Haut-Doubs. Panorama de la pauvreté en Bourgogne Franche-Comté

A partir de 2024, le Pacte des Solidarités doit s’appuyer dans chaque territoire sur une connaissance aussi complète que possible des problématiques rencontrées par les personnes en situation de précarité. C’est dans ce cadre que l’INSEE a dressé dans chaque région un panorama des situations de pauvreté.

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La pauvreté monétaire moins présente et essentiellement urbaine en Bourgogne Franche-Comté

La pauvreté au sens monétaire en 2020, c’est vivre chaque mois avec moins de 1120€ pour une personne seule et moins de 2350€ pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

Elle s’établit à 12,8% des ménages dans la région contre 14,4% en moyenne sur la France métropolitaine.

Quelle que soit la classe d’âge ou la composition du ménage, les habitants de Bourgogne Franche-Comté sont moins exposés à la pauvreté. Elle se concentre toutefois plus qu’au niveau national dans les communes urbaines. Les départements de Côte-d’Or et du Jura sont plus préservés de la pauvreté que la Nièvre ou le Territoire de Belfort. Les jeunes adultes et les familles monoparentales sont plus exposés à la précarité.

Les mécanismes de redistribution réduisent sensiblement la pauvreté

Les prestations sociales entrent pour 35% du revenu disponible des ménages vivant sous le seuil de pauvreté. Elles apportent un soutien financier important à ces ménages.

En Bourgogne Franche-Comté, le taux de pauvreté avant redistribution était de 19,9% en 2020. Après redistribution, il tombe à 12,8%, soit 7,1 points en moins. Pour autant, faut-il s’en satisfaire ?

L’INSEE ressort six profils socio-économiques sensibles à la pauvreté

La précarité monétaire des ménages recouvre des situations économiques et familiales très diverses. L’âge, le lien à l’emploi et le statut de propriétaire ou locataire permettent d’identifier six profils représentatifs de la diversité des situations.

21% des ménages pauvres sont des retraités. Ils ont un revenu médian (par unité de consommation) de 969€/mois. Ce sont souvent des personnes seules vivant en zone rurale.

26% des personnes pauvres sont insérées dans l’emploi. Elles perçoivent un revenu médian de 1007€/mois. Ce sont plutôt des couples avec enfants résidant en périphérie rurale des grandes agglomérations.

8% des pauvres de moins de 30 ans ont un revenu de 815€/mois. Ces personnes plutôt seules résident dans le parc privé en territoire urbain dense.

11% des personnes pauvres sont toutefois propriétaires. Couples âgés de 40 à 50ans, on les trouve plutôt dans l’Yonne, la Nièvre et la Haute-Saône. Elles ont un revenu médian de 740€/mois.

13% des locataires du parc privé perçoivent un revenu moyen de 825€. Agés de 30 à 39ans, ils résident souvent seuls.

21% des ménages pauvres résident dans le parc de logements sociaux. Avec un revenu médian de 858€/mois, ce sont plus souvent des familles monoparentales habitant dans les quartiers prioritaires des grandes agglomérations.

D’autres fragilités renforcent l’exposition à la pauvreté

Les difficultés financières sont souvent associées à des facteurs sociaux aggravants. L’approche au niveau de chaque territoire permet d’apprécier la relation entre pauvreté monétaire et ces facteurs élargis. Certains sont liés directement à la pauvreté, d’autres plus contextuels. Un territoire peut connaître une situation particulièrement défavorable sur le marché du travail (absence d’entreprises). Le faible niveau de formation initiale est parfois en lien avec une situation familiale plus délicate. Les difficultés liées à l’accès au logement, à l’accès aux soins, à la mobilité ou à l’éloignement des services publics aggravent la situation financière de ces ménages en précarité.

Une analyse fine et territorialisée

Elle permet une meilleure compréhension des problématiques et leurs interactions. L’INSEE, en proposant des données régionales, départementales mais surtout locales au niveau des EPCI, offrent aux décideurs publics des moyens élargis d’intervention, au-delà du simple angle monétaire de la pauvreté.

Toutefois, le seuil de pauvreté, tel que défini au plan national, n’a pas le même effet en matière de pouvoir d’achat disponible, selon que l’on habite en zone rurale (moindre coût du logement, alimentation à proximité mais besoin de mobilité individuel…) ou en zone urbaine dense (coût des loyers ou du logement mais offre économique de transports en commun…)

Il ressort enfin de cette étude qu’une solution durable et acceptable est de réduire la part des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages, grâce à une meilleure insertion professionnelle et une meilleure rémunération du travail. Réduire la pauvreté, en privilégiant le travail, permettre aux entreprises de mieux rémunérer leurs collaborateurs, développer l’investissement pour développer l’emploi.

Yves Quemeneur