. Le chemin emprunté, pour l’adoption d’un texte aussi important, est bien constitutionnel. Il renforce tout autant le sentiment d’illégitimité envers ses opposants, comme le passage à l’antenne de ce mercredi.
Cette réforme n’a pas été votée par les députés, quoi qu’on en dise. La motion de censure contre le gouvernement, rejetée à 9 voix près à l’Assemblée nationale lundi 20 mars, n’était pas un vote pour ou contre la réforme. Ce vote, le gouvernement l’a refusé aux députés en utilisant l’article 49.3. Une décision guidée par un Président qui a expliqué n’avoir qu’un regret : celui « de ne pas avoir réussi à partager la nécessité de faire cette réforme. » Les approximations et mensonges (l’exemple des 1200 € de pension minimale, par exemple), le refus d’échanger avec l’intersyndicale, l’inégalité entre les hommes et femmes, les critères de pénibilité de la loi Touraine de 2013, démantelés depuis, n’auront effectivement pas aidé à partager cette nécessité.
Sur TF1 et France 2 ce mercredi 22 mars, le Président a même comparé les manifestants à des « factieux et des factions » ou encore à l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump, en janvier 2021. À l’intérieur des manifestations françaises pourtant, on trouve une majorité de soignants, professeurs ou d’employés du secteur industriel. Des « héros » il y a encore deux ans, en pleine crise sanitaire.
Ces mots ne peuvent réconcilier cette France qui exprime un « ras-le-bol » et celle qui ne voit pas ou ne veut pas voir le(s) problème(s). « Si les français étaient vraiment en colère, je n’aurais pas été réélu. », répond à cela le Président. A-t-il oublié qu’en 2022 face à lui, la plus populiste des candidates enregistrait 41,45% des suffrages exprimés ? Être prêt à « endosser l’impopularité » de cette réforme n’excuse pas tout.
M.S