Depuis 12 ans, la Fédération Commerce Grand Pontarlier a lancé ses chèques cadeaux. Une démarche commerciale pour avantager et fidéliser les clients tout en dynamisant les quatre secteurs d’activités (Le Village de Doubs, la Zone des Grands Planchants, le Village de Houtaud et le Commerce Pontarlier Centre). 250 enseignes acceptent aujourd’hui ce moyen de paiement et sa récente dématérialisation a relancé l’épineux débat de l’unique chèque cadeau.
« Nous travaillons ensemble tout en étant concurrent »
Car cette offre commerciale a d’abord été lancée par Commerce Pontarlier Centre (CPC) dans la capitale du Haut-Doubs. Les magasins du centre-ville ont « leur » chèque cadeau depuis plus de vingt ans. Denis Gérôme, président de la FCGP, milite pour « fusionner » les deux promotions.
L’association du centre-ville refuse : « Nos relations sont bonnes avec la Fédération, il y a un vrai échange mais notre rôle est de protéger les boutiques du centre-ville pour conserver une vie autour. En fusionnant, on perdrait des revenus conséquents. Il ne faut pas être hypocrite, nous travaillons tous ensemble tout en étant concurrent. Dans ce dossier je n’ai pas de solution miracle, j’ai demandé à la FCGP de m’en donner une, ils ne l’ont pas non plus. Pour l’instant tout est figé, ça ne sert à rien d’allumer la mèche tout le temps », confie Philippe Jeanmonnot, président de CPC, qui assiste à toutes les réunions mensuelles de la fédération.
« Seulement 20% des chèques cadeaux de la Fédération reviennent chez nous »
Pour argumenter sa volonté, Denis Gérôme s’appuie sur ses chiffres et « du bon sens » (Article Hebdo25 du 2 octobre 2022) « Nous avons 120 commerces adhérents au centre-ville et les chèques cadeaux génèrent 255 542 € là-bas. Proportionnellement par rapport au chiffre d’affaires de ce secteur, nous avons un impact plus important qu’ailleurs. […] Avec deux types d’offres les consommateurs ne comprennent pas, les commerçants s’emmêlent et tout le monde est perdant ! »
Un résultat que nuance le centre-ville : « A titre d’exemple, si la Fédération fait opération à 100 000€ de chèques cadeaux, on ne récupère que 20%. Quand CPC fait la même opération, la totalité des retombées est chez nous. », poursuit Béatrice Saillard, chargée de mission pour Commerce Pontarlier Centre. « L’an dernier nous avions organisé un jeu concours, Remporte ta vitrine, avec la Zone des Grands Planchants. Nous n’avons pas eu besoin de la Fédération. »
« C’est surement plus un problème de vision que de fond »
Du côté des élus, Bertrand Guinchard tempère et donne une piste de développement. « On entend parler de cette polémique depuis des années. Les deux entités ont réfléchi à la dématérialisation chacune de leur côté et nous ont interpellés. L’idée aurait pu fonctionner si les deux avaient démarché le même fournisseur de chèques cadeaux dématérialisés. Un seul fonctionnement, tout en gardant une spécificité au centre-ville et c’est totalement normal pour CPC de garder son offre. L’attractivité du centre est essentielle. […] Entre CPC et la Fédération, c’est d’abord un problème de vision plus que de fond. »
Le débat n’en reste pas moins ouvert : les chèques cadeaux ont été l’un des leviers économiques plébiscités par les entreprises en période de crise sanitaire. Deux offres, un même concept pour une petite ville moyenne dont le ratio de surface commerciale par personne est proche de celui d’une métropole de 100 000 habitants.
M.S