Philippe Patton, président de France ADOT 25

L’Association pour le Don d’Organes et de Tissus (ADOT) du Doubs poursuit son incessant travail pour convaincre que ce geste au-delà de la mort peut sauver des vies. Il y a la loi bien sûr mais aussi la volonté de chacun, à faire connaître au maximum à son entourage.

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N’hésitez pas à faire connaitre votre décision au conjoint, aux parents, aux enfants, aux frères et sœurs… et sachez pour eux ! Ça ne fait pas mourir plus vite !

Quelle est la situation en France ?

Chaque année dans notre pays, près de 500 personnes décèdent faute d’une greffe qui n’est pas arrivée à temps. On est même monté à 900 pendant la pandémie. C’est une cause qu’il faut sans arrêt rappeler à tous tant le sujet est tabou alors que le don d’organes est bien souvent la dernière chance de sauver une vie. C’est en effet bien de cela qu’il s’agit : sauver plus d’êtres humains puisque nous sommes tous des donneurs potentiels, par nature d’abord, mais aussi par la loi.

Que dit la loi justement ?

Si vous ne faites pas savoir que vous n’êtes pas donneur, ça veut dire que vous êtes d’accord pour l’être au moment de votre décès si les circonstances le permettent. C’est le principe de consentement présumé édicté par la loi bioéthique en France. Mais bien entendu, vous pouvez aussi faire connaitre votre refus en vous inscrivant sur le Registre National des Refus. Si une personne n’y est pas inscrite, les équipes médicales interrogent aussi l’entourage. C’est un moment pénible qui peut être atténué si les intentions sont connues.

Alors comment faire ?

Il est important de se positionner clairement sur le sujet pour que les proches ne se retrouvent pas dans l’embarras au moment du décès ou qu’ils réagissent en fonction de leurs propres sentiments et non selon ce que voulait le défunt. Situation malheureusement compréhensible car le deuil est un moment où l’on est naturellement fragilisé et vulnérable. Il ne faut cependant pas pour autant perdre de vue les convictions de la personne décédée. Prendre sa carte vers notre association est une solution. Être clair avec son entourage en est une autre : N’hésitez pas à faire connaitre votre décision au conjoint, aux parents, aux enfants, aux frères et sœurs… et sachez pour eux !  Ça ne fait pas mourir plus vite !

Quel rôle peut jouer votre association ?

On doit faire avancer les connaissances en matière de don d’organes en dédramatisant par exemple la notion de prélèvement après la mort. On parle d’actes chirurgicaux réalisés avec le plus grand soin et un total respect du défunt, ce qui signifie que l’apparence externe est respectée lorsque le corps est rendu à la famille pour les obsèques.

Et on éclaire aussi sur les aspects sociaux et légaux. Toutes les grandes religions approuvent unanimement le don d’organes comme une façon d’aider son prochain, même au moment de la mort. Il faut aussi savoir que le receveur est choisi sur une liste d’attente nationale selon un protocole strict encadré par la loi en fonction de critères de compatibilité et de l’urgence de la situation. L’anonymat est une autre règle importante. Le receveur ne sait pas qui a été donneur et réciproquement. Le don reste ainsi un acte de pure générosité.

Qui peut être donneur ?

Le prélèvement est possible à tous les âges, ce qui surprend très souvent : un enfant, comme un grand-père, peut sauver plusieurs personnes le jour de son décès. C’est l’état physiologique de l’organe le jour du décès qui fait qu’il sera prélevé ou non : votre état de santé du moment n’est pas une bonne raison de vous opposer. Aujourd’hui en France on peut prélever des cœurs et des poumons jusqu’à 60 ou 70 ans, des reins jusqu’à 80 ans, des foies et des cornées jusqu’à … 90 ans et plus ! Chacun est donc donneur potentiel et peut aussi fièrement l’affirmer de son vivant.