« Un DOB et donc un excès budgétaire qui s’inscrit dans un cadre particulièrement instable, imprécis, qui n’est pas simple pour pouvoir se projeter ». Ce sont par ces mots que Patrick Genre, maire de Pontarlier, pose le contexte pour son dernier débat d’orientation budgétaire lors du conseil municipal du 17 mars.
Entre 7 et 9M€ d’investissement malgré un contexte difficile
L’édile a d’abord rappelé le contexte géopolitique international qui a « des répercussions très directes sur notre activité économique mais également sur les arbitrages budgétaires et financiers qui ont déjà été réalisés ou qui le seront dans les prochaines semaines, ou mois ». Il a indiqué que les ratios au niveau national sont fragiles impactant les collectivités locales où « chacune et chacun [doit] contribuer au redressement des comptes de la nation », avant d’évoquer les résultats financiers de la Ville en 2024 avec « un résultat de clôture qui reste bénéficiaire, de +4,8 M€. Ça reste largement excédentaire. C’est une très bonne chose, même si c’est dû essentiellement au report des exercices précédents. On voit qu’on a perdu 1M€ entre 2023 et 2024. Cet effet ciseau entre les recettes et les dépenses de fonctionnement s’est accentué en 2024 », nuance Patrick Genre.
« La collectivité a une bonne trésorerie donc nous n’avons pas eu besoin de tirer un emprunt en 2024. Nous n’avons pas de charges financières supplémentaires », précise l’édile. Il reste plus d’1,7M€ d’autofinancement 2024 à disposition du budget 2025. « Nous ne baisserons pas les subventions aux associations et au CCAS ». Le maire appelle à une vigilance particulière mais malgré cela, la Ville prévoit sa capacité d’investissements nouveaux entre 7 et 9M€ pour 2025. « Cela prouve quand même le dynamisme, la volonté de la collectivité malgré un contexte difficile de continuer à investir et à doter la Ville de structures qui lui permettent d’exister dans le Haut-Doubs et dans le département ».
Vers une « banqueroute » dans six ans ?
« Sur les dix dernières années, l’effet ciseau est observé sept fois, c’est-à-dire que lors de sept années sur dix depuis 2015, les dépenses réelles de fonctionnement ont augmenté plus fortement que les recettes. Nous sommes dans un cycle pervers, nous le disons avec gravité. Ce n’est pas encore la banqueroute, mais ça l’annonce. S’il n’y a pas de mesures particulières prises, dans six ans, la Ville ne peut plus investir », a dénoncé Gérard Voinnet, membre de l’opposition.
« Vous avez raison sur le constat de cet effet ciseau, mais sur la structure de fonctionnement, qu’est-ce que je supprime ? Les ATSEM, la piscine, la bibliothèque, le personnel du pôle citoyenneté, les policiers municipaux ? On distribue presque 1,3M€ de subventions aux associations. Je fais quoi, -20% ? Ça m’économise 1M sur quatre ans. On s’y refuse pour l’instant », a répondu Patrick Genre.
« Une vraie question pour les prochaines municipales »
Julien Toulet, autre voix de l’opposition s’est joint au débat : « Il y a une trajectoire qu’on a depuis dix ans, qui est catastrophique pour la collectivité. La question est “Est-ce que depuis 5 ans, on a redressé ça ?”. La réponse est nette, c’est non. Des leviers, il y en a, effectivement sur l’économie d’énergie, mais aussi des leviers en créant et en rénovant des bâtiments, et peut-être en faisant des régies immobilières. On a la maison Chevalier qui est inhabitée depuis 20 ans. On gèle la taxe foncière, on choisit de ne pas avoir de recettes de stationnement. C’est une vraie question pour les prochaines municipales, dans six ans on a un mur. Tout ne dépend pas de nous (hausse du point d’indice, de l’énergie, ancienneté des agents, baisses de dotation…, ndlr) mais il y en a quand même une grosse partie ».
Pour l’adjoint à l’Économie, Bertrand Guinchard, « on peut aussi voir le verre à moitié plein, dire qu’on a réussi malgré tout ce qui nous est tombé dessus – crise sanitaire, énergétique au niveau national – à préserver cette capacité de financement et d’investissement. Le choix politique est d’essayer de continuer à porter un maximum de services à la population, de permettre aux Pontissaliens de ne pas ressentir ce désengagement de l’État. Beaucoup de collectivités aimeraient être à notre place et pouvoir prévoir entre 7 et 9M€ d’investissement pour l’année à venir ».