L’invitée de la rédaction : Marion Roch présente son nouvel album, produit par Renaud

La jeune chanteuse à la voix rocailleuse et à l’énergie communicative creuse son sillon avec des textes engagés, émouvants, touchants. Une identité artistique qui touche le public et a même séduit un certain Renaud, producteur de son dernier album Au bout de ma table.

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Racontez-nous comment la musique a changé votre vie ?

J’ai commencé à écrire à l’adolescence, à une période où j’ai aussi découvert la musique, la guitare en particulier qui est devenue très vite pour moi une compagne inséparable. Et donc tout naturellement j’ai commencé à mettre des notes sur mes textes pour en faire des chansons. En parallèle bien sûr, j’ai poursuivi mes études puis travaillé en tant qu’éducatrice spécialisée sans jamais lâcher mon goût pour la chanson. Tout s’est enchainé très vite avec une première scène du côté de Maiche après seulement six mois de pratique et de répétition dans un garage…ce jour-là, j’avais proposé des reprises de Nirvana, un groupe qui comme son chanteur Kurt Cobain m’a beaucoup marquée. Ce premier concert a été un déclic et j’ai dès ce moment-là senti que ma vie passerait par la musique.

D’autres artistes vous ont également inspirée ?

J’ai beaucoup écouté les auteurs de chansons à textes comme Brel, Barbara, Aznavour, Goldmann ou encore Renaud par qui j’ai la chance d’être suivie depuis trois ans. Il est arrivé à un moment de mon parcours où je menais ma petite carrière dans de petites salles mais sans trop de visibilité. Il fallait franchir un palier et c’est grâce à mon papa qui a rencontré Renaud et son frère David Séchan à qui il a fait écouter mes chansons.

Est-ce que tout a changé depuis ?

Le fait qu’ils décident de me produire et donc de suivre l’évolution de ma carrière est déjà quelque chose d’extraordinaire. Artistiquement, c’est une rencontre formidable et humainement c’est très fort également. J’ai déjà vécu des moments incroyables avec lui qui resteront en moi toute ma vie. Il y a par exemple ce jour ce jour où j’étais à côté de lui et où on a entendu passer à la radio son titre Mistral Gagnant. Un vrai moment hors du temps. Faire plusieurs fois la première partie de ses concerts également, c’était juste un rêve et ça a été pour moi très émouvant. De nouvelles opportunités en ont aussi découlé puisque j’ai ensuite fait la première partie de Benjamin Biolay. Le plus gros changement pour moi est de pouvoir maintenant compter sur une structure solide et une façon de travailler plus professionnelle avec une équipe autour de moi dont un manager. Renaud quant à lui n’intervient pas directement mais je sais qu’au final, c’est lui qui valide.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

J’ai déjà la chance de faire ce que j’aime avec des gens que j’aime. Je fais mon chemin petit à petit et je sais qu’il est encore long et qu’il faut que je gagne en visibilité en étant plus présente dans les médias, en ayant des titres qui passent en radio ou en télé.

Vous avez souvent des paroles qui touchent le public. Parlez-nous de la Bête au ventre par exemple…

J’ai voulu raconter l’histoire vécue d’une jeune fille que j’ai croisé lorsque j’étais éducatrice spécialisée en foyer. Je l’avais amenée à un entretien pour un stage et la dame qui nous a reçues était dure voire méprisante. La jeune était forcément tendue, j’avais le sentiment qu’elle me demandait de retenir la bête qui avait en elle pour ne pas hurler pour que la personne en face arrête de lui parler comme ça. D’où ces mots comme un supplique qu’elle lui adressait intérieurement « Non madame, faut pas me parler comme ça madame… »

Ce titre fort, tout comme « Achille » font partie de votre dernier album « Au bout de ma table ». Une nouvelle étape ?

Achille, c’est une autre histoire, celle un petit garçon qui existe et qui est dans un Institut Médicoéducatif du Haut-Doubs. Quand je l’ai rencontré, il s’est mis à pleurer de joie et ça m’a donné envie d’aborder dans cette chanson le handicap sans drame et de manière positive. Ces deux titres font partie des dix chansons soigneusement choisies, coécrites avec Yoann Guillouzouic. C’est le fruit de quatre années de travail. J’ai aussi tenu à ce que ma région soit en bonne place. C’est le cas avec la photo de la pochette. Elle a été prise en Franche-Comté, au bout d’une table justement dans la cuisine de la ferme d’un monsieur de 80 ans qui a bien voulu nous ouvrir ses portes. C’était important pour moi de faire un clin d’œil à mes origines et aux valeurs qui me sont chères.